Parmi les premières mentions de bélugas dans le fleuve Saint-Laurent, certaines se trouvent dans les carnets de voyage de Jacques Cartier en 1535. Ce dernier y décrit alors une baleine blanche qu’il surnomme «marsouin blanc». Les bélugas arpentent le fleuve Saint-Laurent depuis bien longtemps. La plus ancienne description de l’aire de répartition totale date de 1944 et s’étendait alors des côtes du golfe du Saint-Laurent, de la baie des Chaleurs au sud et de Natashquan au nord, jusqu’au-delà de la ville de Québec. Le chercheur Pierre Béland écrit dans son œuvre Les bélugas. L’adieu aux baleines que, de mémoire d’homme, on apercevait des bélugas du lac Saint-Pierre et tout au long de la rive nord jusqu’au golfe du Saint-Laurent. On connaît peu la taille de la population à l’époque, mais elle était bien plus nombreuse qu’aujourd’hui.

Bien plus tôt encore, l’origine des bélugas du Saint-Laurent remonte à la fin de la dernière glaciation il y a 10 000 ans. Le glacier Wisconsin qui recouvrait le continent américain, lors de sa fonte, a créé une immense mer qui s’étendait du littoral atlantique jusqu’au Grands Lacs vers l’ouest et jusqu’à l’état de New York vers le sud: la mer de Champlain. On retrouvait alors des bélugas, mais aussi des baleines, des morses, des narvals et d’autres mammifères marins, dans ce qui était pour devenir les basses-terres du Saint-Laurent en amont de Québec et de la vallée de l’Outaouais. Il y a 7000 ans, lorsque la croûte terrestre a repris forme suite au retrait du glacier, les terres ont émergé, le fleuve Saint-Laurent s’est créé et les bélugas y ont élu domicile. Aujourd’hui, il est possible de trouver des fossiles de ces animaux ensevelis sous les sédiments. En 2001, à Saint-Félix-de-Valois, un fossile de 10 700 ans a été retrouvé et récupéré par l’Université du Québec à Montréal. D’ailleurs, en plus des vestiges de bélugas (environ 80% des spécimens découverts), un marsouin commun, un rorqual à bosse, un rorqual commun, une baleine boréale, ainsi que différentes espèces de phoques et des morses y ont été retrouvés. Des études archéologiques ont étudié des anciens territoires de chasse iroquoiens et démontre que ces derniers chassaient le béluga à l’île Verte il y a de ça 1500 à 1000 ans.

Aujourd’hui, la population de bélugas du Saint-Laurent est estimée à environ 900 individus et, au cours de l’été, elle est s’étend de l’île aux Coudres jusqu’à Forestville dans le fleuve, et jusqu’à la baie Sainte-Marguerite dans le fjord du Saguenay. Les bélugas y vivent à longueur d’année bien que leur répartition hivernale soit méconnue.

En savoir plus:

Les baleines en questions - 4/10/2015

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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