Du haut des montagnes et des falaises de la Côte-Nord et de la Gaspésie, la vue sur le Saint-Laurent et ses glaces éparses coupe le souffle. Et pour les personnes attentives, une pause gorgée d’eau peut se transformer en rencontre avec la faune marine.
C’est ce que vit une skieuse au parc national Forillon, dans le secteur du cap Bon-Ami le 24 février. Du haut de la falaise, elle voit un phoque se faisant chauffer au soleil sur un bloc de glace. Il dérive tranquillement dans les eaux du golfe, puis saute à l’eau. «J’ai pu l’observer en transparence, nageant gracieusement entre les glaces. Il refaisait surface pour s’oxygéner et prendre du soleil en cette superbe journée printanière en plein mois de février», raconte-t-elle.
De chez lui, Jacques Gélineaurepère deux grands souffles au large de la pointe Marconi, à Sept-Îles, le 26 février. Il décide de monter la montagne de la pointe, où trône une tour de télécommunication, pour obtenir une meilleure vue. Le sentier s’élève à presque 200 mètres et prend environ 1 heure à parcourir. Avec ses jumelles, Jacques peut alors observer deux rorquals bleus nageant à bonne distance l’un de l’autre dans des eaux presque exemptes de glace.
Dans le secteur du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, les phoques et les bélugas ont été nombreux à être observés au cours des derniers jours. Le 21 février, le directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins prend une pause de ses travaux pour scruter le large. Il repère avec son télescope un troupeau de dix bélugas qui nagent parmi les glaces.
Le 24 février, un matelot à bord de la traverse Baie-Sainte-Catherine–Tadoussac repère un dos blanc, son premier depuis le début de la saison. Il est juste devant la pointe de l’Islet, à Tadoussac, et se dirige dans le Saguenay. La marée descend, et une quinzaine de minutes plus tard, trois ou quatre autres bélugas luttent contre le courant à l’embouchure. «C’est la première fois de la saison que j’en vois! Mais ce n’est pas un peu tôt?» Effectivement, les observations de bélugas autour de Tadoussac deviennent plus régulières habituellement vers la fin mars. Les bélugas ressentent-ils un printemps hâtif, comme nous?
Avant d’aller au bureau du GREMM, Renaud Pintiauxse dirige jusqu’au bout du quai de Tadoussac. Il a la surprise de voir de très près un phoque commun. «C’est la première fois que j’en vois un d’aussi près au quai!», s’exclame le résident du village. Le phoque profite du soleil. Renaud prend des photos magnifiques qu’il vous partage ici.
Le 25 février, un ornithologue identifie des mouettes tridactyles, des eiders à duvet, des goélands à bec cerclé et six bélugas à partir du quai des Escoumins. «Quelques jours de temps doux et ça parait chez les oiseaux», écrit-il.
Aux large des iles de la Madeleine, les blanchons et leur mère ponctuent la banquise. Ce surnom est donné au petit du phoque du Groenland. Les blanchons sont allaités 12 jours sur la glace. Au bout de ces quelques jours, la femelle repart pour aller s’accoupler à nouveau. Le petit doit alors se débrouiller seul sur la glace jusqu’à ce que sa fourrure soit bien formée et qu’il puisse aller à l’eau se nourrir par lui-même.