Pointe-des-Monts, 8 février. Pas besoin du thermomètre pour savoir que l’air est glacial : une fumée de mer s’installe sur le fleuve. Lorsque l’eau plus chaude (et chaud est ici bien relatif) entre en contact avec l’air très froid, elle s’évapore. Malgré le brouillard devant son chalet, un riverain remarque un mouvement sur le fleuve. Quelques secondes plus tard, deux dos noirs font surface. C’est une grande surprise d’avoir devant son chalet deux rorquals à bosse en février. «En 52 ans, c’est la première fois que j’en vois à ce temps-ci de l’année à Pointe-des-Monts», s’exclame un observateur. «Depuis une douzaine d’années, je vois chaque hiver une paire de rorquals bleus, un plus gros, l’autre plus petit. Mais des bosses, ça, c’est nouveau!» Durant le temps des fêtes aussi, il avait pu en observer. «Autant je suis content d’en voir, autant ça m’inquiète. Est-ce parce qu’on a de moins en moins de glace?»
Pendant près d’une heure, il assiste à une chorégraphie qu’il voit fréquemment l’été. Deux rorquals à bosse nagent environ deux kilomètres vers l’est, plongent, ressortent et refont deux kilomètres vers l’ouest. Il présume qu’il assiste à une technique d’alimentation.
Depuis 2016, on trouve des mentions des rorquals à bosse en février dans les chroniques des observations de la semaine. Sont-ce les mêmes individus? Sans photos, impossible de le déterminer. Ce qu’on sait, c’est qu’on observe l’été de plus en plus d’individus dans le Saint-Laurent.
La baie de Gaspé n’a que très peu de glace ces jours-ci, mais à l’extérieur de la baie, elle s’accumule. Devant Cap-aux-Os, une ornithologue compte une quinzaine de phoques communs et un phoque du Groenland le 10 février. «Ils étaient très vocaux», s’étonne-t-elle. Hurlements et grognements s’alternent avec des claquements sur l’eau. Habituellement, les phoques communs sont considérés parmi les moins vocaux des pinnipèdes lorsqu’ils sont à la surface. Toutefois, en présence d’un individu d’une autre espèce, ils peuvent parfois réagir très bruyamment. Tentaient-ils de faire fuir le phoque du Groenland?
À bord d’un navire, un pilote du Saint-Laurent croise la route d’une centaine de phoques, une grande mouvée, nageant au large des Escoumins le 8 février. En aussi grand nombre et à cette période de l’année, il y a de fortes chances que ce soit des phoques du Groenland.
À Gallix, une riveraine profite du temps plus clément pour marcher en raquette le long du fleuve le 12 février. Elle repère trois phoques dérivant sur un morceau de glace. Ils lèvent la queue à l’occasion. Plus au large, une soixantaine d’autres se reposent. À partir de Port-Cartier aussi, des phoques sont visibles.
Vous avez vu, entendu des phoques ou des baleines? N’hésitez pas à m’écrire! Votre observation nourrira la prochaine chronique.