Alors que vous vous promenez sur les rives du Saint-Laurent, vous tombez nez à nez avec un phoque. Jusque-là, rien d’anormal: les phoques sont des animaux amphibies, c’est-à-dire qu’ils alternent entre la vie aquatique et la vie terrestre. Ainsi, dans cette situation, il n’y a rien d’autre à faire que s’éloigner à au moins 50 mètres pour permettre au phoque de vaquer à ses occupations en toute tranquillité! Mais, dans le cas d’un phoque qui présenterait des blessures, après s’être éloigné, il est essentiel de communiquer sans tarder avec Urgences Mammifères Marins au 1 877 722-5346.
L’équipe du centre d’appels vous posera alors quelques questions pour mieux comprendre la situation et pour évaluer les options d’intervention. On vous demandera de faire parvenir des photos et vidéos. Un bénévole se rendra aussi sur les lieux pour récolter plus d’informations et sensibiliser les passants. Au téléphone, l’équipe du centre d’appels vous rappellera quelques comportements à adopter en présence d’un phoque:
- Il est normal qu’un phoque sorte hors de l’eau. Ne tentez pas de le repousser à l’eau ni de l’arroser. Il n’en a pas besoin.
- Gardez vos distances (au moins 50 mètres) pour que le phoque puisse se reposer et se déplacer sans entraves.
- Il est illégal de manipuler un phoque, de le forcer à retourner à l’eau ou d’interagir avec lui d’une quelconque façon.
- N’essayez pas de le nourrir. Sa survie dépend de sa capacité à s’alimenter par lui-même de proies fraiches.
- Si vous êtes sur l’eau en bateau, soyez encore plus vigilant qu’à l’habitude pour éviter d’entrer en collision avec le phoque ou de trop l’approcher.
- Attention! Un phoque peut se déplacer rapidement et être imprévisible. C’est un animal sauvage puissant qui peut mordre et transmettre des maladies.
- Tenez les chiens en laisse. Un chien se promenant librement risque de s’approcher du phoque, ce qui augmentera son stress et provoquera des réactions d’agressivité qui pourrait blesser le phoque ou votre animal de compagnie. Les phoques et les chiens peuvent aussi se transmettre des maladies.
Et que fera le Réseau par la suite?
Tout d’abord, l’équipe d’Urgences Mammifères Marins fera parvenir les photos et les vidéos de l’animal à un vétérinaire membre du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins. Il pourra alors se prononcer sur les chances de survie de l’animal, en fonction de la localisation et de la profondeur de la plaie, notamment. «Si la blessure se trouve au niveau de la couche de gras, n’envahit pas la cavité abdominale et qu’aucun n’os n’est exposé, on peut penser que l’animal va survivre», explique Stéphane Lair, vétérinaire spécialiste en santé de la faune sauvage. En fait, selon le vétérinaire, les blessures auxquelles peuvent survivre les phoques sont étonnantes, comme en témoignent des individus vivants présentant d’impressionnantes cicatrices. «Les phoques sont assez bien protégés par leur épaisse couche de gras. De plus, les mammifères marins ont une très grande capacité de guérison, et l’eau salée aide beaucoup à la cicatrisation des plaies», précise-t-il.
Puisqu’un phoque blessé a généralement de relativement bonnes chances de survie, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) préfère ne pas intervenir directement auprès du phoque, mais travaille plutôt à lui fournir un environnement favorable au repos et à la guérison. Ainsi, l’équipe du RQUMM pourrait par exemple installer un périmètre de sécurité et des affiches de sensibilisation autour de l’animal, visant à avertir les passants de sa présence. Dans certains cas, si l’animal se trouve dans un lieu particulièrement achalandé, le Réseau pourrait décider de le déplacer dans un endroit plus calme, afin de limiter le dérangement et de maximiser ses chances de survie.
D’autres fois, la source ou le type de blessure entrainent une obligation morale à intervenir selon les codes d’éthique du RQUMM. En effet, si les blessures ont été causées directement par l’activité humaine, le Réseau évaluera toutes les possibilités d’intervention afin d’augmenter les chances de survie de l’animal. Par exemple, il y a quelques semaines, l’équipe mobile du RQUMM a retiré un hameçon qui s’était logé dans la patte d’un phoque commun.