L’équipe de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal a effectué une nécropsie — une analyse de la carcasse — du rorqual à bosse vu durant plusieurs jours à Montréal le 10 juin. Le diagnostic préliminaire prononcé par le vétérinaire responsable de la nécropsie, Stéphane Lair, pointe en direction d’une collision avec un navire. Même s’il n’y a pas de blessures apparentes ayant pu causer directement la mort, des traumas concordant avec une collision, comme des hématomes et des hémorragies, ont été trouvés.
L’analyse des tissus à venir permettra peut-être de conclure à la thèse de la collision. Elle permettra aussi d’obtenir d’autres informations au sujet de la santé de l’animal. Les résultats pourraient prendre plusieurs semaines, voire mois avant d’être disponibles.
La nécropsie a aussi permis de confirmer que le rorqual à bosse observé ces derniers jours de Québec à Montréal était une femelle. Elle mesurait 10,2 mètres et pesait 17,2 tonnes.
Pour le moment, les évaluations faites avant la mort de l’animal lors des suivis comportementaux et corporels ainsi que la nécropsie semblent écarter la maladie chronique comme cause de mortalité. La baleine était en bonne condition physique avant son décès, elle n’était pas amaigrie. Le moment exact de la mort de la baleine n’est pas connu, mais est survenu entre le 7 juin et le 9 en matinée.
«Avec les observations faites sur le terrain et celles post mortem, il semble plus probable que sa présence dans le fleuve n’était pas associée à une maladie.
On peut penser que nous avions affaire à un comportement exploratoire d’un jeune animal», explique Stéphane Lair en point de presse.
L’état de putréfaction avancée de la carcasse n’a pas permis de bien analyser les organes. Une carcasse de baleine, à cause de l’importante couche graisseuse, se décompose rapidement.
Pas de poisson en vue
L’estomac a pu être observé, et il état vide, ce qui indique que l’animal ne s’est pas alimenté au cours des deux derniers jours. Toutefois, le cycle de digestion du rorqual à bosse étant rapide, on ne peut pas conclure que l’animal n’a pas pu s’alimenter au cours de la dernière semaine. Cette question avait été posée fréquemment et intriguait aussi les scientifiques : est-ce que le rorqual à bosse pouvait s’alimenter des poissons présents autour de lui ? La réponse restera inconnue.
L’équipe de sept personnes a commencé le travail à 6 heures du matin et a terminé peu avant 13 heures. La Sureté du Québec a assuré qu’un périmètre de sécurité soit respecté autour des travailleurs. Les personnes curieuses ont pu venir observer le travail en respectant des distances de deux mètres entre elles à tour de rôle.
Qu’est-ce qu’une nécropsie?
C’est un examen physique complet de l’animal après sa mort. On y observe autant l’extérieur que l’intérieur de l’animal. Pour en savoir plus, découvrez ce long reportagesur une nécropsie de béluga du Saint-Laurent.
Vous avez encore des questions sur les interventions auprès des mammifères marins, les rorquals à bosse ou les nécropsies? Robert Michaud, coordonnateur du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, répondra aux questions du public le 11 juin à 16h. L’activité se tiendra en direct sur la chaine YouTube du Cœur des sciences de l’UQAM.