Afin de pouvoir répondre plus rapidement et plus efficacement aux urgences impliquant des mammifères marins le long des rives du Saint-Laurent, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) met en place une équipe mobile. Elle se déplace sur le terrain afin d’accompagner les bénévoles lors de la documentation de carcasses et afin d’intervenir auprès d’animaux en difficulté si nécessaire. C’est la première fois qu’une équipe exclusivement dédiée à de telles interventions entre en fonction au Québec.
Une équipe attendue
En 2002, une quinzaine d’organismes travaillant de près ou de loin avec les mammifères marins au Québec se rencontrent pour faire le point. Ils font face à une situation problématique. Au cours des années précédentes, tous ont été contactés pour prendre en main des mammifères marins morts ou en difficulté. Cependant, aucune instance n’a officiellement pour mandat de prendre ces cas en charge, ce qui entraine une grande variabilité dans les réponses aux incidents. Les organismes réunis tentent donc de trouver un moyen de pallier ce manque.
Deux ans plus tard, à la suite de cette rencontre, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, un regroupement d’organismes, voit le jour. À partir de ce moment, les différents membres partenaires se partagent les responsabilités selon leur expertise principale. Le GREMM hérite de la coordination du RQUMM et constitue un réseau de bénévoles qui s’agrandit chaque année. Ces bénévoles, dispersés de part et d’autre du Saint-Laurent, sont les yeux et les mains du RQUMM sur le terrain.
Dans les années qui suivent, les bénévoles accomplissent la plupart des interventions de terrain engendrées par les signalements, soit la documentation ou l’échantillonnage de carcasses et la sensibilisation du public.
Une question cruciale reste cependant sans réponse : qui doit s’occuper des cas de mammifères marins vivants en difficulté et surtout, qui en a l’expertise? Bien qu’ils s’acquittent avec brio de plusieurs tâches concernant des carcasses et des phoques harcelés, les bénévoles peuvent rarement intervenir lors des cas d’animaux vivants, faute d’une formation adéquate, de pratique et de moyens matériels. La plupart du temps, ce sont donc des chercheurs et des techniciens du domaine qui doivent se rendre sur les lieux. Cela se fait souvent au détriment de leur travail habituel, qui est pourtant tout aussi important pour la conservation environnementale que le sauvetage d’un ou de quelques individus en péril.
L’arrivée de l’équipe mobile vient donc combler ce manque, améliorant ainsi l’efficacité du RQUMM.
Que fera l’équipe mobile exactement?
«Notre but principal avec l’équipe mobile est avant tout d’avoir des gens formés pour intervenir auprès d’animaux vivants», explique Robert Michaud, coordonnateur du Réseau. Constituée de quatre personnes (deux de chaque côté du fleuve) la toute nouvelle équipe mobile effectuera, si nécessaire, des remises à l’eau et des relocalisations de petits mammifères marins, et ce, de façon sécuritaire, autant pour l’animal que pour les humains intervenant. L’équipe mobile sensibilisera aussi le public sur le terrain à différents enjeux concernant la cohabitation avec les mammifères marins, comme celui du harcèlement des phoques.
Même s’ils attirent beaucoup d’attention locale et médiatique, les signalements concernant des animaux échoués vivants ou en difficulté sont généralement moins fréquents que ceux concernant des animaux morts. La documentation de carcasses occupera probablement l’équipe mobile la plupart du temps. Avec l’assistance de bénévoles, les membres de l’équipe mobile pourront rigoureusement mesurer, analyser, photographier, comptabiliser et échantillonner les carcasses signalées sur les deux rives du Saint-Laurent. Ils récolteront ainsi des informations cruciales à une meilleure compréhension (et donc à une meilleure protection) de cet écosystème. La présence de l’équipe mobile permettra également de faire de la formation continue auprès des bénévoles.