Le nombre de paires d’yeux sur l’eau et sur les rives ne cesse d’augmenter. Pourtant, certaines journées, malgré tous les efforts, aucune baleine n’est repérée. Mais à d’autres moments, elles sont au rendez-vous, et en grand nombre et diversité! Voilà bien les aléas de l’observation de la faune.

Le retour des observations en mer

Depuis le 1er juillet,  les croisières d’observation des baleines sont à nouveau autorisées par Transports Canada. Les compagnies ont dû s’adapter pour accueillir les passagers dans le respect des nouvelles règles de santé publique. À travers le Québec, le public semble au rendez-vous et les baleines aussi!

Le 6 juillet, dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, un trio de rorquals à bosse nage ensemble : Tic Tac Toe, son veau et H858. En 2017, H858 est photographié avec sa mère par la Station de recherche des iles Mingan. Cette baleine est observée dans le parc marin en 2018 et en 2019. La jeune bosse deviendra-t-elle une habituée de l’estuaire?

Renaud Pintiaux photographie le trio très près d’un cargo. Partout dans leur habitat, les baleines ont à cohabiter avec un trafic maritime varié: embarcations de plaisance, embarcations d’observations, bateaux de recherche et cargos, vraquiers, pétroliers et autres navires commerciaux.

Plusieurs actions de prévention des collisions et du dérangement existent selon les types d’embarcations.

Pour les plaisanciers, une formation en ligne gratuite permet de mieux comprendre les comportements des baleines et les règlements en place pour les protéger. Les capitaines de croisières aux baleines dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent doivent suivre une formation obligatoire et passer un examen avant de pouvoir naviguer auprès des baleines. Pour ce qui est des cargos, diverses initiatives et mesures existent. Nous vous en parlerons au cours des prochaines semaines dans un article complet sur le sujet.

Des quinzaines de petits rorquals sont aussi photographiés lors des croisières. Certains ont des nageoires dorsales bien tronquées, montrant que la vie sous l’eau n’est pas toujours de tout repos.

Du côté de la baie de Gaspé, en Gaspésie, les croisiéristes profitent de la présence de petits rorquals, de rorquals à bosse, dont une mère et un veau, de rorquals communs (jusqu’à 6 en même temps) et même d’un rorqual bleu!

Ce n’est pas une baleine, mais un requin!

Une grosse nageoire dorsale triangulaire sur un dos noir, surprend un pêcheur à Saint-Siméon, en Gaspésie, le 2 juillet. Une baleine? Non, un requin pèlerin! Deuxième plus gros poisson du monde, le requin pèlerin a entre autres comme habitat le golfe du Saint-Laurent. Le requin pèlerin a une taille similaire à celle d’un petit rorqual (7 à 9 mètres) et se nourrit de zooplancton qu’il gobe bouche grande ouverte et qu’il filtre par ses branchiospines. Sa proie préférée serait la même que celle des baleines noires de l’Atlantique Nord: les copépodes.

Des bélugas de Charlevoix aux iles du Bic

Oui, on peut voir des bélugas dans le Bas-Saint-Laurent, et pas juste au quai de Rivière-du-Loup ou à Cacouna. De passage autour des iles du Bic, des observateurs s’étonnent de croiser des bélugas. Si ce secteur est hors de l’habitat essentiel des bélugas en saison estivale, il reste dans l’habitat annuel de cette espèce.

Même si le Centre d’interprétation des mammifères marins à Tadoussac n’est pas encore ouvert (patience, il ouvre le 26 juillet), les bélugas, eux, nagent devant presque tous les jours. Certains remontent même le Saguenay jusqu’à la baie Sainte-Marguerite.

Du côté de Saint-Irénée, les bélugas semblent ponctuer le bleu du Saint-Laurent moins souvent qu’au printemps. Mais à l’occasion, ils offrent un ballet ravissant à qui sait scruter le large.

Une espèce en cache une autre

Les baleines n’ont pas juste à cohabiter avec les humains. Elles doivent cohabiter entre espèces. Le 3 juillet, un observateur de Baie-des-Sables note le passage d’un petit rorqual, suivi de près par un rorqual commun. De les voir l’un à la suite de l’autre permet de bien saisir la différence de taille des deux espèces, soit plus de 10 mètres de différence!

Le 6 juillet, trois rorquals à bosse nagent près de 80 bélugas au large de Tadoussac. Non loin, une quinzaine de petits rorquals s’alimentent dans une barre de courant, tandis que des phoques du Groenland nagent sur le dos près d’eux.

Les chercheurs cherchent les baleines

Certains secteurs apparaissent plus tranquilles. La chercheuse Anik Boileau le constate près de Sept-Îles. «En cinq jours de sorties en mer, je n’ai croisé que deux petits rorquals», déplore la directrice du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles.

Un collaborateur de la Station de recherche des iles Mingan sort deux fois au cours de la semaine dans deux secteurs différents, à la recherche de grands rorquals. Une sortie, il ne voit aucun cétacé. À la deuxième sortie, il repère beaucoup de phoques, beaucoup de marsouins, quelques petits rorquals, une douzaine de bélugas, mais aucun grand souffle. Comme quoi chaque sortie est unique, chaque rencontre avec les baleines, un privilège, et chaque observation, un moment à chérir.

Où sont les baleines cette semaine? Voilà ce que nos collaborateurs et collaboratrices ont vu!

Ces observations donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!

Cliquez sur les icônes de baleine ou de phoque pour découvrir l’espèce, le nombre d’individus, des informations supplémentaires ou des photos de l’observation.  Pour agrandir la carte, cliquez sur l’icône du coin supérieur droit.

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Cette carte représente un ordre de grandeur plutôt qu’un recensement systématique.

Observations de la semaine - 9/7/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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