Le dimanche 3 juillet dernier, une carcasse de petit rorqual est retrouvée à l’ile Verte, au Bas-Saint-Laurent. C’est pratiquement dans la cour arrière de Pierre-Henry Fontaine, fondateur du Musée du squelette. C’est l’occasion d’une belle collaboration entre le professeur de biologie à la retraite et le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM). Le passionné des mammifères marins pourrait-il ajouter ce squelette à sa collection?
Une équipe hors du commun
Lorsque les membres de l’équipe du RQUMM ont reçu un appel signalant une carcasse de petit rorqual échouée sur l’ile Verte, ils n’ont pas été surpris d’apprendre que leur interlocuteur était Pierre-Henry Fontaine. En effet, ce dernier n’en est pas à ses premières armes avec les cétacés. Il a disséqué et préparé le squelette de nombreux individus, que ce soit pour le Musée du squelette, pour son livre «Baleines et phoques : biologie et écologie », ou par curiosité personnelle.
Ce n’était pas non plus la première intervention de Cédric Gascon, puisqu’il s’agit de son deuxième été au sein de l’équipe mobile du RQUMM. Elle avait pourtant quelque chose d’un peu spécial. En effet, il fallait organiser le transport pour aller sur l’ile Verte et en revenir. Pour se rendre sur place, Cédric a dû prendre le traversier, mais c’est à pied qu’il a traversé la portion du Saint-Laurent qui le mènerait à son point d’arrivée, puisqu’il n’y avait plus de place pour le camion! De plus, il allait avoir la chance de travailler avec Pierre-Henry Fontaine.
C’est ce dernier qui est venu chercher Cédric directement à l’arrivée du traversier. Le retraité fait en effet partie de la vingtaine de personnes qui habitent l’ile Verte tout au long de l’année. La veille, l’insulaire avait déplacé la carcasse sur son terrain pour éviter que la marée l’emporte.
Des échantillons pour comprendre les baleines
Avec l’aide d’une bénévole du Réseau, l’équipe a pu commencer l’échantillonnage de l’animal. Elle a mesuré sa longueur et sa circonférence avant de récolter des échantillons de peau, de gras et de muscle, mais aussi des fanons. «C’était quand même impressionnant de voir aller Pierre-Henry, commente Cédric. Il était vraiment précis dans ses gestes, et ce qui nous aurait pris normalement 30 minutes, il le faisait super rapidement.» Les échantillons serviront à en apprendre plus sur l’individu en question et ils seront conservés dans un congélateur en attente d’être transportés pour être analysés. Ils apporteront des informations indispensables à une meilleure compréhension des causes de la mort de l’animal et de l’espèce en général.
Une impression de déjà vu
La présence du passionné des cétacés et des squelettes a permis de pousser l’analyse un peu plus loin. «En regardant dans son estomac, nous avons découvert qu’il était complètement vide, commente Pierre-Henry Fontaine. Il n’y avait pas non plus de traces de blessures ou de marques visibles. La carcasse était aussi très fraiche.» Ce n’est pas sans lui rappeler certains souvenirs : «Il y a environ une trentaine d’années, il y a aussi eu une carcasse de petit rorqual, les gens me l’ont raconté. Ils ont vu l’animal, vivant, s’aventurer dans la batture, où il y a seulement 2 à 3 mètres d’eau et rester pris. Je pense que c’est peut-être la même chose qui est arrivée, même si cela reste une supposition.»
À la fin de la journée, l’expérience s’est révélée fort enrichissante : « C’était le fun, parce que pendant qu’il faisait tout ça, il s’arrêtait souvent pour nous expliquer des choses, explique Cédric. Ça paraissait qu’il avait une expérience de professeur. »
Finalement, le petit rorqual était trop jeune pour que Pierre-Henry récupère son squelette. « Les morceaux du squelette ne sont pas tous fixés ensemble à cet âge, explique-t-il. J’ai tout de même récupéré le crâne. Il est dans mon champ en ce moment. Peut-être que je pourrais l’ajouter à ma collection, s’il résiste aux traitements. »