La baleine noire de l’Atlantique Nord identifiée comme Wolverine devrait être analysée vendredi matin, sur l’ile de Miscou, au Nouveau-Brunswick. La nécropsie nécessitera l’apport de près de vingt personnes et de machineries lourdes. Une baleine noire peut mesurer jusqu’à 17 mètres et peser jusqu’à 70 tonnes. La manipulation d’une telle carcasse n’est donc pas aisée.

La carcasse de la baleine noire a été repérée le 4 juin dernier lors d’un survol aérien effectué par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) à environ 50 milles nautiques entre la péninsule gaspésienne et l’ile Miscou. Elle se trouvait dans une zone de pêche fermée par prévention des empêtrements depuis le 17 mai. Le 5 juin, un navire de la Garde côtière canadienne, le NGCC A. LeBlanc, a entrepris le remorquage de la carcasse vers le Nouveau-Brunswick. Après une traversée de près de 13 heures, le navire se trouve avec la baleine près de la côte en attente de la nécropsie qui devrait avoir lieu le 7 juin.

Une nécropsie est l’équivalent d’une autopsie chez les humains. Elle permet d’analyser en profondeur l’animal. C’est grâce aux nécropsies que les vétérinaires spécialisés ont pu conclure qu’en 2017, sur les douze baleines noires trouvées mortes, deux étaient décès étaient liés à l’empêtrement dans du matériel de pêche, quatre décès étaient liés à des collisions avec des navires et un décès restait de cause inconnue. Pour le moment, les observations de la carcasse de Wolverine n’ont pas permis de déterminer la cause ni le moment exact du décès.

Des équipes spécialisées de vétérinaires, de biologistes et de spécialistes des mammifères marins de Pêches et Océans Canada, de la Marine Animal Response Society, de l’Atlantic Veterinary College de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard et de l’Université de Montréal collaboreront à la nécropsie. Les résultats des analyses pourraient prendre plusieurs mois avant d’être disponibles.

En juin 2017, une nécropsie de baleines noires avait demandé la collaboration de plusieurs équipes et l’utilisation de machinerie lourde. Cette collaboration recommence encore cette année. © Pêches et Océans Canada

La baleine noire s’appelait Wolverine

L’équipe du New England Aquarium a identifié la baleine noire. Il s’agit de Wolverine, un mâle né en 2010 de la femelle 3123. Il devait son nom aux trois grandes cicatrices à la base de sa queue, héritée d’une collision avec une hélice de moteur alors qu’il avait 5 ans. Durant les cinq premières années de sa vie, Wolverine a été vu empêtré trois fois, deux empêtrements considérés comme mineurs et un modéré, selon les standards développés par le New England Aquarium. Cet individu a été vu en 2017 et en 2018 dans le golfe du Saint-Laurent.

Les cicatrices de Wolverine, liée à une collision avec une hélice de moteur © Sheila McKenney/Associated Scientists of Woods Hole/Marineland Right Whale Project

 Un écosystème en changement

Une partie de la population des baleines noires de l’Atlantique Nord passait traditionnellement les étés dans la baie de Fundy. Depuis 2017, la baie de Fundy semble moins fréquentée et une augmentation majeure des observations de baleines noires a été notée dans le golfe du Saint-Laurent. En 2017, douze carcasses de baleines noires ont été trouvées dans le golfe. Des mesures d’atténuation des risques d’empêtrement et de collisions ont été instaurées d’urgence durant l’été. En 2018, des mesures ont aussi été appliquées. Aucune carcasse n’a alors été trouvée. Encore cette année, des zones de réduction de vitesse et de mesures d’atténuation des menaces d’empêtrements ont été mises en place.

Pour en savoir plus

Le portrait complet de Wolverine (New England Aquarium)

Le dossier sur les baleines noires en 2018 (Baleines en direct)

Le dossier sur les baleines noires en 2017 (Baleines en direct)

La fiche signalétique de la baleine noire (Baleines en direct)

Outils de référence

Carte interactive des observations de baleines noires en eaux canadiennes : WhaleMap et Attentif aux baleines

Carte interactive des observations de baleines noires en eaux états-uniennes: NOAA

Suivi des mesures de ralentissement en prévention des collisions : Transports Canada

Suivi des fermetures de zones de pêche : Pêches et Océans Canada


Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017. Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.
Actualité - 6/6/2019

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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