Avec le retour du temps doux, kayakistes et plaisanciers prennent le large pour aller à la pêche, profiter de l’air salin ou encore sentir le roulis des vagues sous eux. Et parfois, une baleine ou un phoque vient agrémenter la sortie.
Des baleines pour la recherche
La chercheuse Anik Boileau, directrice du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles, met son bateau de recherche à l’eau le 7 juin. Sa première sortie lui permet de photographier huit rorquals communs et deux rorquals à bosse au large de Sept-Îles.
Jacques Gélineau, lui, photographie deux rorquals bleus connus depuis plus de 30 ans par l’équipe de la Station de recherche des iles Mingan au large de Sept-Îles. Est-ce pour autant de vieilles baleines? Difficile à dire, puisqu’un rorqual bleu peut vivre jusqu’à 80 ans environ, comme un humain, finalement! Jacques photographie aussi trois rorquals à bosse, dont une paire mère-veau au large de Port-Cartier. Chez les rorquals à bosse, la relation mère-baleineau n’est pas de longue durée. L’allaitement dure environ 8 mois, et la séparation se fait au cours de l’été habituellement.
De retour à quai, Jacques Gélineau observe jusqu’à six petits rorquals s’alimentant près de la côte dans un diamètre de 500 mètres! «Ils viennent parfois aussi près qu’à 200 mètres de la rive.» Par contre, il regrette de voir autant de motomarines naviguer à toute vitesse les faire fuir. «Je me demande même si leur présence peut avoir un impact sur les marsouins. Trois se sont échoués vivant cette semaine. Je trouve ça inquiétant.»
Un petit rorqual à la pêche
Le printemps arrive toujours plus tard en Basse-Côte-Nord et notre observateur le plus au nord nous écrit le 7 juin, après sa première sortie de pêche en mer. Au large de La Tabatière, il a croisé la route d’un petit rorqual en pleine séance d’alimentation. «Il y a beaucoup de lançon près de la côte», constate-t-il. Or le lançon est une proie de choix pour plusieurs espèces, dont les petits rorquals et les rorquals à bosse.
Des bélugas en traversier
Le 2 juin, l’assistant de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins Mathieu Marzelière attend le traversier qui relie Rivière-du-Loup à Saint-Siméon. Près du quai, un troupeau de sept bélugas semble s’alimenter : crachat, nage en surface, goélands qui plongent autour des bélugas, et même un cormoran qui ramène un petit poisson ressemblant à un hareng. Puis, à bord du traversier, il repère un troupeau de 15 à 20 bélugas près de l’ile au Lièvre. «J’ai vraiment hésité entre m’essayer à pêcher ce que les bélugas ont l’air de chasser ou m’essayer à photographier les marques des bélugas pour faire de la photo-identification! J’ai choisi l’option Kodak.» On ne sort pas le chercheur de l’homme, même en congé!
Des souffles dans la cuisine
À Newport, en Gaspésie, une riveraine repère enfin les premiers souffles de rorqual à partir de sa cuisine le 5 juin. Du côté de Cap-des-Rosiers, une Gaspésienne s’exclame devant la beauté d’un rorqual à bosse sous un arc-en-ciel. Le lendemain, cinq petits rorquals nagent devant sa maison, entre un et trois milles nautiques de la côte.
Le 10 juin, ça souffle de partout en Gaspésie. Du côté de Cap-des-Rosiers, un propriétaire de compagnie d’excursion d’observation des baleines repère avec joie cinq grands panaches. À l’Anse-aux-Griffons, les souffles se comptent plutôt par dizaines! Qui rejette ces jets d’air chaud? Les baleines sont trop au large pour en identifier la ou les espèces.
Des bélugas et des phoques près des rochers
Que ce soit à partir des rochers à Essipit, à la baie Sainte-Marguerite à Sacré-Coeur, à la pointe de l’Islet à Tadoussac, ou encore aux Grandes Bergeronnes, de nombreux petits rorquals, bélugas et phoques du Groenland font le plaisir des personnes attentives au large. À Havre-Saint-Pierre, ce sont les petits rorquals qui font le pain quotidien de notre observatrice.
Le 7 juin, notre collaborateur Renaud Pintiaux photographie Néo devant Les Bergeronnes. Le béluga est en pleine séance de «billotage». On surnomme le repos des baleines ainsi, en référence à leur position stable en surface, les faisant passer pour de gros billots de bois flottant. Chez les baleines, la question du sommeil est bien intrigante. La plupart des études sur le sommeil ont été faites sur des baleines à dents en captivité. Ainsi, on a pu voir que chez les dauphins, le repos se fait un hémisphère du cerveau à la fois, question de ne pas oublier de respirer!