«Un épaulard, dans la baie de Gaspé, est-ce possible?», demande un kayakiste sorti en mer avec un groupe non loin de Grande-Grave, en Gaspésie. Peut-être bien! Les épaulards sont des visiteurs occasionnels du golfe, et très rarement, de l’estuaire (la dernière observation documentée remonte à 2003). Les épaulards, aussi appelés orques, ont une nageoire dorsale qui peut mesurer jusqu’à 2 mètres de haut. Grégaires, ces animaux sont généralement observés en groupe, mais dans l’Atlantique, on voit parfois des individus solitaires. Cet été, un groupe d’épaulards a été filmé en Basse-Côte-Nord, dans la région de Blanc-Sablon.

Aussi étonnant que cela puisse paraitre à première vue, un petit rorqual en alimentation de surface peut être confondu avec un épaulard. En effet, dans certaines techniques de chasse, le petit rorqual peut nager sur le côté, laissant la moitié de nageoire caudale dépasser de l’eau, droite et haute comme l’aileron d’un épaulard.

À Sainte-Anne-des-Monts, quelques dos apparaissent à la bordure du large, des petits rorquals probablement, nous signale un observateur riverain. Au terme de son été, il constate : « Je n’ai pas vu de gros mouvements ni de rorqual bleu cet été, et pourtant, je passe de très longs moments à surveiller le large. Nous avons remarqué cet été qu’une fois qu’il fait un bon noir, les souffles commencent à se faire entendre, et quelques fois de très gros souffles… comme si les grosses baleines se rapprochent de la rive seulement de nuit». Cette réflexion fait écho à celle de nombreux et nombreuses capitaines dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Certaines baleines ont semblé se reposer en surface plus longuement qu’à l’habitude durant la journée cet été, laissant présager qu’elles étaient très actives durant la nuit. Cela pourrait être lié aux migrations verticales de certaines des proies, qui remontent à la surface à la tombée du jour, rendant les baleines alors plus «audibles» aux personnes riveraines durant la nuit, et laissant les baleines repues durant le jour.

À Sept-Îles, dans la baie Sainte-Marguerite, deux rorquals bleus sont identifiés le 19 octobre. Un des deux rorquals bleus montre la queue avant d’entreprendre une longue plongée. Pourquoi certains animaux montrent-ils la queue et d’autres non? Une des hypothèses est liée à la souplesse du bas du dos de l’animal. La même journée, deux rorquals à bosse sont observés : H823 et le descendant de Tracks qui, ironie du sort, possède une grande cicatrice héritée d’une collision avec un navire.

Du côté de la baie de Sept-Îles, ce sont plutôt 6 à 7 marsouins communs et cinq petits rorquals qui sont observés. Des petits rorquals sont aussi vus du côté de Tadoussac.

Le 23 octobre, dans la lumière dorée de l’automne, notre collaborateur Renaud Pintiaux photographie un rorqual à bosse nageant parmi un groupe de rorquals communs dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.

Au moins un rorqual à bosse est observé à partir de la terrasse d’une maison à Franquelin. Avec la température qui fraichit, les souffles apparaissent avec un contraste marqué lorsque l’animal expulse l’air chaud de ses poumons. Le rorqual à bosse montre sa queue et s’élance même quelques fois dans les airs avant de s’écraser à la surface, soulevant l’eau tout autour de lui.

Et la migration ailée se poursuit

À Tadoussac, tandis que les membres de l’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins rangent leurs navires, d’autres recherches se poursuivent, cette fois sur les oiseaux. L’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac poursuit son décompte et le bagage d’oiseaux pour suivre les migrations. Le 21 octobre, ce sont 425 rapaces, 3080 merles d’Amérique, 1016 durbecs des sapins et 483 sizerins flammés qui sont dénombrés. Au baguage, 241 oiseaux sont capturés, dont 17 tarins des pins, 35 sizerins flammés et 55 durbecs des sapins.

Observations de la semaine - 24/10/2018

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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