La semaine dernière, le gouvernement du Canada a annoncé son Plan national de protection des océans de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans. Ce plan vise à créer un système de sécurité maritime de classe mondiale, à restaurer et protéger les écosystèmes marins et à investir dans la recherche et les méthodes de nettoyage des déversements d’hydrocarbures. Ce plan « fera du Canada un leader mondial en matière de sécurité maritime », a annoncé Justin Trudeau, premier ministre du Canada. Les organismes environnementaux se réjouissent de cet investissement, qui répond à un besoin urgent. Cependant, certains craignent que ce soit un premier pas vers l’autorisation des projets de pipelines.

Le biologiste à la Société pour la nature et les parcs du Canada du Québec, Sylvain Archambault, se réjouit de cette annonce. « Actuellement, il passe 1600 pétroliers dans le golfe et la protection est déficiente. Ça va venir renforcer la sécurité », mentionne M. Archambault. Cependant, « 1,5 milliard, pour les trois océans et le Saint-Laurent, est-ce que c’est assez? » se demande le biologiste.

La Fondation David Suzuki critique les voies qu’utilise le gouvernement pour prévenir les déversements d’hydrocarbures. « Nous sommes déçus que l’annonce d’aujourd’hui se concentre sur le nettoyage après coup plutôt que d’essayer d’éviter les déversements de pétrole, d’abord en réduisant la production et le transport d’énergie fossile », mentionne la Fondation.

Suite à cette annonce, Équiterre a rappelé au gouvernement fédéral que « l’approbation de projets de pipeline, comme le projet Kinder Morgan dans l’Ouest ou celui d’Énergie Est dans l’Est du Canada, pose des risques majeurs pour les milieux marins ». « Contrairement à la croyance populaire, les pipelines ne réduisent pas le nombre de pétroliers: ils augmentent plutôt leur nombre et leur trafic en vue de l’exportation du pétrole sur les marchés internationaux », souligne Équiterre.

Par exemple, si le projet de pipeline Énergie Est de TransCanada est autorisé, des centaines de pétroliers pourraient être nécessaires chaque année pour exporter le pétrole transporté par pipeline jusqu’à la baie de Fundy. Et, comme indiqué lors des audiences du BAPE sur ce projet, la compagnie songe toujours à construire un port d’exportation sur le Saint-Laurent, ce qui augmenterait les risques de déversements dans une région particulièrement sensible, où résident notamment quatre espèces de baleines en péril. 

Sources :

Le premier ministre du Canada annonce le Plan national de protection des océans (07/11/2016)

La Fondation David Suzuki critique le Plan de protection des océans du fédéral (Radio-Canada, 07/11/2016)

Ottawa injecte 1,5 milliard pour la protection des océans (Le Devoir, 08/11/2016)

Plan de protection des zones côtières: le gouvernement Trudeau ne doit pas ignorer les risques liés aux pipelines (Gaia Presse 08/11/2016)

1,5 milliard $ pour trois océans et le Saint-Laurent, est-ce suffisant? (Radio-Canada, 10/11/2016)

Pour en savoir plus:

Sur Baleines en direct:

Oléoduc Énergie Est: Le mémoire du GREMM rendu public

Le projet Énergie Est: une autre menace pour les baleines du Saint-Laurent

Actualité - 17/11/2016

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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