Phoque du Groenland

  • Nom anglais espèce

    Harp Seal, Saddleback Seal, Greenland Seal

  • Nom latin espèce

    Pagophilus groenlandicus ("Qui aime la glace – du Groenland")

  • Autres noms

    Phoque à selle, loup marin de glace

  • Sous-ordre

    Pinnipède

Fiche signalétique

  • Longueur

    1,6 m en moyenne

  • Poids

    130 à 150 kg

  • Comportement social

    Grégaire

  • Longévité

    25 à 40 ans

  • Temps de plongée

    Jusqu’à 16 minutes

  • Observations

    Jusqu’à 400 mètres

  • Distribution mondiale

    Pendant l’hiver dans le Saint-Laurent, arrivée à l’automne et départ au printemps

  • Population mondiale

    Eaux côtières, haute mer, banquise À l’est, au nord de la Russie À l’ouest, dans le golfe du Saint-Laurent et Terre-Neuve

Description

  • Le nouveau-né naît blanc, d’où le nom de Blanchon ; il commence à perdre sa fourrure blanche (lanugo) vers la fin de la période d’allaitement, soit vers le 12ième jour, et la mue se poursuit jusqu’à 3 semaines ; il développe ensuite un pelage blanc-argenté avec des taches noires irrégulières.
  • Deuxième mue vers l’âge de 13-14 mois et les taches noires qui s’ensuivent sont plus grosses ; ce pelage persiste après chaque mue annuelle jusqu’à l’âge adulte.
  • A l’âge adulte (4-5 ans), les mâles développent le motif noir en forme de harpe sur leur dos, d’où le nom anglais de Harp seal ; chez les femelles, le motif peut prendre plusieurs années à se former et parfois n’apparaît jamais chez certaines d’entre elles.
  • Vu de dessus, le motif ressemble à la lettre « V », avec la base commençant en dessous du cou.
  • Face noire chez les adultes.
  • Nez pointu

UICN : LC – préoccupation mineure (Population en croissance)

Un visiteur hivernal

À l’opposé de la majorité des mammifères marins qui visitent le Saint-Laurent pendant l’été, le phoque du Groenland réside dans le golfe et l’estuaire pendant l’hiver. Il utilise la banquise de glace pour la mise bas, la mue et la reproduction. Il se démarque par l’apparence unique des adultes, blancs avec un motif noir sur le dos, et celle des nouveau-nés, parfaitement blancs. Il fait beaucoup parler de lui en raison de la chasse aux « blanchons ».

C’est la seule espèce de phoque à nager sur le dos! Le lien étroit qu’il entretient avec la banquise le rend plutôt vulnérable aux changements climatiques et à la fonte des glaces.

Ce qu'il faut savoir

Les scientifiques reconnaissent trois populations distinctes de phoques du Groenland dans le monde. Ces trois populations diffèrent de par leur morphologie, génétique, distribution et comportement. Par exemple, tous les phoques du Groenland entreprennent d’importantes migrations liées à leur cycle de vie (mue, reproduction, mise bas). Toutefois, le moment précis où ces évènements prennent place peut varier entre ces populations.

Dans le Saint-Laurent

La population de l’Atlantique Nord-Ouest est estimée à 7,4 millions d’individus. Cette population, considérée comme abondante et bien portante, comprend trois troupeaux, lesquels utilisent différents sites de reproduction. Le troupeau du Golfe se reproduit au large des Iles de la Madeleine, dans le golfe du Saint-Laurent. Le troupeau de la région du Front se reproduit au large des côtes du sud du Labrador et du nord de Terre-Neuve. Il y a également un troupeau au nord du golfe du Saint-Laurent, lequel compte le plus petit nombre d’individus.

Migration

Le phoque du Groenland entreprend une importante migration chaque année entre les sites de reproduction, de mise bas, de mue et d’alimentation. La migration s’effectue en groupe de plusieurs individus sur des milliers de kilomètres. En ce qui concerne la population de l’Atlantique Nord-Ouest, les individus passent l’été sur les sites d’alimentation, lesquels se trouvent en haute mer et dans les eaux côtières du Groenland et de l’Arctique canadien. À l’automne, cette espèce recherche une banquise de glace pour la mise bas et la reproduction. Au début du mois de septembre, les mâles et les femelles se dirigent donc vers le sud pour atteindre les eaux du nord de Terre-Neuve et du sud du Labrador ainsi que le golfe du Saint-Laurent. La saison de la mue succède celle de la mise bas et de la reproduction. Ainsi, les individus plus âgés se déplacent vers le nord afin de muer sur la banquise. Une fois cette étape terminée, ils retournent passer l’été sur les sites d’alimentation.

Dans le monde

Les trois populations mondiales de phoques du Groenland ne se reproduiraient pas entre elles et se rassemblent sur des aires de mise bas différentes.

Au nord de la Russie, les individus de la population de la mer de Barents, ou mer Blanche, se reproduisent dans la mer Blanche.

Au sud-est du Groenland, la population de la mer du Groenland se reproduit à l’ile Jan Mayen.

La plus importante des populations est celle qui vit dans les eaux du large de l’ouest du Groenland et de l’est du Canada. C’est la population de l’Atlantique Nord-Ouest.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a assigné le statut « Préoccupation mineure » à la population mondiale du phoque du Groenland.

Dans l’Atlantique Nord-Ouest, la chasse commerciale au phoque du Groenland a grandement contribué au déclin de la population au cours des années 1960, laquelle a atteint son plus faible niveau de 2 millions d’individus en 1970. Par la suite, la population a augmenté continuellement jusqu’à ce qu’elle devienne stable en 1996. Toutefois, elle ne serait pas aussi nombreuse qu’avant la chasse. Pêche et Océans Canada considère cette population comme étant en bonne santé et abondante et l’estime à environ 7,4 millions d’individus.

La chasse de cette espèce est controversée, mais elle continue au Canada, principalement à Terre-Neuve. C’est l’espèce de phoque la plus importante au niveau commercial. Les nouveau-nés sont recherchés pour leur fourrure blanche. De ce fait, la saison de chasse débute durant la saison reproductive et se poursuit par la suite.

Les menaces actuelles de l’espèce sont les empêtrements, la dégradation de l’habitat, les contaminants, les changements climatiques, la surpêche, la chasse, l’exploration pétrolière et les déversements ainsi que les collisions avec les navires. Les changements climatiques sont particulièrement problématiques pour cette espèce, laquelle a besoin de glace pour la mise bas et la survie des blanchons. Contrairement à d’autres espèces de phoques, la mise bas sur la terre ferme est synonyme d’une mort assurée pour le blanchon.

Les phoques du Groenland ont plusieurs prédateurs tels les orques, les requins, les hommes et les ours polaires. Ils peuvent aussi être la cible d’infections parasitaires par de nombreuses espèces de nématodes. Ces vers peuvent causer des infections au cœur, aux poumons et au système digestif. Bien que la majorité des phoques vit avec ces infections parasitaires, celles-ci peuvent être fatales dans certaines circonstances. Les phoques peuvent également tomber malades d’infections virales et bactériennes.

Alimentation

Le phoque du Groenland est un prédateur opportuniste qui cherche ses proies en groupe. Il se nourrit principalement de poissons, mais aussi de d’invertébrés. Des analyses du contenu de leur estomac ont  révélé qu’ils consomment un très large éventail d’espèces. En effet, on a dénombré 70 espèces d’invertébrés et 67 espèces de poissons. Toutefois, ils se nourrissent majoritairement d’un nombre limité d’espèces, soit de mollusques (calmars), de crustacés (crevettes et krills) et de poissons tels la plie, la morue polaire et de l’Atlantique, le chabot, le sébaste, le flétan, le capelan, le hareng et d’autres poissons plats

En surface

Le phoque du Groenland serait la seule espèce de phoque couramment observée à nager sur le dos. Bien que les scientifiques ne connaissent pas la raison de ce comportement, ils ont soulevé plusieurs hypothèses. Les yeux de cette espèce sont placés vers le dessus de sa tête. En nageant dans cette position, ceux-ci se retrouvent complètement sous l’eau. L’animal  pourrait ainsi mieux voir en dessous de lui et repérer des proies, prédateurs ou toute autre source de menace ou de dérangement. Toutefois, scruter les profondeurs ne permet pas au phoque de repérer les prédateurs terrestres, comme l’ours polaire.

En plongée

Le phoque du Groenland passe beaucoup plus de temps dans l’eau, à nager et en plongée, que sur terre. Bien que très agile à la nage, il serait un plongeur modeste, effectuant des plongées moyennes d’une durée de 16 minutes à des profondeurs de 400 mètres. Lorsque comparé aux autres espèces de phoques, la profondeur de ses plongées est de peu à modérément profonde. Les chercheur ont observé que chez certaines populations, le temps de plongée change en fonction du lieu, de la saison et de l’heure de la journée. 

Social

Les phoques du Groenland sont très grégaires. Plusieurs milliers d’individus se rassemblent sur les banquises pour la mise bas, la reproduction et la mue. Ils participent aussi à la chasse en groupes, mais ceux-ci sont moins nombreux. Lorsqu’ils sont sur la banquise, plusieurs animaux utilisent le même trou pour entrer et sortir de l’eau et ainsi le gardent ouvert. Les seuls animaux vivant parfois seuls sont les vieux mâles. Cette espèce passe la majeure partie de son temps dans l’eau. Elle adopte un comportement de nage unique, soit sur le dos. Sur la glace, ces phoques peuvent être observés couchés sur le côté ou sur le ventre.

Vocal

Les scientifiques ont répertorié 17 sons différents produits par le phoque du Groenland lorsqu’il est sous l’eau. Ils ont également observé des aboiements quand il est hors de l’eau.

Maturité sexuelle 

Chez le phoque du Groenland, les mâles et les femelles deviennent matures sexuellement vers l’âge de 4 ou 5 ans.

Accouplement et gestation

Suite au sevrage, la femelle va s’accoupler, parfois avec plusieurs mâles. L’accouplement prend normalement place dans l’eau mais il peut aussi se produire sur la banquise. Les mâles se disputent leur droit d’accouplement dans des combats impliquant leurs nageoires avant et leurs dents. Si l’ovule de la femelle est fécondé, son implantation dans l’utérus, et ainsi la poursuite de la grossesse, peut être retardé d’environ 4 mois. De ce fait, le chiot peut naître 11.8 mois après sa conception, mais après seulement 7 mois de gestation. La femelle profitera également de cette période pour s’alimenter avant d’entamer la mue sur des banquises plus au nord, événement qui aura lieu de 4 à 5 semaines après la mise bas.

Mise bas 

Les femelles doivent donner naissance et élever leur petit (chiot) sur de la glace stable, ce qui explique leur migration vers la banquise et leur rassemblement par milliers. Chaque année, entre la fin février et la mi-mars, les femelles mettent bas d’un seul chiot. La mère identifie son petit grâce à son odeur. Le bébé phoque pèse entre 10 et 11 kg à la naissance, mesure 80 à 85 cm et n’est pas protégé par une épaisse couche de gras.

Allaitement 

Le chiot gagne environ 2,2 kg par jour en se nourrissant du lait très riche en gras (57%) de sa mère, et ce pendant 12 jours. Le chiot pèse entre 30 et 45 kg au moment du sevrage et il développe une couche de gras d’environ 5 cm d’épaisseur. Toutefois, il perd environ la moitié de son poids entre le moment du sevrage et celui ou il est prêt à nager et se nourrir par lui-même. Le chiot peut ainsi jeûner pendant 4 à 6 semaines.

À propos de la recherche scientifique

Plusieurs projets de recherche sur le phoque du Groenland sont en cours à Pêches et Océans Canada. Ces projets visent à élargir nos connaissances sur l’utilisation de l’habitat, l’écologie, les comportements de plongée, la dynamique des populations, les déplacements saisonniers et voies migratoires ainsi que le régime et comportement alimentaire de l’espèce. Ces études visent également à déterminer l’état de la population, le rôle du phoque dans l’écosystème, l’impact de la chasse de subsistance et commerciale, les conséquences des activités d’origine anthropiques sur l’espèce et l’écosystème. Les chercheurs étudient également les effets des changements climatiques et des facteurs océanographiques en effectuant un suivi des populations, de la reproduction, de l’état corporel, la location des sites de mise bas et la survie des chiots.