Les marques d’affection, se dire que l’on s’aime et se le témoigner par des attentions spéciales. C’est bien le propre de la Saint-Valentin. Et l’amour chez les cétacés? Difficile de connaitre les sentiments des baleines, car elles ne laissent pas de journal intime où l’on pourrait découvrir la nature de leurs relations intimes.
Heureusement, certains de leurs comportements liés à la reproduction sont observables. Danse, chant, lutte et démonstration d’agilité en mer ont comme objectif d’assurer une descendance. Romantique? Disons plutôt pragmatique, mais notons tout de même la variété et l’adaptabilité des activités des baleines pour se rejoindre et, pourquoi pas, s’aimer.
Dépasse-moi si tu peux!
Chez les rorquals bleus, certains des critère de sélection pour la femelle sont l’agilité et la force chez un mâle. À l’automne, les rorquals bleus de passage dans le Saint-Laurent s’adonnent à une course entre mâles pour gagner l’admiration de leur dulcinée et rester à sa proximité. Cette course a été surnommée par le chercheur Richard Sears la «rumba». Deux mâles nageront côte à côte sans perdre l’occasion de bousculer leur adversaire dans une lutte pour la pérennité de leur bagage génétique. Leur queue et leurs nageoires pectorales leur servent pour se pousser et prendre le dessus dans la compétition. Le gagnant restera aux côtés de la femelle pendant plusieurs jours, ou même, plusieurs semaines. Reste à prouver avec certitude que leur compagnonnage se soldera à chaque fois par un accouplement.
Danser et chanter ses louanges
Les rorquals à bosse sont des chanteurs bien connus durant leur période de reproduction. Bien que ce comportement ait été longuement étudié, les scientifiques ne peuvent affirmer avec exactitude que de chanter pour un mâle fait partie de sa parade nuptiale. Ce sont les mâles qui effectuent ces chants en plus de réaliser des sauts allant jusqu’à 5 mètres de haut et de frapper la surface de l’eau avec leurs nageoires pectorales. Entre vocalises et percussions, on peut dire que les rorquals à bosse ont du rythme pour séduire une femelle! C’est capital, car l’individu doit parfois se démarquer des autres mâles, qui eux aussi redoublent d’efforts pour attirer les faveurs de la femelle.
L’étude des mélodies des rorquals à bosse montre qu’ils emploient différentes séquences sur des tonalités variées. Les résultats de recherche ne convergent pas tous vers les mêmes conclusions, il est difficile de déterminer précisément la signification de ces séquences. Ce sont tout de même des compositions uniques, comparables, dans une mesure humaine, à une sérénade.
Des rapports amicaux, mais pas que
Les travaux de recherche au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) ont permis de révéler une part importante des activités sociales des bélugas mâles dans le Saint-Laurent. Atteignant leur maturité sexuelle entre 16 et 18 ans, les mâles créent des liens «d’amitié» où les jeux socio-sexuels occupent une place importante.
Grâce aux prises de vue aériennes obtenues par un drone au-dessus de l’estuaire du Saint-Laurent, le directeur scientifique du GREMM, Robert Michaud et son équipe ont pu remarquer des coups de bassin particuliers entre mâles. Pratique avant la reproduction? Raffermissement des liens sociaux? À suivre.
Par amour pour les baleines et le milieu marin
L’exposition de Cynthia Girard-Renard Sans toit ni loi : les cétacés du Saint-Laurent met en scène un rorqual bleu grandeur nature entouré d’autres animaux aquatiques. S’il se dégage une impression flottante et diaphane de cette œuvre, l’intention de l’artiste n’est pas moins profondément enracinée dans la réalité des cétacés. Bruits, dérangements, pollution et gestion des ressources naturelles font partie de ses préoccupations pour les baleines. Elles la fascinent depuis son enfance.
Ces constructions de papier peintes à la gouache sont un plaidoyer pour la protection des baleines du Saint-Laurent et pour leur milieu. Cynthia a séjourné avec l’équipe du GREMM en 2019 pour se familiariser davantage avec la réalité des mammifères marins dans le Saint-Laurent. Son œuvre contient un message encourageant et mobilisant pour le public. «C’était important pour moi de travailler avec du papier. Les matériaux sont pauvres. J’ai travaillé avec peu de moyens pour créer quelque chose de merveilleux. On peut avoir de l’impact par la poésie et l’amour d’un sujet. On n’a pas besoin d’avoir nécessairement de grands moyens pour faire quelque chose», mentionne-t-elle en entrevue.