La période des fêtes 2019-2020 avait été particulièrement chargée d’observations, au point où nous avions publié une carte des baleines et des phoques vus durant ces deux semaines. Avec des températures clémentes et peu de glace sur l’eau cette fois-ci, les baleines ont-elles trainé par ici?
Le 20 décembre, alors qu’un couple converse avec des amis par vidéoconférence, une baleine les interrompt. Le rorqual à bosse saute dans la baie de Gaspé, devant Cap-aux-Os. La baleine frappe ensuite sa nageoire pectorale à la surface, expire, inspire et plonge. Quelques secondes plus tard, le rorqual à bosse effectue un saut complet hors de l’eau, vrillant même, comme on peut le voir dans le montage de la vidéo présentant deux de ses sauts. Pour les résidents qui ont vu sur l’eau, cette extraordinaire observation de baleine fut la dernière pour 2020. La première de 2021 reste à venir.
À Tadoussac, le 21 décembre, l’inlassable Renaud Pintiaux (il sort tous les jours observer la faune) repère un rorqual à bosse bien au large des dunes. Est-ce que ce retardataire de la migration peut trouver encore à manger dans le secteur? C’est possible. Des relevés acoustiques pris aux Escoumins durant plusieurs hivers ont permis de constater une présence importante de krill, offrant parfois des concentrations plus élevées qu’en été!
Une semaine plus tard, le 28 décembre, du côté du phare de Cap-des-Rosiers, en Gaspésie, un rorqual à bosse nage près de la rive.
De l’autre côté du fleuve, au large de Sept-Îles, de grands souffles en colonne montent comme des geysers à des milles nautiques au large le 30 décembre. Bien visibles, ces souffles appartiennent à des rorquals bleus. Au moins deux individus nagent dans le secteur les 30 et 31 décembre.
Depuis plusieurs années, des rorquals bleus passent l’hiver dans ce secteur. Sont-ils des habitués? Restent-ils dans le golfe toute l’année ou parcourent-ils de grandes distances? Pour le moment, les études des migrations des rorquals bleus qui visitent le Saint-Laurent n’ont pas permis de l’établir.
Au large des Bergeronnes, un petit troupeau de bélugas nage le 4 janvier. L’été, dans le Saint-Laurent, les mâles et les femelles tendent à former des communautés distinctes. Toutefois, durant l’hiver, il est possible qu’ils se mélangent un peu plus.
Le 5 janvier, du côté de Godbout et de Franquelin, de grands souffles s’élèvent au large, mais trop loin pour que les dos des souffleurs puissent être scrutés.
Le plaisir d’observer les phoques
Le 17 décembre, à Pointe-au-Père, une quinzaine de phoques du Groenland se prélassent sur les glaces. Ces phoques sont souvent observés en grands groupes.
Une nouvelle observatrice de cette chronique s’est installée récemment en Gaspésie. Motivée à explorer le territoire, elle teste de nouveaux points d’observation presque tous les jours. Malgré sa dizaine de sorties, elle n’a pas vu de baleines. Qu’à cela ne tienne, elle repère des phoques communs près de chez elle à l’Anse-au-Cousin, près de la plage Haldimand, et au cap Bon-Ami. Elle comptabilise même 52 phoques réunis sur les glaces le 21 décembre! Le 4 janvier, la faune n’est pas au rendez-vous. «Mais c’était la première fois que je faisais du ski, accompagnée du bruit des vagues. Ça valait la peine!», raconte-t-elle.
À Baie-Comeau, le 6 janvier, la mer d’huile ne dévoile pas de dos de baleines, mais un phoque gris égaye un promeneur.
Avec patience, les observateurs et observatrices contemplent le large. La beauté du fleuve en elle-même mérite d’être admirée, alors ce n’est pas si mal si les baleines et les phoques se font plus rares ces jours-ci…