« J’ai vu des rorquals bleus », commence un Nord-Côtier en racontant ses observations, avant de poursuivre : « Écoutez, c’est la folie. C’est dur à croire, mais il y en avait neuf au début de la semaine, dimanche et lundi. Ça soufflait de partout. »
Le plus grand animal de la planète était présent en grand nombre. Les panaches de brume créés par leurs souffles s’élevaient entre Sept-Îles et Les Bergeronnes, en passant par Les Escoumins, Baie-Comeau, Franquelin et Godbout. Difficile de suivre leurs mouvements. Une journée, on en repère trois à Franquelin, deux à Baie-Comeau, un à Godbout et deux aux Escoumins. C’est question de le dire, ces grandes baleines sont partout!
Un photographe animalier décrit son identification de l’espèce et sa surprise « Je repère au loin deux grands souffles près des Escoumins. Vite, les jumelles et je peux identifier l’espèce : ce sont bien deux rorquals bleus. Le premier disparait au loin, vers l’est. Mais le second va rester pendant plusieurs heures dans le même secteur, s’alimentant près de la surface, avec des plongées de très courte durée. »
Il y a de quoi être émerveillé par tant d’abondance!
Manger du krill en hiver
Le rorqual bleu adopte une technique d’alimentation par engouffrement. Cette méthode consiste à nager vers un banc de sa nourriture principale, le krill, ouvrir sa bouche élastique et engloutir une énorme quantité d’eau – jusqu’à 70 000 litres – et de proies. L’eau pénètre alors dans la cavité buccale avec une pression importante, poussant la langue vers le fond de la bouche et la retournant sur elle-même. Le rorqual bleu referme ensuite la bouche pour expulser l’eau à travers ses fanons. Ceux-ci agissent comme un filtre en retenant le krill à l’intérieur. Ce processus est répété plusieurs fois, permettant au rorqual bleu d’ingérer jusqu’à 16 tonnes de krill par jour, soit environ 12 % de son poids corporel. Cette technique d’alimentation est essentielle pour satisfaire les besoins énergétiques colossaux de ce cétacé pouvant atteindre jusqu’à 135 tonnes.
Une étude de Pêches et Océans Canada publiée en 2018 révélait que le krill est plus abondant dans l’estuaire du Saint-Laurent de décembre à février. Les espèces dominantes préfèrent des eaux à 1-2°C et 2-5°C et seuls les krills adultes sont présents en raison des courants évacuant les jeunes vers le golfe. Ceux-ci restent généralement dans les premiers 10 à 15 mètres d’eau qui s’écoulent vers l’océan tandis que les krills mature descendent plus en profondeur.
Bélugas et phoques
Une Escouminoise se réjouit de sa première observation de bélugas de l’année : « Ils étaient deux, au large de la Pointe à la Croix aux Escoumins, mais tout de même, on voyait bien leurs dos blancs! J’étais bien contente. » La présence de quatre baleines blanches a aussi été signalée au niveau de Baie-Sainte-Catherine à l’embouchure du Saguenay, le 22 février. Les individus semblaient se diriger vers le fleuve. Trois baleines blanches sont aussi recensées au large de Matane sur la carte de l’outil de visualisation des observations de mammifères marin de Vigie marine. Quelques phoques communs sont quant à eux aperçus se reposant sur les roches près de la rive aux Bergeronnes.
Merci aux collaborateurs et collaboratrices!
Merci aux observateurs et observatrices qui partagent avec nous leur amour pour les mammifères marins! Vos rencontres avec les cétacés et les pinnipèdes sont toujours un plaisir à lire et à découvrir.
Ce sont vos yeux, sur l’eau ou depuis la berge, qui permettent à cette rubrique de voir le jour.
Odélie Brouillette
Thalia Cohen-Bacry
Laetitia Desbordes
Diane Ostiguy
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Renaud Pintiaux
Pascal Pitre
Maurice Raymond
Andréanne Sylvain
Marielle Vanasse
J. Varin
Et à tous les autres!
Merci aussi aux équipes qui partagent leurs observations :
Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI)
Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM)
Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM)
Station de recherche des Îles Mingan (MICS)
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