Durant la soirée du 9 novembre, une symphonie de souffles résonne devant Cap-aux-Os, en Gaspésie. «Nous avons profité du concert pendant au moins 30 minutes», se réjouit une riveraine. Dans la pénombre, impossible de distinguer les animaux, de deviner l’espèce ou le nombre d’individus. Enrobée de la chaleur inattendue, la riveraine ne peut que se laisser porter par les respirations des baleines nageant non loin de la berge, dans la baie de Gaspé. «C’était d’une puissance… wow!»
Plus tôt cette journée-là, un rorqual à bosse a sauté juste devant sa maison tandis que d’autres s’alimentaient dans la baie. Était-ce leur respiration qui résonnait dans le silence du soir? C’est possible. De l’autre côté de la péninsule, du côté de Cap-des-Rosiers, une résidente admire petits rorquals et marsouins communs par dizaines. «L’eau est tellement calme ce matin qu’on peut les voir jusqu’à trois milles nautiques au large!» En après-midi, trois rorquals communs chassent en surface à environ 1,5 mille nautique de la côte.
Plus au large, dans le détroit d’Honguedo qui sépare la Gaspésie et l’ile d’Anticosti, des relevés aériens recensent la présence de rorquals bleus et de rorquals communs le 8 novembre. De l’autre côté d’Anticosti, dans le détroit de Jacques-Cartier, les recenseurs notent depuis l’avion deux baleines noires, un rorqual à bosse et trois rorquals communs. Il est fort possible que plus d’animaux nagent dans le secteur et aient été en train de plonger au moment du survol. Les plongées des baleines compliquent les inventaires aériens. Voilà pourquoi il faut prendre en compte le temps de plongée des espèces, les secteurs non couverts par le passage de l’avion, etc., si l’on veut obtenir un portrait le plus réel possible de la situation.
Très au large de Sept-Îles, deux rorquals bleus nagent en paire le 7 novembre. Un autre rorqual bleu se promène dans le secteur, mais il semble plutôt accompagné par un rorqual commun. Ces deux espèces ont la capacité de se reproduire ensemble. Une recherche récente a noté que l’hybridation se fait majoritairement d’un mâle rorqual commun à une femelle rorqual bleu. Verrons-nous l’été prochain un petit hybride dans le Saint-Laurent?
Dans la baie de Sept-Îles, nagent petits rorquals, marsouins communs et phoques communs. Il reste donc encore une bonne variété d’espèces dans le golfe du Saint-Laurent!
À Franquelin et Godbout, le 11 novembre, petits rorquals et marsouins s’approchent de la côte. La mer lisse permet de les admirer.
Et dans l'estuaire
Côté estuaire, les observations se raréfient. Quelques bélugas et petits rorquals sont observés à partir des rives de Tadoussac aux Escoumins, un rorqual commun passe au large des Dunes. Le 5 novembre, des méduses à crinière de lion (Cyanea capillata)s’échouent sur la plage à Tadoussac. Cette espèce vit dans les 20 premiers mètres d’eau sous la surface. Il est donc possible que de forts vents et de grandes vagues les aient poussées hors de l’eau. Impressionnantes, les méduses à crinière de lion peuvent avoir une ombrelle (la partie supérieure et gélatineuse) allant jusqu’à 2 mètres de diamètre. Les tentacules, eux, peuvent faire plusieurs mètres de long. La teinte des méduses à crinière de lion se module avec l’âge, un peu comme celle des bélugas.
La vie, dans le Saint-Laurent, montre ses couleurs!