Des coups de vent à plus de 90km/h balaient les rivages de la Côte-Nord le 17 novembre. Le Saint-Laurent déchainé, blanc de moutons, parait dangereux, inhospitalier. Si les souffles des baleines sont immédiatement dissipés, effaçant toute trace de leur présence, celles-ci semblent poursuivre leurs activités habituelles malgré l’agitation, comme ces petits rorquals observés à maintes reprises à Franquelin.
Les baleines s’acclimatent très bien au milieu marin et ses impétuosités. Elles n’ont besoin que d’environ une seconde pour remplir leurs poumons d’oxygène. Les muscles de l’évent sont puissants et reliés à des bouchons fibreux qui s’insèrent dans les narines lorsque les muscles sont relâchés et empêchent l’eau d’entrer dans l’évent. Les baleines contractent volontairement ces muscles pour ouvrir les évents et expirer au moment de faire surface. On suppose donc qu’elles sont capables de déterminer le bon moment et le bon endroit pour venir respirer malgré la turbulence des eaux. Puis, quand les vagues sont fortes, on verrait aussi les baleines sortir davantage leur corps de l’eau, ce qui leur permettrait d’élever leur évent au-dessus des flots pour respirer.
À l’occasion, les baleines subissent les effets des tempêtes. L’eau peut balayer l’évent ouvert et provoquer un étouffement. Les puissantes vagues pourraient les désorienter et causer des erreurs de navigation. L’hiver, sous l’action des grands vents, les glaces s’accumulant à certains endroits pourraient les piéger mortellement. Finalement, lorsque les rafales poussent leur nourriture, la répartition géographique des baleines se voit changée les jours suivants.
Le calme après la tempête
L’accalmie a suivi. Plusieurs observateurs terrestres ont repris leur exploration des berges les jours d’après. Le 18 novembre, un collaborateur de Sept-Îles repère trois grands souffles à 4 milles nautiques au sud-est de la pointe Jambon (Port-Cartier) et le passage fugace de quelques marsouins communs dans la baie Sainte-Marguerite (celle près de Sept-Îles, pas celle du fiord).
La même journée, à la pointe aux Alouettes à Baie-Sainte-Catherine, deux ornithologues scrutant deux harfangs des neiges découvrent un groupe de bélugas. Plumes blanches et dos blancs font une image de rêve! Des troupeaux de bélugas et des petits rorquals solitaires sont aussi vus quotidiennement depuis les dunes de Tadoussac ainsi que d’imposantes mouvées de phoques du Groenland.