Même s’ils se trouvent parmi la liste des 13 espèces de baleines fréquentant le Saint-Laurent, il demeure rare que des épaulards soient observés. Un citoyen de Blanc-Sablon a pourtant eu la chance d’en apercevoir près de la côte cette semaine! Partout ailleurs dans le golfe et l’estuaire, des histoires de breach de petit rorqual, de bélugas dans un paysage grouillant de vie et de grands souffles au lever de soleil abondent.
Des épaulards peu connus
Il est possible de voir des épaulards dans le Saint-Laurent, et les dernières années, c’est du côté de Blanc-Sablon qu’ils se situaient. Dans la dernière semaine, ces baleines ont été vues dans le coin de l’ile au bois et du quai du village nord-côtier.
Plus à l’Ouest, la dernière observation d’épaulards de la Station de recherche des Îles Mingan (MICS) date de 2007, alors que la première remonte à 1983. De grands groupes d’une cinquantaine d’individus auraient d’ailleurs déjà nagé au niveau de Blanc-Sablon, alors qu’une dizaine circulaient à Mingan en 1995.
La population de l’Atlantique du Nord-Ouest et de l’Est de l’Arctique est peu connue. Les scientifiques estiment qu’un minimum de 160 épaulards matures naviguent dans les eaux du golfe du Saint-Laurent, de Terre-Neuve et du Labrador, mais il pourrait y en avoir bien plus. En outre, la population pourrait se différencier en trois écotypes aux régimes alimentaires différents. Les recherches illustrent des taux de contamination importants pour les épaulards, qui sont situés au sommet de la chaine trophique.
Au niveau de l’estuaire, l’équipe de Baleines en direct reçoit souvent des observations d’épaulards… alors qu’il s’agit de petits rorquals! C’est parfois à s’y méprendre. Lorsque les petits rorquals s’alimentent à la surface, le bout effilé d’un lobe de leur queue sort parfois, ce qui ressemble drôlement à une nageoire dorsale d’épaulard. Leurs manœuvres laissent parfois aussi paraitre une portion de leur dos noir et de leur ventre blanc ainsi que de leur « mitaine » qui ressemble drôlement à la tâche située derrière les yeux des épaulards.
Lorsque des anecdotes se transforment en souvenirs
Comment savoir qu’on est dans le bon vieux temps avant qu’il ne prenne fin? Peut-être lorsqu’on a de belles histoires d’observations de baleines à raconter!
Plongeons dans quelques-uns des récits de la semaine à travers l’estuaire et le golfe.
Un résident de Saint-Siméon a eu la chance d’apercevoir « deux petits troupeaux de bélugas incluant quatre bleuvets dimanche dernier, cinq petits marsouins et des phoques! » Chez les bélugas, le terme « bleuvet » réfère aux individus d’un an à la peau grise bleutée.
À Baie-Sainte-Catherine, une passionnée des mammifères marins repère les belles baleines blanches. « Dimanche, ma famille et moi avons observé des bélugas bien au large depuis Pointe-Noire, puis sur le traversier un beau petit groupe qui semblait sortir du fjord. » Quelques jours plus tard, au cap de Bon-Désir, c’est deux phoques gris et un phoque commun qui pointent leur tête à travers la brume.
« Samedi matin, au lever du soleil au Paradis Marin, il y a eu un souffle si fort qu’il a été entendu par des gens à au moins 500 m en haut de la colline, » raconte un campeur émerveillé par la présence de ces grands mammifères. « En effet, entre les observations de près d’une dizaine de marsouins et d’un petit rorqual tout près de la rive… On a eu le bonheur de se réveiller avec un rorqual commun qui est venu faire quelques respirations. » Peut-être était-ce Trou (Bp059), un individu nouvellement arrivé dans la région? Dans le coin, les naturalistes signalent aussi l’arrivée du rorqual à bosse H929, surnommé Éline par les membres de l’industrie des croisières aux baleines.
Un Nord-Côtier de passage à Colombier observe un groupe de bélugas aux Îlets-Jérémie. « Ça grouillait de vie, beaucoup de nourriture, au grand plaisir des phoques communs, des petits rorquals, ainsi qu’une multitude d’oiseaux marins. » Du côté de Franquelin, un habitué rapporte la présence d’un rorqual à bosse, plusieurs petits rorquals et de marsouins en grandes quantités. Une virée du côté de Baie-Comeau lui permet aussi d’admirer deux rorquals communs en alimentation au large.
À la frontière entre l’estuaire et le golfe, à Pointe-des-Monts, des résidents observent les dos blancs typiques : « Une dizaine voir plus de bélugas qui s’amusent et semblent avoir trouvé un joli garde-manger, magnifique. En espérant qu’ils adoptent le coin. »
Deux vacancières de passage à Mingan ont pu contempler la diversité de la région : « Marsouins communs, phoques gris, petits rorquals, macareux moines, petits pingouins, sternes arctiques… mais le plus marquant a sans doute été ce petit rorqual qui nous a surpris en fin de journée avec une quinzaine de breachs […] On le voyait vraiment bien sortir son corps complètement hors de l’eau – il ne restait que sa caudale immergée! Le petit rorqual a enchainé les sauts hors de l’eau pendant quelques minutes, puis a fini par s’éloigner en reprenant ses manœuvres de déplacement normalement. » Lors d’une soirée assises sur la plage à admirer le paysage, les couleurs de l’eau et du ciel prenant des teintes roses et bleu clair, un petit phoque est venu animer l’horizon des deux amies.
De son côté le MICS recense sa première baleine noire de l’Atlantique Nord de la saison, Aphrodite (#1701), en plus d’identifier le rorqual à bosse H141, alias Dog-Ear, de même que trois rorquals communs et quatre requins pèlerins.
De l’autre côté du Saint-Laurent, plus de quatre rorquals à bosse circulent dans la baie de Gaspé, de même que des petits rorquals, et quelques marsouins. Une mère, H683, alias Koussouf, circulait d’ailleurs avec un veau! À Grande-Vallée, un groupe de cinq à six bélugas a été aperçu se dirigeant vers l’ouest.
Le Saint-Laurent grouille véritablement de vie!
Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations
Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
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Station de recherche des Îles Mingan (MICS)
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Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM)
Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
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