Trou

Rorqual commun

ligne décoration
  • Numéro d’identification

    Bp059

  • Sexe

    Femelle

  • Naissance

    Inconnue

  • Connu depuis

    1994

Ses traits distinctifs

Bp059 s’est vu décerner le nom quelque peu singulier de « Trou » en raison du grand trou en forme de cratère volcanique situé au centre de la protubérance marquant son flanc gauche, juste derrière l’évent.

Sa nageoire dorsale comporte deux légères encoches — l’une tout en haut et l’autre à la base. Par ailleurs, ses chevrons sont très peu contrastés.

Rorqual commun Trou © Renaud Pintiaux
Rorqual commun Trou © Renaud Pintiaux
Rorqual commun Trou © Renaud Pintiaux
Rorqual commun Trou © Renaud Pintiaux
Rorqual commun Trou © Renaud Pintiaux
Rorqual commun Trou © Renaud Pintiaux

Son histoire

Trou est une femelle connue depuis 1994. Elle est considérée comme une résidente saisonnière étant donné que la fréquence moyenne de ses visites dans l’estuaire est supérieure à trois années sur quatre.

Elle a été observée avec un baleineau en 2006, en 2009 et en 2020. Pour 2006 et 2009, le nombre d’observations avec le baleineau ne permet pas de confirmer hors de tout doute qu’elle en était la génitrice. En 2020, les observations sont suffisantes pour le confirmer. Trou est donc possiblement mère trois fois!

Trou a permis aux chercheurs d’approfondir énormément leurs connaissances des rorquals communs. En 1996, l’équipe du GREMM a fixé un émetteur radio sur son dos, ce qui lui a permis de la suivre pendant 12 heures. Cette mesure s’inscrivait dans la lignée des 25 suivis télémétriques réalisés en partenariat avec le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent et Pêches et Océans Canada de 1994 à 1996. Ce projet de recherche visait à étudier le territoire utilisé par les rorquals communs, ainsi qu’à évaluer l’impact des bateaux sur leur comportement.

Historique des observations dans l’estuaire

1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022

Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé

Dernières nouvelles issues des publications Portrait de baleines

Par Tim Perrero

L’anecdote de la semaine

C’est la première fois que je vois un rorqual commun nager à l’envers. Bp059, surnommée Trou, montrait d’abord son pédoncule (la partie entre la nageoire dorsale et les lobes de la queue), puis la nageoire dorsale, puis le flanc et finalement l’évent. Comme si je jouais une séquence respiratoire à l’envers! Cette femelle qui est accompagnée de son baleineau était la seule dans le groupe de cinq à nager de cette façon. Qu’est-ce qui explique cet étrange comportement? Difficile à dire… En tout cas, Trou est une bien drôle de baleine. Elle a déjà montré sa queue en plongeant en 2016, un comportement extrêmement rare chez les rorquals communs.

Eh non! Je n’ai pas de vidéo. Les autres rorquals communs du groupe n’avaient pas encore été photographiés, nous leur avons donné priorité pour la science.

Par Gabrielle Morin
Bp059, dite «Trou», se joint au catalogue de photoidentification des rorquals communs de l’estuaire en 1994.
La fréquence moyenne de ses visites dans l’estuaire est supérieure à trois années sur quatre, ce qui en fait une
«régulière» du Saint-Laurent. Certains rorquals communs ne sont que des visiteurs occasionnels, alors que d’autres restent fidèles à leurs aires d’alimentation. La récurrence de ses visites permet aux chercheurs du GREMM de l’étudier et d’en apprendre plus sur son espèce. Il faut dire que Trou est facilement identifiable : elle doit son nom au trou en forme de cratère volcanique sur son flanc gauche.

En 1996, grâce à un émetteur radio fixé sur son dos, on la suit pendant 12h pour étudier le territoire utilisé par les rorquals communs et évaluer l’impact des bateaux sur leur comportement. En 2000, le prélèvement d’un échantillon de son gras (ou biopsie) nous révèle que Trou est une femelle, ce qui laisse supposer que les baleineaux qui l’accompagnent en 2006 et 2009 pourraient être les siens. Un veau est également été
aperçu en sa compagnie en 2020. Les observations répétées ont permis en juillet de confirmer qu’il s’agit bien du sien.

En plus de contribuer à la documentation du GREMM sur le rorqual commun, Trou offre un spectacle unique en 2016 lorsqu’elle sort la queue en plongeant. Il s’agit d’un comportement très rare chez les rorquals communs.

Bp059 est surnommée « Trou » dans le parc marin en raison de la protubérance derrière son évent sur son flanc gauche, qui rappelle la forme d’un cratère volcanique. Sa nageoire dorsale est marquée par deux encoches situées aux deux extrémités de celle-ci. Ses chevrons sont très peu contrastés. Une biopsie prélevée en 2000 a permis d’établir que Trou est une femelle. En 2006 et 2009, Trou a été observée en compagnie d’un baleineau. Cette année encore, Trou a été observée avec un petit à ses flancs. Gardez l’œil ouvert, car nous devons observer le baleineau à plusieurs reprises à ses flancs au fil de la saison afin de confirmer qu’il s’agit bien du petit de Trou. En 1996, Trou a été suivie par un programme de radio-télémétrie afin d’étudier l’utilisation du territoire des rorquals communs et d’évaluer l’impact des bateaux sur leur comportement. La balise était restée en place 12 heures. Le taux de fréquentation élevé de Trou dans l’estuaire fait qu’on lui donne le statut de résidente saisonnière.

Les rorquals communs, comme les autres baleines du Saint-Laurent, fréquentent l’embouchure du Saguenay afin de s’alimenter. Ils sont réputés pour leurs stratégies d’alimentation particulièrement impressionnantes. Grâce à l’utilisation de drones et aux observations aériennes de différents groupes de recherche à travers le monde, nous avons une meilleure compréhension de ces comportements fascinants. Parfois, on peut les voir faire un tour complet sur eux-mêmes. Comparables aux rorquals bleus, les rorquals communs se tournent sur le côté, accélèrent et ouvrent la gueule en faisant basculer leur mâchoire inférieure à 90° pour engouffrer un volume d’eau qui dépasse parfois leur propre volume. En effet, le ventre du rorqual commun, pourvu de sillons ventraux extensibles, augmente en moyenne de 162% en circonférence et de 38% en longueur, lui permettant d’engouffrer jusqu’à 80 000 litres d’eau en seulement quelques secondes. Cette eau est ensuite expulsée à travers les fanons et seules les proies sont capturées à l’intérieur de la bouche. Ce grand rorqual peut effectuer plus d’une bouchée par plongeon et espacer celles-ci d’un peu plus de 40 secondes.

La coloration de la mâchoire du rorqual commun est asymétrique. Elle est blanche sur le côté droit et plus foncée sur celui de gauche. Des hypothèses supposent que cette asymétrie lui permettrait de jouer avec la lumière pour se camoufler lorsqu’il chasse de grands bancs de poissons. D’autres croient que le rorqual commun se servirait de ce trait particulier pour mieux désorienter ses bancs de proies lorsqu’il les encercle. Espérons que nous aurons la chance d’observer ce spectacle cette saison !

Enfin, les rorquals communs se manifestent plus régulièrement dans le parc marin ! Parmi ceux-ci, se trouvait Bp059, photo-identifiée au large du cap de Bon-Désir, entre Les Bergeronnes et le camping Paradis Marin, puis près de la pointe à Pierre-Paul. Bp059 a reçu le nom quelque peu singulier de « Trou » en référence à la protubérance sur son flanc gauche, derrière l’évent. La cavité au centre de l’excroissance bombée évoque la forme d’un cratère volcanique. Trou a aussi deux légères encoches incrustées dans sa nageoire dorsale arquée et un affaissement discret marque le tracé de son dos, tout juste devant la nageoire dorsale. Les sillons gris clair de son chevron sont peu contrastés.

Les rorquals communs pourraient à l’occasion être confondus avec une autre espèce de la même famille qui fréquente parfois le secteur : les rorquals boréaux. Le rorqual boréal est souvent décrit comme étant une version plus petite du rorqual commun : 12 à 16 m versus 18 à 21 m. Il ne présente pas d’asymétrie pigmentaire de la mâchoire et des fanons, contrairement au rorqual commun. Le dos du rorqual commun est gris ardoise, tandis que celui du rorqual boréal tend vers le vert foncé, avec de petits points blancs sous le ventre.

Un baleineau rorqual boréal aux côtés de sa mère.
Un baleineau rorqual boréal aux côtés de sa mère. Photo : Christin Khan, NOAA (Wikimedia Commons)

On retrouve cette espèce cosmopolite dans les océans des deux hémisphères, de manière dispersée, et les observations sont rares dans le Saint-Laurent. Grâce à une analyse génétique, Urgences Mammifères Marins a pu confirmer qu’une carcasse de rorqual boréal s’était échouée à Baie-Comeau en 2009.

Une habitude alimentaire du rorqual boréal, qu’on ne retrouve pas chez les autres rorquals, est qu’il « écrème » souvent ses proies, et ce, même s’il est pourvu de sillons ventraux – il filtre ainsi sa nourriture au fur et à mesure.

Décimés par la chasse, les rorquals boréaux sont peu étudiés. Les rencontres avec ces animaux qui vivent loin des côtes et en eaux profondes sont rares, imprévisibles et brèves. Les iles Malouines (Atlantique Sud) ont toutefois été désignées comme point chaud pour l’observation de l’espèce, d’où la création du Sei Whale Project en 2016 dans l’archipel, qui vise à cumuler des données pour mieux comprendre ces baleines.

Trou est un rorqual commun femelle qui tient son nom peu poétique de la protubérance derrière son évent, sur son flanc gauche, qui ressemble un peu au cratère d’un volcan. Cette marque est sa signature qui la rend facilement reconnaissable. D’autres caractéristiques moins évidentes permettent aussi de reconnaître cet individu: un chevron très pâle comparé aux autres rorquals commun, une dépression en avant de la nageoire dorsale qui brise la ligne continue de son dos, et deux encoches discrètes sur sa nageoire dorsale assez courbée.

La semaine dernière, des groupes de rorquals communs au large de l’île Verte s’alimentaient. On ne les observe pas régulièrement dans cette zone. Ces animaux étaient vraisemblablement attirés par l’abondance de nourriture, du lançon selon les études de l’équipe de Parcs Canada. On sait que les baleines viennent pour s’alimenter dans les eaux froides du fleuve. Qu’en est-il des proies des baleines cette année? L’équipe de conservation du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (PMSSL) rapporte un début de saison intense avec des bancs de poissons très denses dans le secteur du phare Haut-fond Prince en mai et juin. Entre fin juillet et début aout, ils ont pu répertorier du krill pour la première fois de la saison. Cela correspond exactement aux observations de rorquals bleus, qui se nourrissent quasi exclusivement de cette proie! C’était principalement du krill arctique, l’une des deux espèces de krill que l’on peut trouver dans l’estuaire Saint-Laurent, et il se trouvait à moins de 40 m de la surface. Très peu de krill a été observé depuis deux ans dans le parc marin. Une mission acoustique, menée par Dr Yvan Simard (MPO-IML et ISMER) a lieu à bord de l’Alliance, dans le fjord du Saguenay, jusqu’au 26 août. L’étude va nous permettre de connaitre la propagation des sons dans ce secteur.

Une énorme dépression entourée d’une boursoufflure, située à l’arrière de l’évent sur le côté gauche, lui vaut ce surnom. Sur le côté droit, des caractéristiques moins spectaculaires servent aussi à l’identifier: une nageoire dorsale assez courbée avec deux encoches très discrètes; une dépression en avant de la nageoire dorsale brise la ligne continue de son dos. Trou n’a pas de chevron contrasté, comme la plupart des rorquals communs.

Cette année, elle a été vue pour la première fois par l’équipe du GREMM le 11 juin. Après s’être éclipsée du parc marin quelque temps, elle a réapparu le 11 août.

Trou est qualifiée résidante saisonnière de l’estuaire, car elle a été vue pendant plus de trois quarts des années depuis la première observation en 1994.

On a vu Trou accompagnée d’un veau en 2006 et en 2009, mais on ne peut pas établir qu’elle a un lien de parenté avec eux. Cet intervalle de trois ans correspond pourtant bien au temps minimal qui s’écoule entre chaque naissance chez les rorquals communs. Après une gestation de 11 à 12 mois, les baleineaux naissent entre novembre et janvier. Le nouveau-né pèse près de 2 t et mesure plus de 6 m. Il est allaité par sa mère pendant 6 à 7 mois. Une fois sevré, le jeune recherche parfois la compagnie d’un adulte, mais pas forcément celle de sa mère.

Les rorquals communs de l’Atlantique Nord – dont font partie les individus fréquentant le Saint-Laurent – partent pour des eaux tempérées pour se reproduire en hiver. Leurs aires de mise bas, certainement situées plus au sud dans l’océan, sont mal connues, ainsi que leurs déplacements migratoires. Ces animaux solitaires forment des associations en paire ou en groupe de manière temporaire. Dans les années 1980 et 1990, des groupes de plusieurs dizaines de rorquals communs (jusqu’à 40 individus) ont été observés dans l’estuaire.

Le GREMM gère le catalogue des rorquals communs de l’estuaire depuis 1986 dans lequel figure une centaine d’individus. Les rorquals communs identifiés dans le golfe, quelque 450 individus, sont regroupés dans le catalogue du MICS depuis 1980. Au Canada, le statut de conservation du rorqual commun est « préoccupant ».

Rorqual commun au nom évocateur, quoique bien peu poétique, Trou se reconnaît facilement à l’énorme dépression et boursoufflure qu’elle a derrière la tête, du côté gauche. Plus discrète du côté droit, elle est tout de même identifiable, surtout en photo, par deux légères encoches sur le bord de fuite de sa nageoire dorsale, l’une tout en haut et l’autre à la base.

Trou est une femelle, comme l’a révélé une biopsie. Fidèle au parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, elle est répertoriée depuis 1994. Cette année, elle est régulièrement photographiée dans le secteur depuis le 16 juillet.

L’identification des rorquals communs révèle le visage des baleines et permet de raconter leurs histoires individuelles : une valeur ajoutée quand on observe ces animaux! C’est aussi un outil scientifique de choix pour assurer le suivi de ce troupeau qui a permis l’épanouissement d’une industrie touristique basée sur l’observation des baleines dans la région. Ce travail a mis en lumière l’importance du parc marin comme destination pour l’alimentation des baleines, avec un troupeau d’animaux fidèles qui reviennent année après année pour y séjourner plusieurs semaines. La photo-identification, pratiquée de façon systématique, permet de caractériser le patron de résidence des animaux et de générer des indices d’abondance comparables d’une année à l’autre. Un milieu unique, un milieu en changement, un milieu à comprendre pour en prendre soin de façon responsable : c’est pour ces raisons que le Fonds Éco-Baleine, auquel contribue les entreprises d’excursion membre de l’Alliance Éco-Baleine, soutient le recensement photographique des rorquals du parc marin, effectué par le GREMM.

Deuxième plus grande baleine au monde, le rorqual commun occupe tous les océans d’un pôle à l’autre, et est aussi présent en Méditerranée. Il s’agit de l’espèce qui a le plus été chassée au XXesiècle, avec 725 000 prises dans l’hémisphère Sud et probablement près de 100 000 dans l’hémisphère Nord. L’Islande et le Japon chassent encore cette espèce.

Le grand trou qu’il a sur son dos, derrière l’évent du côté gauche, est à l’origine du nom de ce rorqual commun femelle connu depuis 1994 (code Bp059) et aperçu plusieurs fois depuis le 2 août dernier, notamment en face des Escoumins. On reconnaît aussi Trou à la grande dépression devant sa nageoire dorsale, à la subtile encoche dans le haut de sa dorsale et à son chevron peu contrasté. Considéré comme un « résidant saisonnier » vu ses retours au Saint-Laurent plus de trois années sur quatre, rien d’étonnant donc à ce qu’on l’ait vu en 2011 en compagnie de Capitaine Crochet et de U2, deux autres habitués des lieux.

On a parfois vu Trou avec un jeune en 2006 et 2009, sans savoir si un réel lien de parenté existait entre eux. Pourquoi ne voit-on pas plus de paires adulte-jeune ici? On en sait relativement peu sur la reproduction chez de cette espèce, bien que les données de la chasse passée suggèrent que les femelles donnent naissance en hiver à un baleineau tous les deux ou trois ans, après une période de gestation de 11 à 12 mois. Les jeunes restent avec leur mère pendant six à huit mois. Il se peut que les mères rorquals communs, ayant donné naissance à leur jeune tôt en hiver et arrivant tard dans l´estuaire, aient déjà sevré leur jeune et soient vues seules. Une fois sevré, le jeune rorqual commun recherche parfois la compagnie d´un adulte, mais pas nécessairement sa mère.

Les rorquals communs viennent dans le froid et riche Saint-Laurent pour se gorger de hareng, de capelan et de krill, que ce soit en solo, en paires ou en groupes de trois à plus d’une vingtaine d´individus, selon les marées semble-t-il : regroupements serrés au montant et dispersion au baissant.