Les observations de baleines et de phoques se font rares ces jours-ci. Au cours de la dernière semaine, on rapporte un grand souffle au large de Godbout, des bélugas vers la bouée K56 à Tadoussac, une cinquantaine de phoques à Cap-des-Rosiers et quelques autres en Minganie. Des observations normales pour février dans le Saint-Laurent. Et si on profitait de cette accalmie, cette semaine, pour parler des actualités «baleines» ailleurs sur la planète?

Des rorquals bleus s’ébrouent au Mexique

Une vidéo prise au large de la Basse-Californie, Mexique, montre deux rorquals bleus nageant à toute vitesse, perçant la surface avec tout le haut de leur tête, laissant même voir l’œil de l’individu le plus près du bateau. (On rappelle que dans le Saint-Laurent, il faut garder 400 mètres avec les rorquals bleus.) À la fin de la vidéo, on voit même un bout de queue apparaitre. Que faisaient ces deux baleines bleues? Hors contexte, avec une vidéo de neuf secondes, difficile de confirmer, mais il pourrait s’agir d’un comportement lié à la reproduction.

Pour avoir accès à une femelle, les mâles rorquals bleus effectuent parfois une course impressionnante où ils nagent à toute vitesse, entrent en collision ou se synchronisent dans leurs prouesses. Dans une étude publiée dans la revue scientifique Marine Mammal Science en septembre 2019, des scientifiques ont noté des cris particuliers liés à ces courses qui incluent mâles et femelles, soit le cri «D-Call». Si un hydrophone avait été plongé sous l’eau, alors peut-être aurait-on eu un indice pour savoir ce qui poussait ces deux rorquals à nager si vite.

Les globicéphales s’échouent en Nouvelle-Zélande

Les globicéphales noirs ont la fâcheuse manie de s’échouer vivant. Le 22 février, 49 individus sont trouvés échoués sur une plage isolée à Farewell Spit, Nouvelle-Zélande. Si ici, dans le Saint-Laurent, les échouages d’animaux vivants sont relativement rares et impliquent surtout des individus seuls, d’autres secteurs sur la planète voient ces évènements se répéter. Le Farewell Spit a déjà eu des échouages comptant plus de 600 globicéphales noirs. La présence d’une pente très progressive rend ce secteur dangereux à marée basse.

L’espèce globicéphale noir est aussi présente dans le Saint-Laurent, surtout dans le secteur du golfe. En 1930, il y avait d’ailleurs eu un échouage de 27 globicéphales noirs à l’est de Trois-Pistoles. Ce cétacé appartient à la grande famille des dauphins, comme le dauphin à flancs blancs ou l’épaulard. Très grégaires, les globicéphales noirs peuvent être observés en troupeau rassemblant des milliers d’individus, mais sont plus souvent vus dans des groupes de 20 à 150 individus. Un peu comme les épaulards, les globicéphales ont tendance à rester auprès de leur mère toute leur vie, formant de petites unités familiales qui peuvent se regrouper selon les moments et les activités. La force des liens sociaux fait partie des hypothèses expliquant les impressionnants échouages. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’espèce est surnommée «baleine pilote», pour la croyance que lorsqu’un individu s’échoue, les autres le suivent. Mais bien d’autres hypothèses existent aussi.

Revenons à l’incident. Pour tenter de sauver le plus d’individus possible, une intense opération s’est mise en branle, réunissant des experts du Projet Jonah, un organisme spécialisé en sauvetage, le département de la Conservation de la Nouvelle-Zélande et 200 bénévoles. Depuis deux jours, ils se relaient pour tenter de ramener les baleines à l’eau et éviter qu’elles ne s’échouent à nouveau. Ils ont même mené un individu bien au large à l’aide d’un ponton flottant tracté par un bateau, dans l’espoir qu’il rappelle ses congénères à lui, loin de la rive. Est-ce que cela fonctionnera? À suivre.

Un premier rorqual à bosse en Guadeloupe

Au large de la Guadeloupe, les chants d’un premier rorqual à bosse mâle ont été enregistrés le 16 février dernier. Chez cette espèce, les chants sont surtout produits par les mâles durant la période de reproduction. Est-ce pour montrer sa dominance vis-à-vis des autres mâles? Pour séduire la femelle? Un peu des deux? On ne le sait pas. Mais ce que l’on sait, c’est que le «chant» est en fait une répétition de sons qui varient et qui s’agencent, formant une «chanson» de 5 à 20 minutes. Les mâles d’un groupe chanteraient tous la même chanson, puis quand un la modifie, les autres le font aussi.

Montez le son pour écouter 421, un mâle connu de l’équipe de recherche d’Ommag Guadeloupe et de Cétacés Caraïbes.

Vous avez vu une baleine, un phoque dans le Saint-Laurent? N’hésitez pas à m’écrire! Votre histoire de baleine nourrira la prochaine chronique.

Observations de la semaine - 25/2/2021

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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