Plusieurs bélugas nagent les uns près des autres au large de Pointe-aux-Outardes, ils sont environ 40. Derrière eux, des nuées d’oiseaux s’envolent près d’un bateau de pêche et, au fond du plan, les éoliennes tournent. Un observateur nous envoie une vidéo — filmée grâce la technique de digiscopie, soit de prendre des photos en appliquant un appareil photographique numérique sur l’oculaire d’une longue-vue terrestre — pour nous partager un aperçu de son expérience.
Voir des bélugas au large de Baie-Comeau est inhabituel, surtout en plein été lorsque les animaux se concentrent dans l’estuaire, entre l’ile aux Coudres et Forestville sur la Côte-Nord et l’ile du Bic sur la rive sud, ainsi que le fiord du Saguenay. Toutefois, au printemps, leur distribution est plus étendue, soit de l’ile aux Coudres jusqu’à la rive nord de la baie des Chaleurs. Presque chaque jour, Janie Giard, chercheuse au GREMM, repère des troupeaux de bélugas aux Bergeronnes. Si dans la portion aval de l’estuaire, la présence des bélugas se fait bien voir, en amont, les mentions sont plutôt rares. Une observatrice de Saint-Irénée dans Charlevoix, habituée de revoir les bélugas au printemps, se questionne sur cette absence.
Toujours à Baie-Comeau, une résidante souligne la présence d’un petit rorqual et d’une cinquantaine de fous de Bassan. Aux Bergeronnes, une naturaliste rapporte aussi l’observation de ces oiseaux majestueux. Avec une envergure pouvant atteindre les deux mètres, ils sont les plus grands oiseaux marins de l’Atlantique Nord.
À cette période de l’année, ils font route depuis la côte sud-est des États-Unis pour venir nicher dans les iles et dans les caps de Terre-Neuve et du golfe Saint-Laurent. D’ailleurs, c’est l’ile de Bonaventure, au large de Percé, qui accueille la plus importante colonie de fous de Bassan au Canada, soit plus de 100 000 oiseaux! Il n’est pas rare d’apercevoir des fous de Bassan au large de la Côte-Nord ou du Bas-Saint-Laurent en plein cœur de l’été, bien loin de leurs sites de nidification connus. S’ils sont forcés de voyager autant, pour se nourrir et nourrir leurs petits, c’est que l’abondance de leur proie principale, le maquereau, aurait grandement diminué dans les eaux du golfe, possiblement dû à la hausse de température.
Les fous de Bassan sont des chasseurs émérites. Après avoir repéré leurs proies du haut des airs, ils s’immergent sous l’eau (entre 7 à 10 m) après avoir réalisé un piqué vertigineux, ailes repliées, à grande vitesse (entre 70 et 110 km/h). Ils offrent ainsi tout un contraste avec le vol frénétique et l’air maladroit des petits pingouins aussi aperçus aux Bergeronnes cette semaine, non loin des fous.