Les tempêtes solaires ne sont pas la principale cause d’échouages massifs de cétacés dans la baie de Cape Cod, démontre une nouvelle étude de la National Aeronautics and Space Administration (NASA), du Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) et du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). L’équipe de recherche demande maintenant la collaboration d’autres scientifiques afin de découvrir l’ensemble complexe de facteurs contribuant aux échouages massifs, dans l’espoir de pouvoir un jour prévoir ces évènements ​​et agir de façon proactive.

Les scientifiques cherchent depuis longtemps les causes des échouages massifs de baleines. Baleines en direct présentait, il y a quelques mois, les résultats d’une étude suggérant que des tempêtes solaires pourraient avoir joué un rôle important dans l’échouage de 29 cachalots dans la mer du Nord au début de l’année 2016. Se pourrait-il que, à l’échelle planétaire, les tempêtes solaires — ces évènements d’activité solaire intense, lors desquels une quantité particulièrement élevée de particules chargées peuvent frapper et déformer le champ magnétique terrestre — soient la principale cause des échouages massifs? Des chercheurs spécialisés dans différents domaines, de la météorologie spatiale à la biologie marine, ont superposé leurs données pour tenter de répondre à cette question.

L’équipe s’est d’abord concentrée sur Cape Cod — le plus important lieu d’échouages massifs aux États-Unis — et a analysé près de deux décennies de données collectées par l’IFAW sur les échouages dans cette région, ainsi que les données terrestres et spatiales de la NASA.

Cette analyse n’a pas révélé de lien de causalité entre les perturbations du champ magnétique terrestre et les échouages massifs. « À date, il n’y a pas de preuve tangible que la météo spatiale est la principale cause », déclare Antti Pulkkinen, chercheur en météorologie spatiale au Goddard Space Flight Center, dans un communiqué de presse de la NASA. « Mais nous avons l’impression que les conditions géomagnétiques peuvent faire partie d’un cocktail de facteurs contributifs. »

Plongeant plus profondément dans le grand mystère des échouages ​​massifs, l’équipe a décidé d’élargir son analyse et d’inclure des ensembles de données océanographiques et atmosphériques supplémentaires provenant de la NASA. L’équipe elle-même s’est agrandie, afin d’inclure des collaborateurs spécialisés dans différents domaines, dont en analyse statistique.

« La NASA a accès à des ensembles de données océanographiques à grande échelle allant de la productivité primaire à la température de l’océan, les courants et le vent », explique Katie Moore, vice-présidente adjointe de la conservation et du bienêtre animal chez IFAW. « Pour la première fois, nous superposons d’énormes ensembles de données pour étudier ce phénomène. Peut-être trouverons-nous une “tempête parfaite” de conditions menant à un échouage. »

« Si nous arrivons à déterminer quelles conditions favorisent les échouages ​​et à développer un système d’alerte reconnaissant quand ces facteurs sont présents, les réseaux d’urgences de différentes régions pourront se préparer à l’évènement et déployer plus rapidement les secours sur le terrain », poursuit-elle. Dans la baie de Cape Cod, l’IFAW a implanté un programme d’intervention qui a fait passer le taux de survie des animaux échoués ​​de 14 à 75 % en près de 30 ans. Passer d’un mode réactif à un mode proactif pourrait permettre d’augmenter encore davantage le taux de survie.

Selon Desray Reeb, biologiste au BOEM, une étude des facteurs contribuant aux échouages devrait être effectuée dans chaque lieu où ces évènements sont fréquents. Il est probable que les facteurs soient les mêmes à l’échelle mondiale, mais qu’ils n’aient pas la même importance. La priorité de l’équipe est donc de préparer le terrain pour de futures études en développant des méthodes pour entreposer et analyser plusieurs ensembles de données. Ils envisagent de créer un outil au code source libre (open source) qui permettrait aux scientifiques du monde entier de collaborer et d’étudier les échouages dans leur région de la même façon.

Voici la vidéo conçue par la NASA pour expliquer leur travail collaboratif avec l’IFAW et le BOEM.

Actualité - 10/1/2018

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

Articles recommandés

Meredith Sherrill : un exemple de ténacité pour travailler avec les baleines!

Pour travailler sur les baleines, son parcours s’est tracé entre la Californie, le Michigan, l'Écosse, pour finalement l'amener au Québec!…

|Actualité 7/3/2024

La réduction de vitesse en présence de baleines fait ses preuves

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi des limites de vitesse sont imposées dans certains secteurs de navigation? Une partie de la…

|Actualité 29/2/2024

L’encourageante histoire écologique de la baleine grise

Chacune à leur façon, toutes les espèces de notre planète doivent composer avec les conséquences de l’action humaine, traçant ainsi,…

|Actualité 22/2/2024