Selon la littérature, la plupart des mysticètes, aussi appelés baleines à fanons, effectuent des migrations saisonnières entre les hautes et les basses latitudes, se nourrissant dans les eaux froides et se reproduisant dans les eaux plus chaudes. Bien que de nombreuses exceptions à ce modèle migratoire traditionnel ont été décrites dans la littérature, ce modèle n’a pas été officiellement réexaminé. Selon une étude publiée cette semaine dans Mammalian Review, ce modèle migratoire traditionnel est trop simpliste pour décrire adéquatement la panoplie de comportements migratoires des baleines à fanons.

© GREMM
Rorquals communs © GREMM

Le modèle migratoire traditionnel fut élaboré entre 1929 et 1965, lorsque les données disponibles provenaient principalement d’observations visuelles et des captures lors des excursions de chasse à la baleine. Le modèle fut basé sur les observations de baleines grises, de rorquals à bosse et autres espèces de rorquals dans l’hémisphère sud, soient les rorquals communs et les rorquals bleus. Les données récoltées ces dernières années grâce à de nouvelles technologies et méthodologies pour étudier le mouvement des baleines, dont la photo-identification, la télémétrie satellite et l’acoustique passive, nous exposent une réalité beaucoup plus complexe que celle véhiculée par cet ancien modèle.

L’étude publiée dans Mammalian Review démontre que la plupart des baleines à fanons utilisent plus d’une stratégie migratoire. Plus de la moitié des onze espèces inclues dans cette étude ont des populations qui ne migrent pas ou qui ne font que se disperser de façon saisonnière. L’absence de migration, la migration partielle (migration effectuée seulement par une partie de la population), la migration différentielle (migration différente selon l’âge ou le sexe des individus d’une population), les mouvements nomades (l’absence de régularité dans les mouvements spatiotemporels) et une alimentation flexible dans l’aire migratoire sont des comportements fréquents et répandus plutôt que des exceptions. Bien que les baleines grises et les rorquals à bosse semblent généralement suivre le modèle traditionnel, il est clair que les autres espèces ont développé des mouvements plus complexes et flexibles. Les auteurs ne réfutent pas entièrement le modèle traditionnel mais suggèrent qu’il devrait être revisité pour y incorporer un plus grand éventail de comportements.

Même si de nombreuses découvertes ont été faites ces dernières années concernant le comportement migratoire des baleines à fanons, beaucoup de questions demeurent concernant les mouvements de plusieurs populations et en ce qui a trait aux mécanismes évolutifs qui ont mené à une telle diversité de comportements migratoires.

Source:

Mysticete migration revisited: are Mediterranean fin whales an anomaly?

Pour en savoir plus :

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La migration

Les grandes baleines peuvent-elles traverser un océan de part et d’autre?

Actualité - 6/5/2016

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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