Dans sa jeunesse, Samuel Turgeon a passé beaucoup de temps à faire de la rando-camping dans les parcs nationaux. Aujourd’hui, cela lui parait un juste retour des choses de contribuer à la conservation d’espaces naturels. Originaire de Québec, Samuel est désormais basé à Tadoussac, d’où il pilote les programmes de surveillance du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Il supervise ainsi la récolte et l’analyse des données et développe les indicateurs de suivi qui permettent de guider la gestion du parc: trafic maritime, relevés hydroacoustiques, suivi des grands rorquals, activités d’observation en mer…
Réunir cartographie et océanographie
«À la fin du secondaire, je n’avais pas trouvé le métier que je voulais faire, raconte le chercheur. J’avais un petit livre qui présentait plein de professions, et je me souviens qu’il y en avait deux qui m’attiraient particulièrement: cartographe et océanographe. Comme je n’avais pas un profil science, j’ai fait une technique en géomatique et j’ai ensuite travaillé quelques semaines sur la cartographie des pylônes de téléphonie.» Mais Samuel trouve le sujet «vraiment plate». Alors il retourne sur les bancs de l’école et débute un bac en géographie et environnement à l’Université de Montréal.
Rapidement, il embarque comme assistant de recherche sur le projet de simulateur 3MTSim (Marine Mammal and Marine Traffic Simulator), où il fait la connaissance de Clément Chion, Robert Michaud et Cristiane C. de Albuquerque Martins, et découvre l’incroyable richesse du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Il y voit enfin l’opportunité de réunir ses différentes aspirations professionnelles. De poste d’assistant de recherche auprès de Nadia Ménard, à étudiant à la maitrise puis analyste à contrat, Samuel Turgeon finit par décrocher un poste dans l’équipe de Parcs Canada en 2013 comme technicien en gestion des ressources.
Un travail pluridisciplinaire
Chargé de créer des cadres d’analyse, de superviser les équipes de techniciens et de produire des rapports, Samuel passe désormais plus de temps devant l’ordinateur, mais garde toujours un pied sur le terrain. «J’adore la diversité des sujets sur lesquels je travaille et des partenaires avec qui j’échange. Les journées ne se ressemblent pas. Le matin, je vais analyser des données concernant les phoques communs, le midi, je vais rencontrer des acteurs de l’industrie maritime, et l’après-midi je vais parler des oiseaux marins.»
Son sujet de prédilection reste le suivi d’abondance des proies pélagiques grâce aux relevés hydroacoustiques. Le suivi, initié en 2009, permet de suivre le type de proie, l’emplacement et la densité des bancs de poissons ou de krill présents dans la colonne d’eau. «On peut par exemple identifier et quantifier les proies pélagiques qui attirent et retiennent les mammifères marins dans différents secteurs du parc marin, précise Samuel Turgeon. C’est un sujet de recherche vraiment intéressant que j’aimerais explorer davantage.»