Un fossile de baleine grise (Eschrichtius robustus) de l’Atlantique avait été identifié à tort comme étant une baleine à bosse, il y a 30 ans. Ce dernier avait été découvert dans les années 1970, sur une plage en Caroline du Nord.  Les squelettes de baleines grises sont rarissimes et toujours incomplets, leur identification est donc une tâche ardue. Mais qu’est-ce qui rend cette découverte si spéciale?

La population de baleines grises de l’Atlantique est éteinte depuis le début des années 1700. Dans l’océan Pacifique, seulement trois autres populations de cette espèce vivent aujourd’hui. L’extinction d’une espèce engendre des déséquilibres dans les écosystèmes qui se font parfois ressentir plus longtemps que soupçonné.

Portrait d’un squelette plusieurs fois centenaire

Ce squelette de baleine grise de l’Atlantique est le plus complet à ce jour! Bien qu’il ne soit pas entier, il est possible de recueillir et d’estimer de nombreuses données à son sujet. L’individu, d’une longueur totale de 10 m, est un juvénile. Son décès aurait eu lieu il y a 827 ans, soit en 1195! Les os sont assez bien conservés, grâce à la composition du sol où ils se trouvaient. Des coupures y sont visibles et ils sont aussi partiellement fragmentés. Il est probable que les peuples autochtones exploitaient les restes de carcasses échouées pour en extraire de l’huile. Les chercheurs qui ont examiné le squelette mentionnent toutefois que la chasse aux baleines ne faisait pas partie de leurs habitudes.

Généralement, les squelettes de baleines grises de l’Atlantique découverts ne comptent qu’un seul os. Retrouver un squelette aussi complet est exceptionnel puisque cette espèce vit en haute mer: à leur décès, leurs carcasses sont généralement consommées par des espèces opportunistes ou coulent au fond de l’eau. Le squelette de l’individu en question était composé de 42 os.

Eschrichtius robustus

La population de baleines grises de l’Atlantique a disparu au 18e siècle. Bien que chassées pendant des années, les origines de la disparition de cette espèce sont plus complexes; leur déclin avait déjà commencé avant qu’elle ne soit chassée. Durant le pléistocène, une accumulation de glace aurait diminué la taille de l’habitat pendant les épisodes de glaciation. Les variations climatiques auraient d’ailleurs modifié leur diète, les poussant à s’adapter.

Il existe aujourd’hui 3 populations de baleines grises dans l’Océan Pacifique. Elles sont menacées d’extinction à cause des activités industrielles comme l’exploitation d’hydrocarbures et les projets d’énergies renouvelables, la présence de bateaux de transport ainsi que l’industrie de la pêche. Ces filiales ont des effets néfastes sur leur reproduction, leur alimentation et leur migration.

Le réchauffement et l’acidification des océans menacent l’alimentation des baleines grises. Toutefois, les changements climatiques font en sorte que la banquise arctique fond et ouvre le détroit de Béring ainsi que le passage du Nord-Ouest. Ce changement pourrait ramener les baleines grises dans l’Océan Atlantique afin de subvenir à leurs besoins alimentaires. Il est à noter que cette modification de l’aire de répartition, bien que positive à court terme, est plus complexe à long terme.

Conserver l’équilibre

Un écosystème est un système d’interactions entre des organismes vivants -plantes, animaux, champignons et microbes- et le milieu qui les supporte. Des relations sont formées entre les différents constituants d’un écosystème, et ce dernier évolue au fil du temps. L’ensemble des espèces qui peuplent la Terre ne sont pas toutes connues de l’humain, mais elles participent toutefois à un équilibre! Ainsi, la disparition d’une espèce peut entrainer une désorganisation à laquelle les autres espèces doivent s’adapter.

La disparition de la baleine grise de l’Atlantique a eu plusieurs effets dans l’équilibre écosystémique. Cette baleine à fanons, lorsqu’elle se nourrit du benthos, remue la colonne d’eau et remet en suspension les organismes présents. Elle ajoute aussi, par ses déjections, des éléments nutritifs pour d’autres espèces. Bref, elle jouait un rôle à ne pas négliger!

Actualité - 17/11/2022

Chloé Laprise

Chloé Laprise a rejoint l’équipe de rédaction de Baleines en direct à l’automne 2022. Étudiante au baccalauréat en études de l’environnement à l’Université de Sherbrooke, elle a le souci de faire connaître les beautés de la nature et d’encourager sa protection à tous ceux qui s’y intéressent.

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