Avant de se diriger vers la chaleur du sud, faisons un petit tour des observations dans le Saint-Laurent. Installé en hauteur sur la péninsule de Marconi, aussi appelée pointe Marconi, à Sept-Îles, l’observateur Jacques Gélineau repère un rorqual bleu le 3 février. Le 5, il le revoit à nouveau. Il voit aussi quelques phoques ici et là et des grands harles, aussi surnommés bec-scies.
Au large de Baie-Sainte-Catherine, quelques phoques communs dérivent sur des glaces. À partir de Sainte-Flavie, de Sainte-Luce-sur-Mer ou de Gaspé, d’autres phoques peuvent être observés flânant sur la banquise ou sur des morceaux de glace. Mais aucun souffle à l’horizon. Les baleines sont pour la plupart parties pour l’hiver.
La plupart des rorquals à bosse se trouvent au large de la République dominicaine et de Puerto Rico. Ils sont observés en grand nombre dans cette aire de reproduction. Après une période de gestation d’environ onze mois, les femelles donnent naissance en janvier ou en février. Ces jours-ci, des baleineaux âgés de quelques semaines nagent près de leur mère. On observe fréquemment un mâle à leurs côtés, qui sera surnommé «escorte». Il pourrait être présent pour protéger le baleineau d’éventuels prédateurs, comme les épaulards.
Le baleineau sera allaité par la femelle de cinq à dix mois, mais, fait rare chez les baleines à fanon, il restera auprès de sa mère d’un à deux ans. Ainsi, si la mère se rend dans l’aire d’alimentation du Saint-Laurent pour l’été, il est possible que son petit adopte ce lieu par la suite et deviennent un habitué du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, comme Tic Tac Toe ou Gaspar.
Une grande première a été filmée du côté d’Hawaii : un moment précédent la mise bas d’un rorqual à bosse. On voit la queue du baleineau sortir de la fente génitale de la femelle. Cette vidéo montrerait une des étapes de la mise bas.
Du côté de la Floride, deux baleineaux baleines noires de l’Atlantique Nord sont repérés lors d’efforts de surveillance aérienne. Un autre est observé au large de la Géorgie. Depuis décembre, neuf baleineaux ont été comptés. D’autres baleineaux pourraient être observés d’ici la fin de la saison des naissances pour cette espèce, soit la fin mars. On le souhaite, puisqu’il faudrait environ vingt baleineaux pour contrer le déclin de l’espèce.
La gestation chez les baleines noires de l’Atlantique Nord dure douze mois. La femelle allaitera habituellement son baleineau de 6 à 7 mois. S’ils viennent dans le golfe du Saint-Laurent cet été, ces baleineaux devraient donc être sevrés ou sur le point de l’être.
Les baleines noires de l’Atlantique Nord sont en voie de disparition et font l’objet d’un suivi serré. Rares sont les espèces pour lesquelles un tel suivi est effectué. Avoir accès à un décompte aussi précis du nombre de baleineaux nés est très précieux pour la recherche. Ainsi, les chercheurs peuvent déceler les tendances. Ils ont par exemple noté que le nombre d’années entre les mises bas d’une même femelle a augmenté. Une des hypothèses est que leurs proies se sont raréfiées, empêchant les femelles d’être suffisamment en forme pour mener à terme une gestation.