Il n’y a pas que le rorqual à bosse nageant à Montréal qui saute! Le 1erjuin, un observateur profite du spectacle de l’alimentation de quatre petits rorquals devant le quai de Baie-Comeau. Leurs mouvements dynamiques éclaboussent la surface, l’un d’entre eux sort même son corps presque entièrement de l’eau. C’est ce qu’on appelle un «breach». «C’est fou l’eau qu’ils déplacent pour le format qu’ils ont! Ce sont des bêtes puissantes!», s’exclame l’observateur. À titre comparatif, un petit rorqual adulte mesure entre 6 et 9 mètres alors que le rorqual à bosse de Montréal, un juvénile, mesure, lui, environ 9,5 mètres.

Pourquoi sauter hors de l’eau lorsqu’on est une baleine? Voilà une bien bonne question, pour laquelle il n’existe pas une seule réponse. Les sauts peuvent être utilisés dans des techniques de chasse, entre autres pour effrayer des proies ou pour les assommer. Un «breach» peut également servir à communiquer avec des individus éloignés, car un corps pesant plusieurs tonnes claquant la surface émet un bruit très puissant. Il est aussi possible qu’un bon saut serve à déloger des parasites ou à apaiser des démangeaisons. Autre possibilité: sauter peut être un jeu.

Pique-nique à la plage

Les observateurs et observatrices s’étonnent aussi de voir des baleines venir frôler les côtes ces jours-ci, comme à Matamek sur la Côte-Nord. Dans plusieurs secteurs, le capelan– un petit poisson bien gras  particulièrement prisé par plusieurs espèces – « roule » en ce moment. Lorsqu’on dit que le capelan roule, c’est que ce petit poisson vient pondreà la lisière des plages. Les mâles atteignent le rivage en premier et attendent les femelles pour entamer la reproduction. Ils pressent les côtés des femelles pour extraire les œufs. Grâce à de grands mouvements de la queue, les poissons déposent les œufs fécondés dans le sable ou le gravier.

Les oeufs sont ainsi à l’abri des mouvements des marées et de la prédation jusqu’à leur éclosion, environ une quinzaine de jours plus tard. Les baleines, suivant ce festin frétillant qui s’approche des côtes, offrent alors une proximité inégalée pour les humains qui viennent pêcher ou tout simplement admirer ce spectacle de la nature.

Est-ce que c’était pour engouffrer du capelan que le rorqual à bosse de Montréal s’est approché autant de la côte à Saint-Irénée, dans Charlevoix, le 24 mai dernier, soit deux jours avant son observation à Québec? C’est possible! Dans ce secteur, les bélugas profitent aussi de l’abondance de poissons.

Grands souffles

Malgré la présence de proies près des rives, les baleines restent parfois trop au large pour être identifiées. C’est le cas le 29 mai dernier, devant la pointe du Bout-du-Monde dans le parc national Forillon en Gaspésie. «Il y avait, loin au large, un groupe de plusieurs dizaines d’individus! C’était très loin dans l’humidité de l’horizon mais on voyait clairement beaucoup de souffles en même temps», témoigne une observatrice. Le 3 juin, à partir de sa maison à Cap-Desrosiers, la même observatrice recense trois rorquals à bosse, un rorqual bleu et un petit rorqual en seulement quelques minutes. Ça grouille en Gaspésie!

Du côté de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, les observations aussi sont satisfaisantes pour qui sait regarder au bon moment. Le 2 juin, Jacques Gélineau photographie le rorqual bleu B451, son septième depuis le début de la saison d’observation. Il voit aussi deux rorquals communs et trois petits rorquals.

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Observations de la semaine - 4/6/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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