Par Christine Gilliet
Les rorquals à bosse se portent beaucoup mieux après quatre décennies de protection. Un succès selon le gouvernement fédéral qui propose de segmenter les populations et d’en classer la plupart dans une catégorie de risque moins élevé. Des scientifiques émettent des réserves.
Le gouvernement fédéral propose de reclasser les rorquals à bosse en 14 segments distincts de populations et de retirer le statut d’espèce en voie de disparition à 10 d’entre elles. Ce statut leur avait été attribué à partir des années 1970, dans le cadre du Endangered Species Act (ESA), alors que l’espèce avait été décimée par la chasse commerciale. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), l’agence du gouvernement fédéral qui gère et protège les stocks des populations de baleines, les efforts de conservation menés depuis plus de quarante ans ont porté fruit, car les populations ont augmenté dans plusieurs régions et leurs taux de reproduction restent stables.
En segments et nouveaux statuts
Deux des 14 populations garderaient le statut «en voie de disparition»: elles fréquentent la mer d’Arabie et les eaux des îles du Cap-Vert. Deux autres, en Amérique centrale et dans le nord-ouest du Pacifique, seraient classées comme «menacées». Les populations qui ne seraient plus ciblées par l’ESA bénéficieraient toujours des mesures de protection du Marine Mammal Act. Elles se répartissent un peu partout dans le monde.
La NOAA explique que la restauration des rorquals à bosse est un succès et estime que gérer les populations séparément — étant donné qu’elles sont indépendantes les unes des autres, permet aux services gouvernementaux de concentrer les efforts de conservation sur les animaux qui en ont le plus besoin.
Depuis 2010, la NOAA a réalisé un vaste examen sur les populations des rorquals à bosse qui l’a menée à faire la proposition de leur nouvelle classification et de leur segmentation. Elle ouvre une consultation publique sur cette proposition, qui durera 90 jours, jusqu’au 20 juillet 2015.
Des réserves
Cités par The Guardian, des scientifiques émettent des réserves au sujet de cette proposition. Ils estiment qu’elle est prématurée et pointent les prises accidentelles dans des engins de pêche et les collisions avec les navires comme autant de menaces qui pèsent sur les rorquals à bosse. Il faut être certain que ces populations se maintiennent à leur niveau actuel et qu’elles sont véritablement en santé.
Au printemps 2014, l’État de l’Alaska avait adressé une pétition à la NOAA, demandant que le statut de protection soit retiré à la sous-population de rorquals à bosse de la partie centrale du Pacifique Nord, afin d’autoriser les compagnies pétrolières à réaliser des forages d’exploration dans les eaux de l’Arctique.
Quant aux associations de pêcheurs commerciaux à Hawaï, elles ont adressé en avril 2013 une pétition similaire pour que les rorquals à bosse du Pacifique Nord soient classés en un segment distinct de population et pour que leur statut de protection soit enlevé.
Au Canada, une nouvelle classification de la population des rorquals à bosse du Pacifique Nord a été instaurée dans la même période, passant de « menacée » à «préoccupante», une catégorie de risque moins élevé.
Sur le site de Baleines en direct:
En savoir plus
- Should Humpback Whales Be Removed from the Endangered Species List? (Scientific American, 23/04/2015)