Une vidéo d’un béluga prenant un goéland dans sa bouche, le suivant et tentant même d’interagir avec lui à l’aide d’un poisson circule sur le Web. Clairement, le béluga n’est pas en train de chasser le goéland. Aux dires du propriétaire de la vidéo, il s’agit du béluga Hvladimir. Ce béluga a été observé par des pêcheurs norvégiens en avril portant un harnais marqué «Equipment of St. Petersburg» et pourrait avoir été entrainé par l’armée russe. Depuis, ce béluga traine dans les ports norvégiens. Quelques semaines plus tard, un béluga a aussi été filmé récupérant un cellulaire tombant à l’eau et le redonnant à sa propriétaire. Il est donc possible que ce soit le même béluga dans les trois vidéos.

Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, n’a observé qu’une seule autre interaction entre un béluga et un oiseau au cours des 35 dernières années. «C’est un comportement intéressant. Nous avons vu une fois un béluga hors de son secteur habituel à Chevery, en Basse-Côte-Nord, interagir avec une jeune sterne arctique, lui mordillant les pattes, un peu comme dans cette vidéo. Est-ce que ce comportement est une sorte de désennui?», se questionne-t-il. En effet, dans les deux cas, les bélugas étaient isolés de leur communauté et recherchaient aussi des interactions auprès des humains et de leurs embarcations.

Une recherche sur YouTube permet aussi de voir ce comportement chez des bélugas vivant en aquarium. «Les comportements de ce béluga dans la vidéo sont effectivement très semblables à ceux de nos bélugas en aquarium», confirme Steve Aibel, directeur sénior des mammifères marins à l’aquarium Shedd à Chicago. «Nous voyons des interactions fréquentes avec des objets d’enrichissement à la surface de l’eau dans notre population de baleines à l’aquarium Shedd. Dans ce cas, le goéland est un «jeu» relativement sécuritaire pour le béluga, mais apprendre à interagir avec des objets étrangers dans l’océan pourrait présenter un certain danger », rappelle-t-il.

Au Québec, lorsqu’un béluga est observé hors de son secteur habituel, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, en partenariat avec les agents des pêches locaux, sensibilise les plaisanciers et pêcheurs à proximité de l’animal. Un béluga solitaire a plus de chance de retrouver un groupe de congénères et de survivre s’il n’est pas stimulé ni nourri par les humains autour de lui.

Actualité - 5/9/2019

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

Articles recommandés

Meredith Sherrill : un exemple de ténacité pour travailler avec les baleines!

Pour travailler sur les baleines, son parcours s’est tracé entre la Californie, le Michigan, l'Écosse, pour finalement l'amener au Québec!…

|Actualité 7/3/2024

La réduction de vitesse en présence de baleines fait ses preuves

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi des limites de vitesse sont imposées dans certains secteurs de navigation? Une partie de la…

|Actualité 29/2/2024

L’encourageante histoire écologique de la baleine grise

Chacune à leur façon, toutes les espèces de notre planète doivent composer avec les conséquences de l’action humaine, traçant ainsi,…

|Actualité 22/2/2024