Depuis la fin août 2016, il y a un nouveau pensionnaire permanent dans l’aile Nature du Collège Lionel-Groulx: un squelette de béluga. Selon les étudiants en Sciences de la nature, ce spécimen sera « un outil marquant afin d’éveiller la conscience écologique et sociale des autres étudiants ».

C’est la participation des étudiants à un stage d’écologie marine, organisé depuis 23 ans par le Collège, qui a mené les étudiants à entreprendre ce projet. Lors de ce stage, ils ont compris l’impact de leurs gestes au quotidien sur la santé du Saint-Laurent. Les étudiants en Sciences de la nature remercient la Fondation du Collège, qui a appuyé financièrement ce projet. « Par le symbole qu’il [le béluga] représente, il rappelle notre lien intime avec le fleuve Saint-Laurent ainsi que l’importance de la connaissance pour mieux orienter nos actions », mentionne M. Philippe Daigle, enseignant en biologie.

Comment reconstruit-on un mammifère marin?

Très peu de gens sont habilités à dépecer, isoler, traiter et assembler le squelette d’un mammifère marin. La préparation du squelette de béluga du Collège Lionel-Groulx s’est échelonnée sur plus d’un an et a été menée par M. Pierre-Henry Fontaine, professeur de biologie retraité et fondateur du Musée du squelette sur l’île Verte. La préparation de plus grands mammifères marins peut prendre des dizaines d’années.

Les grands mammifères marins peuvent peser plusieurs dizaines de tonnes, ce qui pose de véritables problèmes en ce qui concerne la récupération et le transport des os. Les plus petits animaux, quant à eux, peuvent être découpés rapidement en parties facilement transportables.

Mais le véritable enjeu est le dégraissage des os. Le squelette des mammifères marins contient une grande quantité de gras et les os sont très fragiles, malgré leur taille. Comme l’explique Pierre-Henry Fontaine, « un cétacé ne peut pratiquement pas utiliser son gras de couverture (lard) comme réserve de nourriture. Ce lard est son isolant thermique, son “costume de plongée”, sans lequel il perdrait rapidement sa chaleur corporelle puisqu’il vit dans un milieu très conducteur de chaleur. Ce sera donc dans son squelette qu’il va accumuler les réserves qu’il utilisera en cas de disette. Les os des cétacés sont composés principalement d’os spongieux, où s’accumuleront les graisses de réserve, enveloppé d’une couche relativement mince d’os compact ».

Alors, comment extraire le gras des os sans les endommager? Certains produits chimiques sont efficaces pour dissoudre les graisses, mais ils sont souvent toxiques et dispendieux. Une autre option est de laisser travailler la nature, les insectes et les bactéries, en mettant les os dans un réservoir d’eau pendant plusieurs mois ou même plusieurs années. Ils peuvent ensuite être nettoyés avec de l’eau chaude ou des dégraissants, puis blanchis avec du peroxyde d’hydrogène ou simplement au soleil.

Commence ensuite le montage du squelette, un véritable casse-tête en trois dimensions, de plusieurs mètres de long!

Des squelettes de mammifères marins à découvrir au Québec

Le Centre d’interprétation des mammifères marins (CIMM) de Tadoussac présente une exposition où il est possible d’admirer treize squelettes complets, notamment un cachalot de 13,5 m, des petits rorquals, des bélugas, des dauphins, un marsouin et une très rare baleine à bec de Sowerby. Il y a aussi deux autres spécimens en préparations: un rorqual commun et une baleine noire de l’Atlantique Nord.

Au Musée du squelette, sur l’île Verte, il y a plus de 300 squelettes, parties de squelettes et cranes. Un lieu unique pour vous initier à l’ostéologie et découvrir l’évolution du squelette à travers diverses adaptations.

Vous pouvez aussi découvrir quelques squelettes de mammifères marins à la Station Exploratoire du Saint-Laurent à Rivière-du-Loup et à l’Aquarium du Québec à Québec, ainsi qu’un squelette de cachalot au Musée de la mer à Havre-Aubert, aux îles de la Madeleine.

Sources:
Un béluga élit domicile au Collège Lionel-Groulx (Communiqué de presse du Collège Lionel-Groulx, 24/08/2016)
Préparation et conservation de squelettes de cétacés, sans moyens techniques élaborés (Pierre-Henri Fontaine, 2014)

On a aimé regarder:
Vidéo : Comment préparer un squelette de baleine bleue pour le musée (Vice, 06/09/2016)
Vidéo: Le squelette de la baleine bleue — Musée canadien de la nature (Musée virtuel du Canada, 2013)

Pour en savoir plus:
Sur Baleines en direct:
Le squelette
Construire une baleine

Actualité - 29/9/2016

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

Articles recommandés

Explorer les océans du passé grâce aux cétacés éteints

Bien avant que les baleines que nous connaissons et aimons nagent dans nos océans, de nombreuses créatures se cachaient dans…

|Actualité 11/11/2024

Il était une fois, le béluga du Saint-Laurent…

Résident à l’année dans le Saint-Laurent, le béluga suscite beaucoup d’admiration. Avec leur bouche sympathique toujours porteuse d’un sourire, les…

|Actualité 23/10/2024

Le rorqual de Rice, une espèce nouvellement découverte et déjà proche de l’extinction

Bien qu'il n'ait été découvert qu'en 2021, le rorqual de Rice est l'une des baleines les plus menacées au monde.…

|Actualité 3/10/2024