Des dauphins à flancs blancs par centaine, des rorquals communs en groupe de dix, des rorquals à bosse exubérants : les observateurs de la Gaspésie en ont eu plein les yeux ces derniers jours, quand le brouillard n’y était pas.
Le 25 juillet, une observatrice prend le large en fin de journée, avec cette impression d’atteindre le bout du monde, comme est surnommé le cap Gaspé. Devant elle, l’horizon à parte de vue. Soudain, la surface est fendue par une nageoire tranchante. Rien à voir avec la forme en faucille de la dorsale du petit rorqual ou la forme triangulaire du marsouin commun. Une autre nageoire fend les flots. Cette fois, elle reconnait bien l’espèce: des thons rouges de l’Atlantique! Ils doivent avoir trouvé des petits poissons sur lesquels se nourrir, parce qu’ils sont bientôt rejoints par des dauphins à flancs blancs. Le buffet n’intéresse pas que les animaux à dents. Les baleines à fanons se joignent au festin. Cinq ou six rorquals communs profitent de la manne tandis que plus au large, un rorqual à bosse claque de la queue et de la nageoire pectorale à la surface. Est-ce une façon d’appeler ses congénères vers les bancs de poissons nourriciers? C’est possible!
À Baie-des-Sables, en Gaspésie, un attroupement se forme sur le quai le 26 juillet en soirée. Un résident décide d’aller voir ce qui s’y trame. Un homme lui pointe le large: un mouvement de frisson trouble la surface. Le résident prend ses jumelles pour mieux voir. Un grand banc de petits poissons ressemblant à des éperlans se fait pourchasser par de plus gros poissons. Il croit reconnaitre des bars rayés. Très vite, un petit rorqual s’approche. Un deuxième le rejoint et fonce directement dans le banc. Le bouillonnement en surface disparait. Sous l’eau, la chasse doit être féroce! Puis, un dauphin bondit au milieu du festin. Les observateurs profitent des éclaboussures de cette partie de chasse pendant une heure, tandis que le soleil teinte le ciel.
Petit rorqual ou rorqual commun?
De l’autre côté du fleuve, un observateur se demande s’il observe un petit rorqual ou un rorqual commun au large de Franquelin. «De loin, je trouve ça facile, mais quand les baleines sortent près d’un mon bateau, je les trouve tellement immenses!»
Certains éléments peuvent aider à différencier ces deux espèces. L’apparition du petit rorqual à la surface ne dure qu’une à deux secondes, tandis que le passage à la surface d’un rorqual commun sera un peu plus long. L’évent du rorqual commun est bien protubérant tandis que celui du petit rorqual a peu de relief par rapport au dos. De plus, le souffle du petit rorqual est généralement invisible et bruyant, tandis que celui du rorqual commun est bien visible et surtout très très sonore.
Abondance sur la Côte-Nord
Le 23 juillet, près de l’ile du Grand Caoui au large de Port-Cartier, Jacques Gélineau effectue de la photo-identification. Cette journée-là, il repère deux rorquals bleus, trois petits rorquals, un rorqual à bosse, des phoques gris et des marsouins communs. Après des semaines très tranquilles dans ce secteur, c’est réjouissant de voir autant de vie. Le 26 juillet, il identifie aussi deux rorquals bleus, B033 et B058.
Dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, quand le brouillard se dissipe, les observations abondent. Les rorquals communs et les rorquals à bosse sont présents en grand nombre, tout comme les petits rorquals et les marsouins communs. Pour avoir un aperçu des individus présents dans le secteur, consultez le carnet de terrain de Timothée Perrero, assistant de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins.
De la Guadeloupe au Saint-Laurent
Les photos sur les réseaux sociaux donnent parfois lieu à des identifications qui permettent d’ajouter une page dans l’histoire de vie des baleines. Le rorqual à bosse H930 nage ces derniers jours dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Mais en mars 2020, il a été photographié au large de la Guadeloupe par Ommag Guadeloupe! Les rorquals à bosse qui fréquentent le Saint-Laurent passent habituellement l’hiver du côté de la République dominicaine. C’est donc une identification franchement intéressante.
Bravo à toutes les personnes impliquées dans ce «match», dont Renaud Pintiaux, collaborateur de Baleines en direct et personne ayant soumis la photo et Mathieu Marzelière, assistant de recherche du GREMM.
H930 est le numéro donné pour cet individu dans le catalogue des rorquals à bosse du Saint-Laurent, géré par la Station de recherche des iles Mingan. Il n’existe pas, pour le moment, de catalogue uniformisé pour les rorquals à bosse de l’Atlantique Nord.
Où sont les baleines cette semaine? Voilà ce que nos collaborateurs et collaboratrices ont vu!
Ces observations donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
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