Par Célia Barathier
Les marsouins communs sont très peu étudiés dans le Saint-Laurent et sont donc beaucoup moins connus que certaines autres baleines. Alors, rendons-leur tout de même hommage avec ce qui fait leurs particularités et ce que nous savons d’eux!
De petites baleines discrètes
Plutôt discrets, les marsouins sont les plus petites baleines à dents du Saint-Laurent : ils mesurent entre 1,3 et 2 mètres, mais généralement moins de 1,8 mètre, une taille semblable aux humains. Par contre, les femelles seraient légèrement plus longues que les mâles chez les marsouins. Ces baleines sont aussi réputées pour leur souffle très sonore ! Cela leur a d’ailleurs valu leur nom de marsouin, qui vient du suédois ou danois marsvin ou du néerlandais meerswijnet signifie « cochon de mer ». Ces cétacés font partie de la famille des Phocoenidae et non des Delphinidés. Contrairement aux dauphins, leur museau est beaucoup plus arrondi et leurs dents sont spatulées.
La plupart du temps, ce qu’on observe d’eux est leur nageoire dorsale foncée de forme triangulaire. Les marsouins peuvent aussi sauter dans les vagues, montrant alors leur tête et une partie de leur corps. Cette nage rapide utilisée par les marsouins (et autres petits cétacés) leur permet d’économiser de l’énergie. Elle est surnommée justement « marsouinage » en référence à ceux-ci.
Vivre à vive allure
Leur vitesse ne se cantonne pas uniquement à leur nage, mais aussi à leur vie en général! En effet, les marsouins ont la plus courte espérance de vie des baleines du Saint-Laurent, ne dépassant pas 20 ans. Ainsi une motivation prédomine pour les deux sexes : se reproduire ! La stratégie des mâles est la compétition par le sperme. Leur objectif : produire le plus de sperme pour inséminer plusieurs fois la même femelle ou différentes femelles. Alors les voilà bien équipés ! En période de reproduction, les testicules des mâles peuvent représenter de 4 à 7 % de leurs poids corporels : un marsouin de 45 kg pourra avoir des testicules de 3 kg (et un de 75 kg… 5 kg) ! En plus de cela, proportionnellement à leur taille — on le rappelle, comparable à une taille humaine — les mâles ont un long pénis d’environ 50 cm ! De leur côté, les femelles peuvent avoir des petits chaque année. Elles font partie des rares cétacés à pouvoir à la fois allaiter et être gestante ! De plus, les naissances ont lieu autour du printemps et de l’été, ainsi, avec les bélugas, ce sont les deux espèces de cétacés à pouvoir mettre bas dans le Saint-Laurent.
En proie à certains maux
À au moins deux reprises — et la dernière remonte à l’année dernière —, un marsouin blanc a été observé dans l’estuaire ! Surprenant, car habituellement ceux-ci sont de couleur foncée. Ces marsouins blancs sont probablement atteints d’albinisme ou bien de leucistisme que l’on peut observer aussi chez d’autres cétacés. Ces deux maladies affectent la pigmentation de la peau, soit par un défaut de production du pigment, la mélanine, ou par la sous-production de celle-ci.
Les marsouins peuvent se prendre dans les filets de pêche et se noyer, ce qui représente une des causes de mortalité pour ces baleines. Seraient-ils aussi la proie des phoques gris ? Dans la mer du Nord, une étude a montré que les phoques gris sont à l’origine de morsure sur les marsouins, mais rien n’a encore été prouvé pour le Saint-Laurent.