Les bélugas continuent de ravir les yeux de la Haute-Côte-Nord à Charlevoix. Le 24 avril, un troupeau d’environ sept bélugas progresse devant Cap-aux-Oies. D’autres dos blancs paraissent bien plus loin en aval.

Le 25 avril, un riverain des Bergeronnes profite de la présence d’une dizaine de bélugas tôt en matinée. En après-midi, c’est plutôt une paire qui reste au large devant la maison pendant plus de deux heures. De quoi ralentir les activités d’une journée quand il y a tant à observer!

«Je n’ai pas réussi à le prendre en photo, mais peut-être le connaissez-vous, il a le dos tout croche», décrit un observateur, surpris de voir un béluga au dos bossu aux Escoumins le 26 avril. Il tente même un croquis pour montrer la bosse bien visible sur le dos. Toutefois, impossible sans photo de confirmer l’identité du béluga, car il y a plus d’un individu dans le Saint-Laurent à avoir un dos déformé. Pascolio, Néo et Scolio font partie des plus connus. Qu’est-ce qui rend leur dos si différent? Il est possible que ces bélugas souffrent d’une scoliose ou d’une lordose.

Les dos noirs

Le 25 avril, aux Escoumins, un observateur voit son premier petit rorqual de la saison. «Il était gros! Il allait vers Tadoussac, et il y allait vraiment vite», raconte-t-il.

Le lendemain, la responsable par intérim du Centre d’appels du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, Méduline Chailloux, profite de sa journée de congé pour marcher sur la plage qui longe la baie de Tadoussac. Elle s’installe sur les rochers de la pointe Rouge et s’endort, bercée par le son des vagues et la caresse du soleil. Quelle ne fut pas sa surprise d’être réveillée par le souffle d’un petit rorqual! «Il était à seulement quelques mètres de moi et repartait vers le large. J’ai pu le voir revenir à la surface trois fois.»

Le 28, à Gallix, une riveraine aperçoit un dos noir. Elle entend l’animal respirer, mais ne voit pas de souffle. Elle parvient à photographier la baleine tandis qu’elle longe la rive. Son dos en croissant de lune permet d’identifier un petit rorqual.

Dans la baie de Gaspé, entre un et quatre petits rorquals sont observés tous les jours par une résidente à l’œil aguerri de Cap-aux-Os. Le 24 avril, toutefois, de gros remous en surface l’intriguent.

«J’ai vu quelque chose d’étrange en surface apparaitre, peut-être une tête ou une queue, puis ça a disparu. J’ai été patiente et j’ai attendu. Puis j’ai vu un premier rorqual remonter à la surface. Un deuxième est apparu plus loin. Ils s’alimentaient en surface. J’ai fini par voir leurs grands souffles et leurs dos, c’est là que j’ai pu confirmer que c’était des rorquals communs», raconte-t-elle. Le dos des rorquals communs possède ce qu’on appelle un chevron, une forme triangulaire plus pâle qui permet aux humains de distinguer les individus entre eux.

Et un dos gris bleu

Le 29 avril, Jacques Gélineau repère au large de Port-Cartier l’évent protubérant et le dos gris tacheté d’un rorqual bleu. «Il est bien en chair, en tout cas», se réjouit-il. L’observateur célèbre aussi le retour de plusieurs migrateurs ailés, dont des plongeons huards, des cormorans et des petits pingouins.

Mammifère marin ou pas?

Après s’être fait réveiller par le petit rorqual, Méduline se rend vers les dunes de Tadoussac. Lorsqu’elle croise la rivière du Moulin-à-Baude, un mouvement la surprend. Une loutre! Est-ce une loutre de mer? Non, la loutre de mer (Enhydra lutris), ne vit au Canada que dans le Pacifique. De ce côté-ci du continent, nous trouvons plutôt des loutres de rivière (Lontra canadensis). Même si elle côtoie de près le milieu marin, la loutre de rivière n’est donc pas, comme sa cousine du Pacifique, un mammifère marin. Pour être considéré comme un mammifère marin, l’animal doit passer la majorité de sa vie et effectuer la majorité de ses activités dans l’eau. Pour connaitre les différences les plus marquantes entre les loutres de mer et de rivière, consultez le sympathique jeu-questionnaire de Pêches et Océans Canada.

 

Observations de la semaine - 30/4/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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