«La glace commence à se former»: voilà un constat partagé un peu partout le long du Saint-Laurent. Son étendue varie au fil des marées, des froids et des redoux, des tempêtes. Règle générale, on en trouve plus sur la rive sud que sur la rive nord. Pourtant, elles se forment bien partout sur le fleuve. Les vents dominants et les courants transportent les cristaux en formation et les morceaux de glace vers la rive sud. Le même phénomène explique aussi pourquoi on retrouve généralement plus de carcasses de baleines sur cette rive.

Est-ce parce que la banquise commence à prendre qu’aucune observation de baleine n’est rapportée cette semaine? C’est possible.

La glace peut aussi servir de transat flottant pour des phoques se reposant. Au large des Bergeronnes, des milliers de phoques dérivent lentement avec le courant le 15 janvier. Un si grand rassemblement laisse croire qu’il s’agit de visiteurs saisonniers : des phoques du Groenland. Pour cette espèce, une banquise solide et de large taille est essentielle pour la mise bas. Les prochaines semaines de formation des glaces seront donc cruciales. Malheureusement, des chercheurs notent une certaine tendance à une diminution du couvert de glace. Le professeur en océanographie à l’Université du Québec à Rimouski, Dany Dumont, en discutait justement avec Guillaume Hubertmont à l’émission Boréale 138.

D’autres phoques ont été observés, cette fois nageant, à Baie-Comeau et à Cap-des-Rosiers.

Les plaques de glace sont aussi utiles pour les bélugas, des résidents du Saint-Laurent. Elles empêchent les vagues de prendre trop d’ampleur lors des tempêtes et offrent des zones plus abritées. Sans cette protection, les bélugas peuvent avoir à parcourir de plus grandes distances pour trouver des eaux calmes.

Toutefois, un mouvement trop brusque de ces glaces dérivantes peut devenir un piège pour certaines espèces de baleines qui se trouvent alors coincées entre deux plaques ou pire, prisonnières sous l’eau. Heureusement, aucun incident de ce type n’a été recensé dans l’estuaire du Saint-Laurent.

Le mouvement des glaces vous intéresse? L’Observatoire global du Saint-Laurent permet de le visualiser à travers les heures, les jours et les années grâce à son outil de prévisions océaniques. C’est fascinant!

Observations de la semaine - 15/1/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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