Espèce en voie de disparition, la baleine noire de l’Atlantique Nord intrigue autant qu’elle inquiète les scientifiques. C’est pourquoi plusieurs chercheurs ont tenté de mieux comprendre ce qui influence sa survie et ont étudié quelques-uns de ses comportements particuliers. Voici donc 5 nouvelles découvertes faites sur la baleine noire de l’Atlantique Nord dans les derniers mois!

1. La taille des baleines noires influencerait leur fécondité

Entre 1981 et 2019, il a été observé que la taille des baleines noires de l’Atlantique Nord aurait diminué en raison des empêtrements dans les engins de pêche fréquemment subis par ces baleines et qui entrainent des dépenses énergétiques supplémentaires. D’après une étude récente, cette diminution de la taille du corps aurait un impact sur la fécondité : les femelles de petite taille produiraient moins de veaux au cours d’une année reproductive potentielle que celles de grande taille.

Pour arriver à ces résultats, 41 femelles baleines noires ont été suivies et mesurées par photogrammétrie aérienne entre 2000 et 2019. Les chercheurs ont constaté, grâce aux données obtenues, que l’intervalle entre les naissances était plus grand chez les femelles de petite taille que chez les femelles de grande taille. Effectivement, même si ces femelles sont en bonne santé, elles sont tout de même limitées par leur taille au niveau des réserves énergétiques qu’elles peuvent avoir. Cela demande donc une période de récupération plus grande entre chaque naissance et entraine du même coup un plus petit nombre de veaux par femelle au cours d’une vie.

À long terme, cela pourrait avoir des conséquences majeures sur la survie de l’espèce, car un moins grand nombre de veaux par femelle implique que le nombre d’individus total diminuera lui aussi éventuellement. À suivre… !

2. Les vocalisations des baleines noires varieraient selon l’âge et le sexe

Les baleines noires de l’Atlantique Nord communiquent entre elles en produisant des vocalisations, et il a récemment été prouvé que ces sons varient selon certaines caractéristiques de l’individu, comme le sexe et l’âge.

Les chercheurs ont effectivement constaté que dans les aires de mise bas, les mères et les veaux communiquaient entre eux avec des sons très courts et de basse amplitude, peut-être pour ne pas être détectés par les autres baleines et les prédateurs potentiels. Certains ont aussi remarqué que les veaux de 7 à 9 mois émettaient des sons plus courts et dans des plus hautes fréquences que les adultes, un peu comme le ferait un enfant qui gazouille.

Les mâles et les femelles émettraient quant à eux des vocalisations différentes en contexte de groupe. Les mâles feraient des sons ressemblant à des coups de feu et les femelles produiraient à l’occasion des sons complexes s’apparentant à des cris. Les baleines noires seraient également capables de produire des sons de basse fréquence afin d’être entendues dans des milieux avec beaucoup de sons ambiants, comme le bruit des navires.

En revanche, bien que certains sons soient attribuables aux mâles et d’autres aux femelles et aux jeunes, les baleines noires pourraient, indépendamment de leur sexe et de leur âge, faire certains sons, comme les appels de contact entre individus.

3. Ce n’est pas parce qu’une femelle n’est plus avec son veau que celui-ci est nécessairement mort

Les chercheurs avaient souvent tendance à s’inquiéter lorsqu’ils apercevaient une baleine noire sans son veau dans la première année suivant la naissance. En effet, on croyait souvent qu’une mère vue seule impliquait que le jeune était nécessairement mort. Cependant, une récente étude semble montrer le contraire.

Les veaux restent normalement avec leur mère entre 10 et 12 mois, mais il pourrait arriver qu’ils s’en séparent plus tôt dans leur développement. Ce comportement, qui pourrait expliquer pourquoi les femelles sont parfois vues seules, a été observé à quelques reprises par des chercheurs.

De plus, comme les observations de baleines noires sont majoritairement faites par la voie des airs, il peut arriver que l’on ne voie pas bien la mère ou le veau, en train de s’alimenter en profondeur pendant que l’autre est en surface, et qu’on suppose que l’individu est seul.

Comme la majorité du temps le veau est identifié grâce à la mère qui l’accompagne, il est aussi possible que l’on n’arrive pas à bien reconnaitre certains individus quand ils sont revus seuls quelques années plus tard. Effectivement, il est difficile de faire de la photo-identification avec les jeunes baleines noires, car les callosités blanches sur leur tête ne sont pas encore développées en bas âge.

Des efforts devraient donc être mis dans la photo-identification des jeunes baleines noires, croient les chercheurs responsables de cette étude, car il est arrivé à quelques reprises qu’un veau considéré mort soit revu quelques années plus tard, bien en vie!

4. Quel est l’impact du bruit sous-marin sur la baleine noire?

Parmi les facteurs pouvant stresser la baleine noire de l’Atlantique Nord et nuire à sa survie se trouve la pollution sonore. Ailleurs dans le monde, des actions ont déjà été posées pour limiter ses impacts, mais au Canada, ce stresseur est encore incompris. C’est pourquoi des chercheurs se sont penchés sur le dossier et en sont venus à cibler quelques paramètres permettant de mieux identifier les types de bruits nuisant à la baleine noire.

Parmi ces bruits nuisibles se retrouvent notamment les canons à air sismiques, les sonars militaires actifs et le transport commercial, qui font partie des types les plus à surveiller. Pour chacun des bruits, les chercheurs ont indiqué si un impact potentiel était connu et ont énoncé quelles étaient les conséquences observées chez la baleine noire : changements au niveau de la plongée et de la respiration, changements dans les vocalisations, impacts physiologiques, etc.

Par cette étude, les chercheurs ont voulu mettre en lumière les différents bruits nuisant à la baleine noire et ont présenté aux décideurs politiques, par la même occasion, des outils pour mieux mesurer ces différents stresseurs.

5. Les changements climatiques et la baleine noire : déjà des conséquences observées

Les changements climatiques affectent déjà certains animaux marins, dont la baleine noire de l’Atlantique Nord, qui a été observée dans des secteurs qu’elle fréquentait à l’époque de la chasse à la baleine.

Des chercheurs ont effectivement remarqué une diminution du nombre d’individus et du nombre de veaux dans le golfe du Maine, une des régions de la planète qui se réchauffe le plus rapidement. La baleine noire aurait toutefois été vue dans une autre région, soit le sud de la Nouvelle-Angleterre. À cet endroit, une plus grande abondance de baleines noires a été observée de 2013 à 2019, contrairement à ce qui était normalement recensé. Les baleines noires de l’Atlantique Nord y sont maintenant observées toute l’année.

Les baleines noires font cependant face à de nouvelles menaces dans cette nouvelle aire de répartition, comme le trafic maritime et la pollution sonore. C’est pourquoi les changements d’habitat de cette espèce doivent être surveillés par les scientifiques dans les prochaines années pour mieux pouvoir la protéger.

Actualité - 29/9/2022

Odélie Brouillette

Odélie Brouillette s’est jointe à l’équipe du GREMM comme rédactrice et naturaliste en 2022 et elle est de retour depuis l'hiver 2023 comme chargée de projet en vulgarisation scientifique. Biologiste de formation, elle aime apprendre et communiquer aux autres ce qui lui tient à cœur. Fascinée depuis toujours par les milieux marins et les baleines, elle souhaite, par la sensibilisation et la vulgarisation, contribuer à leur protection.

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