Des breachs, des entrevues, des conférences et des carcasses : l’été le plus palpitant pour une passionnée de baleines! J’ai eu la grande chance de pouvoir trouver un emploi dans un domaine qui me passionne depuis la fin de mes études. Je savais que ce travail à la boutique et à la rédaction avec l’équipe du GREMM me permettrait d’en apprendre davantage sur les baleines, mais je n’aurais jamais imaginé à quel point j’allais acquérir d’expérience de première main. En quelques mois de travail, j’ai eu plus d’émerveillement que jamais.

Les débuts

À peine deux semaines après le début de notre travail et alors que nous étions encore en formation, nous avons appris qu’un béluga échoué, qui avait été récupéré par le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) arrivait à la Ferme 5 Étoiles, où il sera préparé pour intégrer l’exposition du Centre d’interprétation des mammifères marins (CIMM), à Tadoussac. Nous avons été invités à nous rendre à la ferme pour le voir et, bien sûr, nous avons été nombreux et nombreuses à sauter sur l’occasion.

Lorsque nous sommes arrivés à la ferme, Méduline, intervenante du RQUMM, était en train de décharger la carcasse du malheureux béluga. Une odeur forte se dégageait de la carcasse. Le béluga avait été nécropsié la veille par l’équipe des vétérinaires du CQSAS (Centre québécois sur la santé des animaux sauvages). Le squelette de cet individu a été récupéré par le GREMM afin d’être exposé au CIMM. En effet, cet individu possède une particularité exceptionnelle : une scoliose sévère.  L’accueil à Tadoussac a été inoubliable.

À la rencontre de mes héros

Le proverbe dit généralement « ne jamais rencontrer ses héros », mais quand vos héros sont des gens ordinaires qui font tout leur possible pour sauver des baleines, je pense que vous pouvez faire une exception. Pour ma part, j’ai eu la chance de rencontrer Mackie Greene et Moira Brown de l’équipe de sauvetage du Campobello Whale Rescue Team.

Après qu’une opération de sauvetage d’une baleine noire dans l’estuaire du Saint-Laurent ait eu lieu, je me suis lancé dans la rédaction de deux articles sur le dépêtrement des baleines et leurs nouveaux défis. Patrick Weldon, responsable des interventions du RQUMM, m’a mis en contact avec l’équipe de Campobello pour mes articles. Ce sont des gens incroyables, des mines d’or d’informations, qui m’ont vraiment aidé à éclairer mes articles. J’ai dit en plaisantant à mes amis que j’écouterais les enregistrements des entrevues tous les jours, comme un podcast inspirant. Si seulement je n’avais pas à écouter ma propre voix!

Une rencontre incroyable

Un matin d’aout, j’ai pu rejoindre l’équipe de recherche du GREMM, composée de Timothée, Stéphanie et Laurence, alors qu’ils partaient sur l’eau sur le BpJam à la recherche de grands rorquals. À peine le soleil s’est-il levé que nous avons trouvé notre première baleine de la journée. Flottant à la surface de l’eau, presque immobile, le rorqual à bosse H919 billotait. Il était si paisible et pourtant incroyablement imposant. J’ai à peine vu son dos, et pourtant la partie émergée de la baleine faisait pratiquement la taille de notre petit bateau.

Alors que nous approchions de notre prochain arrêt, nous les avons vus. L’un après l’autre, les rorquals à bosse Katana, Gaspar, H857 et H943 sont remontés à la surface pour prendre de l’air et, à chaque respiration, le paysage résonnait de bruit de coups de feu sur un champ de bataille. Le son de leurs respirations résonnait contre les rochers environnants, transformant le paysage autrement silencieux en une symphonie de tambours. Puis, aussi rapidement qu’ils étaient apparus, ils ont disparu dans l’eau.

Plus tard, en suivant le rorqual à bosse Irisept, nous sommes tombés sur un autre géant endormi. Il dormait dans une sorte de position de banane, ce qui le rendait impossible à identifier. Laurence a dit en plaisantant que dès que nous partirions, il se réveillerait. Elle avait raison. C’est au moment où nous abandonnions que la baleine s’est retournée sur elle-même. Le temps nécessaire pour renvoyer le drone dans les airs, le rorqual à bosse s’était rendormi.

Alors que nous commencions à repartir, il a pris une grande inspiration et a plongé. La pression pour remettre le drone en l’air était forte. Nous avons à peine eu le temps de positionner le bateau que la baleine a sauté dans l’air! Pas une fois, pas deux fois, Siam a breaché un total de SEPT FOIS! Entre les sauts, il se tournait sur le côté et sur le dos et commençait à donner des coups de nageoires pectorales sur l’eau. Je n’arrivais pas à croire ce que je voyais. Je pouvais à peine prendre une photo claire tellement je tremblais. En rejouant mes vidéos, j’ai même pu entendre son chant. Stéphanie, qui en était à sa dernière journée de travail de la saison, a dit que Siam savait qu’elle partait et qu’il lui avait fait le plus beau cadeau d’adieu.

De retour sur la terre ferme, la journée n’était pas terminée. Le soir, j’ai pu assister à une présentation de Pierre-Henry Fontaine, un biologiste à la retraite qui a écrit ce que certains de mes collègues appellent la Bible des baleines. Il a fait une présentation incroyable sur l’apnée et a même signé nos livres et répondu à toutes nos questions.

Comment s'en sortir avec une carcasse

Combien de personnes peuvent dire que leur patron leur a envoyé un message pour annoncer l’arrivée d’une carcasse de baleine et la possibilité d’aller la voir? En fin septembre, Méduline est allée récupérer un globicéphale noir de l’Atlantique Nord qui s’était échoué à Port-Cartier. Il a été apporté sur la remorque du RQUMM, où nous avons eu la chance d’aller le voir. Si ce n’était pas pour l’odeur que le vent emportait à nos nez, on aurait à peine pu dire qu’il était mort. Outre quelques trous, la carcasse était en très bonne état .

En plus du globicéphale, Méduline devait apporter un phoque gris récolté plus tôt dans la saison et conservé dans un congélateur en attendant d’être acheminé aux vétérinaires de Saint-Hyacinthe pour une nécropsie. C’est ainsi que le lendemain matin, à 7h30, j’ai appris à déplacer une carcasse. Soulever un énorme phoque gris congelé et le placer près du globicéphale en décomposition, qui sentait pire que la veille, demande beaucoup de force et un estomac solide. Ce n’était pas facile de garder mon petit-déjeuner.

Les mille et une autres histoires

Visionnage de documentaires, invitation à des activités d’autres entreprises, avant-premières de projets futurs, visite du bureau des garde-côtes sont autant de choses que je n’avais pas inscrites sur ma carte de Bingo 2024. Dans les prochaines semaines, nous avons encore d’autres conférences prévues, une visite des bureaux de recherche et j’aurai même la chance de nettoyer les os d’une baleine à bec! Ce fut vraiment un été inoubliable.

Carnet de terrain - 27/2/2025

Yael Medav

Yael Medav est une rédactrice au GREMM depuis le début de la saison 2024. Elle vient de finir son baccalauréat en biologie de la faune à l’université de McGill. Elle est fascinée par les baleines et espère voir une baleine noire cet été!

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