Même s’ils sont des mammifères marins, les phoques doivent retourner sur terre pour certaines de leurs activités. Amphibies, les phoques partagent leur cycle de vie entre terre et mer, héritage de leur ancêtre qui était, lui, exclusivement terrestre. Les pinnipèdes recherchent principalement un endroit à l’abri du dérangement et avec un accès rapide à l’eau en cas de prédation pour soit se reposer, s’accoupler, donner naissance ou même muer. Toutes ces activités sont essentielles à sa survie.

Au printemps, c’est encore plus capital pour les phoques de trouver des endroits tranquilles pour sortir de l’eau. Par exemple, à Cloridorme en Gaspésie, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins a reçu un signalement à la ligne d’urgences 1 877 722-5346 pour un phoque du Groenland qui se prélassait près du quai le 15 avril. Puisque ce lieu est populaire pour les marcheurs, une bénévole s’est rendue sur place pour documenter la situation et faire de la sensibilisation. Ses vidéos et photos ont démontré que le phoque mâle était bien en forme, mais qu’il traversait une étape importante de son cycle annuel : la mue. Puisque cette activité biologique est très énergivore, la bénévole a installé une affiche qui sensibilise la population à l’importance d’observer le phoque à bonne distance pour ne pas le déranger.

Pourquoi muer?

Chaque année, au début d’avril, les phoques du Groenland commencent à muer. Les mâles adultes et les jeunes, appelés «bedlamers», muent en premier, suivis des femelles adultes vers la troisième semaine d’avril. La mue dure environ quatre semaines, pendant lesquelles tout le manteau de fourrure tombera et sera remplacé par un nouveau. Durant cette période, les phoques ne se nourrissent qu’occasionnellement et perdent plus de 20 % de leur graisse! Tout un régime! La mue nécessite d’avoir plus de circulation sanguine à la surface de la peau. Or, cela amène le phoque à se refroidir plus rapidement. Ainsi, hors de l’eau, le phoque peut mieux conserver sa chaleur, surtout lors d’une belle journée ensoleillée qui lui chauffera le corps.

Les phoques ont donc doublement besoin d’être hors de l’eau au printemps: pour conserver leur chaleur et pour conserver leur énergie le plus possible pendant leur mue. Il est donc essentiel de maintenir la plus grande distance possible avec des phoques au repos sur les rivages, pour éviter de les effaroucher.

Après avoir mué, les adultes et les jeunes phoques du Groenland retournent vers leurs aires d’alimentation estivales dans l’Arctique, bouclant ainsi leur cycle annuel.

Quoi faire en présence d’un phoque?

  • Il est normal qu’un phoque sorte hors de l’eau. Ne tentez pas de le repousser à l’eau ni de l’arroser. Il n’en a pas besoin.
  • Gardez vos distances (au moins 50 mètres) pour que le phoque puisse se reposer et se déplacer sans entraves.
  • Il est illégal de manipuler un phoque, de le forcer à retourner à l’eau ou d’interagir avec lui d’une quelconque façon.
  • N’essayez pas de le nourrir. Sa survie dépend de sa capacité à s’alimenter par lui-même de proies fraiches.
  • Si vous êtes sur l’eau en bateau, soyez encore plus vigilant qu’à l’habitude pour éviter d’entrer en collision avec le phoque ou de trop l’approcher.
  • Attention! Un phoque peut se déplacer rapidement et être imprévisible. C’est un animal sauvage puissant qui peut mordre et transmettre des maladies.
  • Tenez les chiens en laisse. Un chien se promenant librement risque de s’approcher du phoque, ce qui augmentera son stress et provoquera des réactions d’agressivité qui pourrait blesser le phoque ou votre animal de compagnie. Les phoques et les chiens peuvent aussi se transmettre des maladies.
Urgences Mammifères Marins - 22/4/2021

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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