On les attend habituellement à la fin juin. Mais déjà, au moins deux marsouins communs ont été observés au large de Sept-Îles. Une membre de l’équipage du Bella-Desgagnés les a repérés une première fois le 25 avril alors que le bateau passait à la pointe ouest de l’ile d’Anticosti. Une autre personne observe deux marsouins communs (peut-être les mêmes, peut-être d’autres) le 28 avril dans la même zone.
Le marsouin commun est un visiteur saisonnier du Saint-Laurent, mais une analyse sur les prises accidentelles faites dans les années 1970 montre que certains marsouins se trouvaient même en hiver dans l’estuaire du Saint-Laurent. Est-ce que la situation a changé depuis? Puisque son espèce n’est pas en voie de disparition, le marsouin commun est peu étudié, et on ne le sait donc pas.
De taille similaire à un petit humain (environ 1,6 m), le marsouin commun peut facilement passer inaperçu, ce qui complique encore plus son observation. Même un nouveau-né béluga est aussi grand qu’un marsouin adulte! Sa petite taille en fait aussi une proie pour des grands requins blancs et des épaulards, en plus d’être parfois la cible d’attaques de dauphins et de phoques gris. Pas facile, la vie de marsouin!
Le lendemain, au large de Sept-Îles encore, deux petits rorquals sont observés, un dans la baie de Sept-Îles et l’autre devant la plage Ferguson. Un phoque du Groenland traine aussi dans la région, tout comme de nombreux oiseaux marins migrateurs.
Le retour de Bp2805
Non, ce n’est pas le nom d’un robot, c’est plutôt le numéro d’identification d’un rorqual commun au catalogue de photo-identification de l’estuaire du Saint-Laurent. Les lettres B et p rappellent l’abréviation du nom latin de l’espèce, Balaenoptera physalus. Bp2805, donc, est photographié le 24 avril devant Les Bergeronnes. Ce rorqual commun connu depuis 2017 est vu chaque année depuis. Durant l’été 2020, Bp2805 a séjourné de juillet à octobre dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Restera-t-il aussi longtemps cette année? Il fait en tout cas une arrivée remarquée, en éclaireur.
Un béluga solitaire
Dans le port de Matane, un dos blanc apparait. L’observatrice s’étonne de trouver un béluga, seul, ici. Au printemps, les bélugas quittent le golfe où ils ont passé l’hiver pour rejoindre l’estuaire. Il arrive que certains bélugas trainent un peu plus longtemps sur le chemin de cette courte migration. Depuis, le béluga solitaire semble avoir repris son chemin.
La première baleine noire de l’Atlantique Nord
Il y en a qui sont à la traine… et d’autres qui prennent de l’avance! Transports Canada et Pêches et Océans Canada ont repris leur surveillance aérienne du golfe afin de détecter la présence de baleines noires de l’Atlantique Nord, une espèce en voie de disparition dont on ne compte environ plus que 350 individus. Par sa présence, la première baleine noire observée le 24 avril dans le détroit de Cabot, au nord-est des Îles-de-la-Madeleine, déclenche la fermeture d’une zone de pêche, pour éviter qu’elle ne se prenne dans les cordages. Plus de 80% des baleines noires de l’Atlantique Nord se sont déjà pris au moins une fois dans un engin de pêche, et les prises accidentelles sont une des principales causes de mortalité. L’an dernier, les mesures de fermeture de zones de pêches ont participé à prévenir les empêtrements, au point où aucune baleine empêtrée n’a été détectée du côté du Canada.
Une observation intrigante
Le 20 avril, une riveraine des Bergeronnes observe un groupe de… Mmm. Elle est intriguée. Les animaux ne ressemblent pas aux grands troupeaux de bélugas qu’elle voit régulièrement, pourtant, elle note du blanc sur leur peau. Elle ne voit pas vraiment de nageoire dorsale, mais les animaux sont vraiment très loin de la rive. Leur mouvement de nage lui rappelle celui des marsouins communs. Il est encore tôt pour un grand groupe de marsouin, mais cela n’est pas impossible. Des dauphins, peut-être? Au printemps et à l’automne, les dauphins à flancs blancs font parfois des visites éclair dans l’estuaire. Ou alors, était-ce une mouvée de phoques du Groenland, un animal de grandeur similaire à celle d’un marsouin, avec du blanc dans la fourrure, nageant par petits bonds? C’est le mystère de l’observation de la faune! Même sans avoir une confirmation de l’espèce, la rencontre avec les animaux reste toujours une expérience touchante.