Le Saint-Laurent est reconnu pour ses eaux riches et sa grande production de phytoplancton, la base de la chaine alimentaire. Cette haute productivité primaire est due au phénomène de la remontée des eaux profondes qui se produit à la tête du chenal laurentien. Les eaux profondes sont entrainées à contrecourant depuis l’Atlantique vers le golfe du Saint-Laurent et la Gaspésie, poussées en surface par le courant de Gaspé.

Ce phénomène, appelé « upwelling », est caractérisé par la remontée des eaux profondes et froides vers la surface de l’eau. Ces eaux, souvent riches en matière organique décomposée, agissent comme engrais pour les algues microscopiques, le phytoplancton. Grâce à la lumière du Soleil accessible en surface et à cet apport en nutriments, elles serviront ensuite d’un premier maillon qui transformera les eaux de surface en un énorme garde-manger pour la faune marine: zooplancton, poissons, oiseaux marins, phoques, baleines, etc.

Le phénomène de remontée d’eau peut survenir à différents endroits dans les océans, à la fois en haute mer et près des côtes. Ce phénomène explique, entre autres, la haute productivité de la côte ouest des États-Unis. Dans cette région, le vent qui souffle du nord vers le sud pousse l’eau de surface vers la droite sous l’effet de Coriolis. Les eaux plus profondes sont donc entrainées vers le haut pour remplacer les eaux de surface, amenant avec elles des nutriments venant des profondeurs sous-marines. La remontée des eaux profondes peut aussi survenir dû à la topographie particulière d’un site, un obstacle sous-marin par exemple. C’est le cas du Saint-Laurent. Le haut-fond situé à la tête du chenal laurentien, à la hauteur de Tadoussac, où se trouve le célèbre phare du haut-fond Prince, force l’eau profonde à remonter en surface sous l’action des marées. Les eaux profondes peuvent aussi remonter en surface sous l’action de grands vents au large de l’océan, du passage d’un cyclone tropical ou de tourbillons dans les courants marins.

Bien que les zones de remontée d’eau profonde ne représentent qu’environ 5 % de la superficie totale des océans, ces zones très productives approvisionnent plus ou moins 50 % des captures de pêche mondiales.

Pour en savoir plus:

Sur le site de la NOAA : What is upwelling?

Les baleines en questions - 24/10/2016

Camille Bégin Marchand

Camille Bégin Marchand a travaillé au GREMM de 2013 à 2018. Elle a commencé comme naturaliste au Centre d’interprétation des mammifères marins, mais son intérêt pour l’écriture scientifique l’a menée à travailler comme rédactrice pour Baleines en direct. Passionnée par la biologie et amoureuse de la région, elle fait aussi une maitrise en sciences de la forêt en collaboration avec l’Observatoire d’Oiseaux de Tadoussac.

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