Le jeudi 10 mars, Pêches et Océans Canada a annoncé les mesures de protection qui seront mises en place cette année pour protéger les baleines noires de l’Atlantique Nord en eaux canadiennes. Comme l’année dernière, plusieurs règlements, tels que l’imposition de limites de vitesse pour les navires ou bien la fermeture de certaines zones de pêche saisonnières, sont au menu. Baleines en direct vous invite à un petit tour d’horizon des mesures prévues pour 2022.

Des géantes aux pieds d’argile

On estime qu’il ne reste présentement que moins de 360 baleines noires de l’Atlantique Nord dans le monde. Depuis 2017, cette espèce vit ce que l’on appelle un «événement extraordinaire de mortalité» : on a dénombré, en cinq ans, 34 carcasses. En d’autres mots, le nombre élevé de carcasses retrouvées chaque année et le faible taux de natalité au sein de la population menacent sérieusement la survie de l’espèce. Ces baleines sont donc présentement très vulnérables et une attention particulière leur est accordée.

Les principaux dangers qui menacent les baleines noires de l’Atlantique Nord sont les collisions avec les navires ainsi que les empêtrements dans les engins de pêche. C’est pourquoi les autorités gouvernementales, telles que Transports Canada et Pêches et Océans Canada, se mobilisent pour limiter les incidents liés à ces enjeux. Cette mobilisation semble porter ses fruits : depuis 2020, dans les eaux canadiennes, aucun décès de baleine noire n’a été rapporté, et un deux empêtrements ont été signalés.

Mieux cohabiter avec les pêcheurs

Cette année, comme l’an dernier, plusieurs des mesures de protection concerneront l’industrie de la pêche. Lors de la détection, visuelle ou acoustique, de baleines noires dans le golfe du Saint‑Laurent ou dans la baie de Fundy, des fermetures auront lieu localement dans les zones de pêche saisonnières et temporaires. Concrètement, une fois qu’une baleine sera repérée, une zone d’environ 2000 km2 sera fermée à la pêche aux engins fixes non surveillés autour du point de détection, y compris la pêche au homard et au crabe, pendant 15 jours. Cette fermeture sera prolongée si la baleine est toujours présente pendant les jours 9 à 15 suivant le premier signalement. Ces mesures ne seront cependant pas applicables pour les eaux dont la profondeur est inférieure à 20 brasses, puisque les baleines noires ne s’y aventurent habituellement pas.

De plus, Pêches et Océans Canada poursuivra encore une fois cette année des opérations de repêchage visant à remédier au problème d’engins fantômes dans le golfe du Saint‑Laurent. L’organisme fédéral a de surcroit annoncé vouloir aider les pêcheurs à faire la transition vers des engins de pêche sécuritaires pour les baleines d’ici 2023.

Ralentir pour éviter les collisions

Encore une fois, cette saison, les navires d’une longueur supérieure à 13 mètres seront soumis à une limitation de vitesse fixe maximale de 10 nœuds, du 20 avril jusqu’au 15 novembre 2022, dans une large zone dite « statique », signifiant que les limites de vitesse devront y être respectées en tout temps. Les navires de plus petite taille seront également invités à respecter cette limite de vitesse de manière volontaire.

Les zones dynamiques de transport maritime seront aussi remises en place cette année. Dans ces zones, les limites de vitesse ne seront applicables que lorsqu’une baleine noire y est détectée. Elles se situeront à nouveau au nord et au sud de l’île d’Anticosti et, comme pour les zones statiques, les navires y circulant devront respecter une vitesse maximale de 10 nœud. Comme l’année dernière, il y aura une exemption de limite de vitesse dans les eaux d’une profondeur de moins de 20 brasses pour tous les bateaux de pêche commerciale.

Le détroit de Cabot demeurera une zone volontaire de réduction de vitesse. Cependant, tel que révélé par un rapport publié par l’organisme Oceana, la plupart des navires empruntant ce détroit n’ont pas respecté ces restrictions volontaires de vitesse l’année dernière, on peut donc se poser la question de la pertinence de cette dernière mesure

Tout contrevenant aux limites de vitesse obligatoires pourrait se voir imposer des amendes qui peuvent atteindre, selon la gravité de l’infraction, un maximum de 250 000 $. En 2021, seules quatre contraventions de cette nature ont été remises, pour un total de 136 000$.

Surveillance dans la mer et dans les airs

Afin de mettre en place les mesures de fermeture et de limitation de vitesse dynamiques, une large palette de surveillance sera mise en place pendant toute la saison. En mer, pour une troisième année consécutive, l’usage de planeurs sous-marins et d’hydrophones permettra de détecter, en temps quasi réel, la présence de baleines noires de l’Atlantique Nord dans le golfe du Saint-Laurent. Les détections seront ensuite affichées, après validation d’une équipe d’experts, sur le portail des détections des bouées Viking de l’Observatoire global du Saint-Laurent et sur WhaleMap.

Des navires de la Garde côtière et des aéronefs auront quant à eux la tâche de surveiller visuellement la surface et de rapporter leurs observations visuelles de baleines noires dans les eaux du Canada atlantique et le golfe du Saint-Laurent.

Le sort de ces fragiles géantes vous préoccupe? Pendant toute l’année 2022, suivez l’actualité au sujet des baleines noires de l’Atlantique Nord grâce à notre dossier spécial sur le sujet.

Actualité - 28/3/2022

Elisabeth Guillet Beaulieu

Elisabeth Guillet-Beaulieu a rejoint le GREMM en tant que rédactrice scientifique au début de l'automne 2021. Depuis toujours, elle est animée par un amour inépuisable de la biologie marine et des milieux aquatiques, amour qui se manifeste aujourd'hui dans la poursuite d'une carrière scientifique. Détentrice d'un baccalauréat en sciences biologiques, cette enthousiaste de l'environnement et de la conservation des milieux naturels a rejoint l'équipe de Baleines en direct dans l'espoir de partager sa passion contagieuse des mammifères marins tout en achevant sa maîtrise en environnement et développement durable.

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