«Je suis justement en train de regarder un troupeau de bélugas entrer dans le Saguenay», annonce au bout du fil Renaud Pintiaux le 15 avril. Plusieurs résidents de Tadoussac en observent cette journée-là, tout comme les jours précédents. Au lever du soleil, des employés «lève-tôts» du GREMM en observent même à partir des dunes. Les dos blancs apparaissent nettement à la surface.

Dans Charlevoix, à l’Anse-au-Sac, Saint-Irénée, une observatrice en repère le 8 avril durant la marée montante. «C’était un ballet! Il y en avait une vingtaine en tout, séparés en petits groupes, quelques-uns à gauche, d’autres à droite. On voyait bien la division des eaux, ils semblaient la suivre.»

Il est effectivement possible que les bélugas profitaient du courant de la marée montante pour progresser. Les bélugas ne sont pas des nageurs rapides. Leur vitesse de déplacement tournera autour du 2 à 4 km/heure, bien qu’ils puissent sprinter parfois à 20 km/heure! Le coup de pouce amené par les forts courants peut donc les aider à se propulser dans leur itinéraire en diminuant la dépense énergétique engendrée par l’effort physique. C’est ainsi qu’on croisera plus souvent des bélugas à l’entrée du Saguenay lors des changements de marée. Toutefois, ce n’est en rien une garantie d’en observer.

Les marées peuvent aussi influencer l’observation d’autres espèces, comme le petit rorqual. Les changements de courant occasionnent parfois des rassemblements de proies, ce qui contribue à amener les petits rorquals à s’alimenter dans les barres de courant. D’ailleurs, un petit rorqual a été observé au large de Sept-Îles le 15 avril. «Quand je vois des macreuses noires, je sais que je vais bientôt voir des petits rorquals», comment Jacques Gélineau. Encore cette année, l’arrivée des deux migrateurs a semblé concorder. Dans la même région, près de l’embouchure de la rivière Moisie, Jacques observe un rorqual bleu aux jumelles. De quoi faire rêver de la saison sur l’eau, où il récolte des données pour la Station de recherche des iles Mingan, entre autres.

Un béluga solitaire

C’est plutôt rare de voir un béluga nager seul, encore plus dans la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie! Deux riveraines ont croisé un béluga en pleine partie de chasse au large de Saint-Siméon-de-Bonaventure. Il était entouré de phoques profitant aussi d’un festin sous la surface. On ne trouve habituellement pas de bélugas dans ce secteur. Si vous l’observez à nouveau, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins aimerait recevoir votre appel au 1-877-722-5346.

Observations de la semaine - 16/4/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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