Qu’avaient en commun les eaux au large de Percé et celles à proximité de l’île d’Anticosti? Toutes deux ont enregistré la présence de baleines noires de l’Atlantique Nord au cours de la dernière semaine! La variété des mammifères marins était impressionnante dans le Saint-Laurent, avec des observations de petits rorquals en alimentation, de rorquals à bosse en plein breach, de rorquals bleus, de nombreux marsouins et de pinnipèdes toujours bien présents.
Les baleines noires, entre Gaspésie et Côte-Nord
La baleine noire de l’Atlantique Nord est une espèce en voie de disparition, connue pour son triste sort. La population est estimée à moins de 350 individus et est souvent victime d’empêtrement ou de collision avec les bateaux. Son mode d’alimentation en surface et ses déplacements lents la rendent particulièrement vulnérable. Aussi appelée baleine franche ou baleine de Biscaye, deux individus de son espèce ont été vus au large de Percé, à l’est de l’île Bonaventure. Deux baleines circulaient également dans le détroit de Jacques Cartier, situé entre la Côte-Nord et Anticosti. L’équipe de la station de recherche des îles Mingan (MICS) a pu identifier les individus, il s’agirait de Eg3380, alias Lémur, et de EG1307. La carte Baleines-en-vue affiche les détections de baleines noires de l’Atlantique Nord au Canada. Leur présence dans les eaux du golfe arrive d’ailleurs en même temps que la publication de l’édition spéciale de Portrait de Baleines portant sur cette espèce. Il s’agit d’un bulletin hebdomadaire réalisé et produit par le GREMM pendant la saison estivale. Il est destiné aux capitaines et naturalistes qui travaillent aux abords du Saint-Laurent.
Après avoir été chassée pendant des siècles, la baleine noire de l’Atlantique Nord doit maintenant faire face à de nombreux défis : empêtrements dans les engins de pêche, collisions avec les bateaux ou encore changements climatiques. Depuis 2015, une présence accrue des baleines noires de l’Atlantique Nord est remarquée dans le golfe du Saint-Laurent, alors qu’elles fréquentaient autrefois principalement le golfe du Maine, la baie de Fundy et la plateforme néo- écossaise. Une étude publiée dans la revue scientifique Limnology and Oceanography a analysé les observations de cette espèce entre 1990 et 2018 ainsi que l’abondance de leur nourriture. Elle conclut que la quantité de proies disponibles a diminué significativement dans les régions autrefois occupées par les baleines noires. Elles n’ont alors d’autre choix que de se réfugier dans le golfe du Saint-Laurent.
« Un ballet aquatique »
Dans la baie de Gaspé, le bon temps et l’absence de vent ont rendu les conditions d’observations particulièrement favorables. Jean Roy, président de Croisières Baie de Gaspé, nous partage les mammifères marins qu’il a aperçus dans la dernière semaine : « On a vu régulièrement une baleine bleue, quelques rorquals à bosse, des petits rorquals en alimentation de surface, plusieurs marsouins et des phoques gris et commun. » Un événement se démarque un peu des autres cependant : « Il y a eu un double breach de rorqual à bosse. Les deux ont sauté en même temps, pratiquement synchronisés, c’était un vrai ballet aquatique et beau à voir. » Lorsqu’on lui demande s’il y a eu présence de baleines noires dans le secteur, il répond immédiatement : « Aucune baleine noire ici! Et de toute façon, même s’il y en avait eu, on ne serait pas allés les voir. C’est une espèce en voie de disparition et il faut respecter le 400 mètres de distance. »
Des rorquals bleus bien présents
Au large de Les Méchins, le premier rorqual bleu de cette partie du Saint-Laurent a été repéré cette année. Pour René Roy, capitaine collaborateur pour le MICS, cette rencontre était particulièrement significative. « Je n’en avais pas rencontré depuis octobre 2020 dans ce secteur, écrit-il. Elles sont devenues extrêmement rares dans l’estuaire du Saint-Laurent. Furtive et évasive, elle fut très difficile à documenter puisqu’en déplacement rapide vers la sortie et dans le brouillard. » Un autre rorqual bleu a été vu à proximité des îles Mingan.
Dans l’estuaire, le rorqual bleu B236, alias Galinule, présent la semaine dernière, a encore été observé. Un nouvel individu a aussi été identifié par l’équipe de recherche du GREMM : il s’agit de B489, qui est venu visiter l’estuaire en 2012 et 2014.
Une semaine remplie d’observations!
Aux îles Mingan, trois rorquals communs et trois bosses ont été vus, ainsi que des petits rorquals à profusion. Des centaines de marsouins sont également présents. Du côté de Sept-Îles, on dénombre entre deux et trois rorquals à bosse et un rorqual commun. Une résidente a eu l’occasion de capturer des clichés d’un phoque commun en pleine alimentation : « Un beau phoque commun, vendredi dernier, le 21 juillet vers 11h, dans la baie de Sept-Îles, pas loin du Vieux-Quai. Il faisait beaucoup de plongeons, ne demeurait pas longtemps en surface ; il devait chercher à s’alimenter, j’ai eu le temps de prendre une photo de lui avec une proie dans la gueule. »
À Baie-Comeau, une passionnée des mammifères marins relate une sortie sur l’eau tout en couleurs! « Sur le chemin du retour, des souffles se dessinent au loin, tout près du quai de Baie-Comeau. Arrivés plus près, on peut distinguer qu’il y a trois rorquals à bosse dont on a pu voir les plongées et… une immense colonne de souffle vue clairement à une seule reprise. J’ai vraiment l’impression qu’il s’agissait d’un rorqual bleu! Un petit rorqual et des phoques gris ont aussi été vus durant cette sortie. Le soleil qui se couchait nous rappelait de rentrer. » Des marsouins, un phoque du Groenland et plusieurs petits rorquals ont aussi été observés.
Dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, la diversité bat son plein. Le grand nombre de petits rorquals à l’embouchure du Saguenay est même qualifié de « festival de petits rorquals ». Des bélugas et des phoques gris sont aussi observés dans le même secteur. Au Cap de Bon-Désir, deux rorquals à bosse ont offert tout un spectacle le samedi soir du 22 juillet dernier, puisque l’un d’entre eux a fait entre quatre et cinq breachs. Des marsouins communs ont été vus, dont un qui avait une caractéristique particulière : il était presque blanc! Ce n’est pas la première fois que des marsouins blancs sont repérés dans l’estuaire et il s’agirait soit du leucistisme, soit de l’albinisme. Comme quoi cette semaine, on est passé du noir au blanc, mais qu’il y a toujours autant de mammifères marins!
Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations
Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
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