Septembre amène non seulement l’éblouissant changement de couleur des feuilles, mais aussi les souffles puissants de nombreuses grandes baleines et la migration de milliers d’oiseaux. Dans le golfe, quelques baleines noires de l’Atlantique Nord, des dauphins à nez blancs et des rorquals communs sont recensés, alors que dans l’estuaire, ce sont les rorquals bleus qui volent la vedette, accompagnés de la présence attendue et célébrée de deux rorquals à bosse. La belle saison des baleines n’est pas encore terminée!
Le retour de vedettes
Alors que le Festival des oiseaux migrateurs de la Côte-Nord bat son plein, c’est en portant le regard vers le ciel et sur l’eau que des observations inattendues surviennent dans l’estuaire. « Lors de la croisière à la découverte des oiseaux pélagiques, nous avons observé de curieux bélugas et une baleine bleue. Les phalaropes à bec étroit et des macareux moines ont complété la sortie », souligne une ornithologue chevronnée. Pouvant s’élever à plus de six mètres de hauteur, le souffle du rorqual bleu est perceptible de loin. En tendant l’oreille par temps calme, on peut même entendre la détonation, faisant penser à un canon, que produit l’expiration du plus gros animal sur Terre.
Dans le secteur du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, on célèbre l’arrivée de plusieurs vedettes dans les derniers jours, notamment les rorquals bleus B112 (Torishinto) et B091, les rorquals communs Bp942 (Piton), Bp2819 et Bp935 ainsi que les rorquals à bosse H742 (Chalk) et H944. Le rorqual à bosse H944 est venu tous les ans dans l’estuaire depuis sa première observation, en 2019. « C’est un brin rassurant de revoir un rorqual à bosse que beaucoup de gens connaissent bien », partage un capitaine-naturaliste. Son retour coïncide avec les observations de nombreux autres rorquals le même jour. Y aurait-il une forte abondance de nourriture dans le parc marin? C’est bien possible!
Petits et grands rorquals
« On fête le retour (déjà vu le printemps dernier) de Zipper (Bp097) dans notre secteur! », s’exclame un naturaliste et photographe animalier œuvrant dans le parc marin. Ce rorqual commun, connu depuis 1994, tient son nom de la grande cicatrice en forme de fermeture éclair sur son flanc droit, due à une rencontre avec une hélice de bateau. L’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), sur l’eau le 16 septembre, rapporte « 9 grands rorquals en plus de marsouins partout, deux bélugas […], des petits rorquals et des phoques gris ». Un rorqual commun aurait même été vu en train se projeter hors de l’eau par une capitaine bien privilégiée. Oui, oui! Il peut arriver à de rares occasions que le deuxième plus long des rorquals effectue un breach, un comportement qui nécessite pratiquement autant d’énergie qu’une personne de taille moyenne courant un marathon!
« Un phoque commun se grattait et bâillait en faisant la banane sur une roche à la Pointe de la Croix dimanche matin », rapporte une naturaliste de passage aux Escoumins. Le fjord du Saguenay est également le repère de quelques petits rorquals et de bélugas, qui se font remarquer en sortant leurs dos scintillants sous la douce lumière de fin d’été. Huit petits rorquals, la majorité en alimentation, circulaient près des Escoumins le 12 septembre, relate l’équipe du Mériscope.
Des phoques et des grands souffles en Gaspésie
De l’autre côté du Saint-Laurent, les pinnipèdes parsèment les flots : « Que des phoques communs et gris », mentionne une fidèle observatrice. À l’approche de l’automne, les phoques communs entrent en période de reproduction. Les mâles peuvent alors être entendus en train de vocaliser pour attirer les femelles. Un peu plus de neuf mois plus tard, de la mi-mai à la mi-juin, les femelles mettront bas sur le rivage du Saint-Laurent! Le petit chiot sera alors allaité de quatre à six semaines.
Au niveau de Mont-Louis, une observatrice nous rapporte une dizaine de souffles au large : « On pense que c’était des rorquals communs en troupeau. Je n’ai jamais vu autant de souffles si haut. Le soleil se couchait, ça brillait de partout! ». Un peu plus vers l’Est, un petit rorqual est repéré à Chandler, alors que deux rorquals à bosse et deux rorquals communs nagent dans la baie de Gaspé. Des voyageurs de passage à L’Anse-Pleureuse ont quant à eux eu la chance d’observer deux rorquals bleus et un rorqual à bosse avant de reprendre la route.
Des recherches fructueuses
Le Centre de recherche et d’éducation de Sept-Îles (CERSI) évoque « 15 rorquals communs, 3 bosses, 2 bleues » dans leur secteur. Plus d’une centaine de marsouins communs et des dauphins à nez blancs sont également observés. La Station de recherche des Îles Mingan (MICS) souligne quant à elle la présence de plusieurs baleines noires de l’Atlantique Nord, dont #1507 (Manta) et #3940 (Koala), respectivement mâle et femelle. Une paire mère-veau rorqual commun est également recensée, mais les individus restent à être identifiés. Le petit du rorqual commun peut faire plus de six mètres dès la naissance.
Près de la Grande Anse, dans le secteur de Mingan, « 4 ou 5 jeunes phoques communs curieux qui tournent autour de l’embarcation à l’arrêt au milieu de l’anse », raconte une navigatrice. Un voilier d’une trentaine de macreuses et un pygargue à tête blanche complètent le portrait.
Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations
Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
Cliquez sur les icônes de baleine ou de phoque pour découvrir l’espèce, le nombre d’individus, des informations supplémentaires ou des photos de l’observation. Pour agrandir la carte, cliquez sur l’icône du coin supérieur droit. La carte fonctionne bien sur Chrome et Firefox, mais pas aussi bien sur Safari.
Pour faire apparaitre la liste des observations, cliquez sur l’icône du coin supérieur gauche.
Abonnez-vous à notre infolettre pour des nouvelles de baleines à toutes les semaines!
Merci aux collaborateurs et collaboratrices!
Merci aux observateurs et observatrices qui partagent avec nous leur amour pour les mammifères marins! Vos rencontres avec les cétacés et les pinnipèdes sont toujours un plaisir à lire et à découvrir.
Ce sont vos yeux, sur l’eau ou depuis la berge, qui permettent à cette rubrique de voir le jour.
- Thalia Cohen Bacry
- Mathieu Côté
- Guylaine Côté
- Laetitia Desbordes
- Cédric Gascon
- Stéphanie Houde
- Diane Ostiguy
- Renaud Pintiaux
- Pascal Pitre
- Guillaume Savard
- Christine Stadelmann
- Guillaume Synnott
- Ophélie Turgeon
- Marielle Vanasse
Et tous les autres!
Merci aussi aux équipes qui partagent leurs observations :
Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI)
Station de recherche des Îles Mingan (MICS)
Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM)
Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM)
Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
Mériscope
Vous souhaitez vous aussi partager vos observations?
Vous avez observé des mammifères marins dans le fleuve Saint-Laurent? Qu’il s’agisse d’un souffle au large ou de quelques phoques, écrivez-nous et envoyez-nous vos photos à [email protected]