La lumière sur les baleines noires

Il y a environ 30 ans, Moira Brown enseignait l’éducation physique dans des écoles du West Island, à Montréal, et l’idée de poursuivre un jour une carrière de recherche sur les baleines n’avait même jamais effleuré son esprit. Après quatre ans dans ce domaine, elle s’est retrouvée à nouveau sur les bancs d’école en ressources renouvelables à l’Université McGill. Elle a ensuite travaillé comme assistante de recherche pour Pêches et Océans Canada (MPO) sur un projet concernant l’historique de la chasse à la baleine en Arctique. En 1985, elle a donné de son temps au New England Aquarium pour un projet concernant les baleines noires de l’Atlantique Nord dans la baie de Fundy; c’était là le commencement d’une longue carrière dédiée à la recherche et la conservation de cette espèce menacée.

Dix ans après son premier contact avec les baleines, Moira Brown a obtenu son doctorat à l’Université de Guelph en Ontario. Elle a ensuite travaillé pendant trois ans au College of the Atlantic, à Bar Harbor au Maine, puis sept ans pour le Center for Coastal Studies, à Princetown au Massachusetts. Cet organisme est dédié à la conservation des mammifères marins et des écosystèmes océaniques; elle y a occupé le poste de Directeur du programme de recherche sur la baleine noire. Depuis 2004, elle détient le titre de scientifique senior au New England Aquarium, à Boston au Massachusetts.

Même si Moira Brown a laissé derrière elle une carrière en éducation physique, son côté actif transparaît toujours dans son travail : elle participe à toutes les étapes des projets sur lesquels elle travaille, des travaux de terrain à la rédaction de publications en passant par l’analyse des données. Elle a même suivi des cours de plongée avancés dans le but d’aller récupérer des vestiges d’ossements de baleines datant du 16e siècle dans un port de Red Bay, au Labrador. Elle a aussi travaillé en collaboration avec plusieurs autres intervenants pour la réalisation de mesures de conservation pour la baleine noire de l’Atlantique Nord. Elle a été l’instigatrice de deux mesures parmi les plus importantes pour la protection de la baleine noire au Canada : la première étant le détournement d’une voie de navigation commerciale majeure dans la baie de Fundy, une mesure adoptée en 2003. Les voies de navigation ont été relocalisées dans des secteurs où la densité de baleines noires étaient moindre. La seconde fut la désignation du bassin Roseway (Nouvelle-Écosse) comme une voie maritime à éviter sur une base saisonnière pour les navires de 300 tonneaux ou plus. Ce bassin, situé à environ trente milles marins au sud de l’île du cap de Sable en Nouvelle-Écosse, est l’une des deux seules régions connues où de nombreuses baleines noires de l’Atlantique Nord se rassemblent sur une base saisonnière dans les eaux canadiennes pour la reproduction et l’alimentation. Ces deux mesures de conservation ont été sanctionné par l’Organisation marine internationale et récompensées par le Gulf of Maine Visionary Award (2002), le Canadian Environment Award (2003), a Lifetime Achievement Award from the International Fund for Animal Welfare (2006) et le Environmental Stewardship Award Bay of Fundy Ecosystem Partnership (2009). Ces mesures sont les résultats d’un processus s’échelonnant sur plusieurs années et regroupant tous les acteurs du milieu de la navigation marchande.

Au fil des ans, Moira Brown a développé une véritable passion pour la baleine noire de l’Atlantique Nord ainsi que chacun des aspects de son histoire et de sa biologie. Des baleines noires sont observées au large de Percé à chaque année depuis le milieu des années 1990. On y a observé des femelles et des jeunes. Moira Brown et les autres chercheurs de la région sont curieux de savoir le rôle que le Saint-Laurent joue dans la vie de ces baleines menacées.