Ce 22 mai, l’équipe de Baleines en direct tient à souligner la journée mondiale de la biodiversité. Cette journée vise à mettre en avant la richesse et la multiplicité des formes de vie qui parcourent le monde. La thématique 2020, «Nos solutions sont dans la nature», met en relief les interactions interespèces et la façon dont elles ont contribué à faire de la Terre un endroit habitable pour les humains.

Les baleines jouent un rôle important dans l’écosystème marin. Pour cela, elles possèdent des alliés essentiels et «invisibles» sans lesquelles elles subsisteraient difficilement: les microorganismes, qui composent une grande partie de la biomasse des océans. Gros plan sur ces minuscules héros de l’ombre.

Phytoplancton et baleines : une relation d’entraide

L’appellation phytoplancton désigne l’ensemble des micros algues suspendues dans l’océan. Cet organisme se nourrit de façon autosuffisante en captant les rayons du soleil près de la surface, ce qui fait de lui l’un des premiers maillons de la chaine alimentaire.

Étonnamment, les immenses rorquals bleus ne se trouvent qu’à quelques maillons près du phytoplancton, puisque leur nourriture, le zooplancton, s’en nourrit. Leur survie est donc intrinsèquement liée à celle du phytoplancton.

D’ailleurs, saviez-vous que les baleines participaient à la croissance du phytoplancton… grâce à leurs matières fécales? En larguant leurs besoins près de la surface, elles participent au brassage de nutriments nécessaires à son développement. Ainsi, on constate qu’en présence de baleines, le taux de phytoplancton augmente de 1%. Cette entraide mutuelle contribue non seulement à la vitalité des deux espèces, mais aussi au maintien d’un équilibre marin souvent précaire.

Un coup de main venu de l’intérieur

Comme les humains, les baleines hébergent des dizaines de milliards de microorganismes. Au sein de ce microbiome, on retrouve des «opposants» tels que les bactéries pathogènes, mais aussi de grands «alliés» qui contribuent au bienêtre de leur hôte.

Il y a quelques années, des chercheurs ont identifié pour la première fois un ensemble de bactéries contenues dans le souffle de rorquals à bosse. Or, il semble que les baleines soient particulièrement sujettes aux infections bactériennes dans leur système respiratoire. Est-ce donc mauvais signe? Au contraire! Ce microbiome commun a été trouvé dans le souffle de baleines en pleine santé, réparties un peu partout sur le globe. Les chercheurs supposent donc qu’ils doit jouer un rôle dans l’équilibre su système respiratoire interne de la baleine, notamment en renforçant le système immunitaire ou en luttant contre des pathogènes.

Parmi ces «alliés intérieurs», on trouve aussi des microorganismes anaérobies, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin d’air ou de dioxygène pour survivre. Certains d’entre eux pourraient dégrader des éléments tels que le naphtalène ou le PCB, constituants de déversements de pétroles. Recueillis dans les excréments de baleines boréales, ces microorganismes pourraient avoir permis à ces individus de tolérer l’ingestion de krill chargé de polluants!

Par ailleurs, une étude publiée dans le journal ISME confirme que des bactéries contenues dans le microbiome intestinal des baleines noires de l’Atlantique Nord jouent un rôle crucial dans la digestion de gras tels que les lipides et les cérides, qui se retrouvent en grande concentration dans les crustacés qu’elles ingèrent. Ces bactéries permettent à la baleine d’absorber et d’accumuler des gras essentiels à sa nutrition.

Si la renommée des géants des mers peut parfois faire ombre aux organismes qui l’entourent, une simple focalisation sur un petit nombre d’entre eux nous permet d’en apercevoir toute l’utilité!

Actualité - 22/5/2020

Gabrielle Morin

Gabrielle Morin s’est jointe à l’équipe de Baleines en direct à l’hiver 2020 en tant que stagiaire. Étudiante en littérature, elle s’implique dans le milieu littéraire de la ville de Québec et écrit à temps perdu. Son amour des baleines est né sur les berges de l’estuaire du Saint-Laurent et l’a poursuivie jusqu’à Lévis. Depuis, elle le nourrit grâce à la lecture d’ouvrages scientifiques et à des expéditions estivales. Elle croit que sa passion de la littérature et des mammifères marins naissent d’une même volonté: capturer, et surtout partager son émerveillement.

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