La ménopause est un phénomène plutôt rare. Et pourtant une étude publiée dans Scientific Reports révèle que les femelles de deux espèces de cétacés – le béluga et le narval – s’ajoutent aux rangs du club sélect des ménopausées qui regroupe le globicéphale du Pacifique, l’épaulard et… l’humain! Chez toutes ces espèces, les femelles vivent de nombreuses années après que leur système reproducteur a graduellement cessé de fonctionner.
Mesurer la ménopause
La première grande question des chercheurs est de savoir quelles espèces de cétacés ont bel et bien une ménopause. Pour y répondre, l’équipe de Samuel Ellis de l’Université Exeter, en Angleterre, dénombre les follicules ovariens produits lors de l’ovulation. Les baleines ont la particularité de ne pas les dégrader complètement. On peut donc quantifier l’activité ovarienne avec le nombre de follicules d’une femelle à un âge donné.
Sur 72 espèces de cétacés étudiées (en excluant l’épaulard où la ménopause est déjà bien documentée), l’équipe de recherche observe la ménopause chez le béluga, le narval et le globicéphale du Pacifique. Chez ces espèces, après un certain âge, le nombre de follicules produits diminue et les cellules reproductrices commencent à se détériorer. Les cellules reproductrices vieillissent donc plus vite que les cellules de tout le reste du corps.
Mais les cétacés en ménopause sont-elles nombreuses? En recensant une population naturelle, combien en trouverions-nous? Les résultats de l’étude indiquent que les femelles survivent de façon significative à la ménopause. Chez le narval, on calcule que la moitié des femelles survivent après l’arrêt de leurs fonctions reproductrices, alors qu’elles ont plus de 40 ans! Par comparaison, on estime qu’il y a plusieurs milliers d’années, avant l’avènement de la médecine moderne, 40% des femmes vivaient plusieurs années après la ménopause.
Pourquoi la ménopause?
Chez les épaulards, le rôle d’une femelle au sein du groupe dans lequel elle vit varie selon son âge. Alors que les jeunes ont la responsabilité de produire des descendants, les plus vieilles, pour qui la reproduction est terminée, vont plutôt aider les autres. Mères et grand-mères vont donner un coup de main pour le bien de leur groupe social, amenant une plus-value au groupe. On constate que la ménopause persiste dans une population lorsqu’il y a un équilibre entre le cout à cesser de se reproduire et l’aide qu’on peut apporter au groupe.
Si la ménopause s’est répandue chez plusieurs espèces de cétacés, ce serait grâce à une structure démographique où les individus d’un groupe gardent de forts liens de proximité tout au long de leur vie.