Be-LOU-ga

Béluga

ligne décoration

Adopté par Red Rock Films

  • Numéro d’identification

    DL0248

  • Sexe

    Mâle

  • Naissance

    Avant 1979

  • Connu depuis

    1991

Ses traits distinctifs

Pour identifier Be-LOU-ga, il faut regarder les particularités de sa crête dorsale, dont une large entaille au milieu. Côté droit, il y a aussi un petit point dans le milieu de la crête et une dépression en bas derrière celui-ci.

Son histoire

La première fois que Be-LOU-ga est photographié, en 1991, il est déjà d’un blanc immaculé. Le changement de couleur chez les bélugas, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 à 16 ans. Be-LOU-ga est donc né avant 1979.

Sa taille forte et ses fréquentations nous laissent croire que Be-LOU-ga est un mâle. Le doute est levé en 2003 avec les résultats de l’analyse génétique d’une biopsie prélevée sur son dos.

Be-LOU-ga est observé dans des troupeaux d’adultes composés majoritairement de mâles. Il appartient à un des deux réseaux de mâles qui sillonnent le fjord du Saguenay. Un autre réseau de mâles, les «Downstream boys» utilise aussi le secteur de la tête du chenal Laurentien et la portion aval de l’estuaire. Même si leurs territoires se chevauchent, les individus d’un réseau côtoient très peu les mâles des autres réseaux.

À l’intérieur de ces réseaux, les mâles ont tendance à former des bandes de compagnons stables. Ces associations s’établissent progressivement et jouent possiblement un rôle dans la vie reproductive des bélugas. Les fidèles compagnons de Be-LOU-ga sont Jeststream, DL0370 et DL0373, d’autres mâles qui sillonnent le fjord du Saguenay.

La suite de l’histoire de Be-LOU-ga nous apprendra énormément sur l’évolution de la vie sociale des bélugas. C’est en comprenant comment vivent les bélugas que nous serons en mesure de mieux les protéger.

Observé régulièrement avec

Historique des observations dans l’estuaire

1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020

Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé

Dernières nouvelles

Photographier les bélugas de Pointe-Noire est un défi! C’est ici que les travaux de photo-identification des bélugas du Saint-Laurent ont débuté dans les années 1970. De la plate-forme d’observation, on peut regarder l’horizon et apercevoir les bélugas qui arrivent de loin. Le problème, c’est que ces petits dos blancs ne s’approchent pas toujours assez près pour qu’on puisse les prendre en photo. Ce matin-là, même si l’assistant de recherche a dénombré jusqu’à 80 bélugas, très peu de groupes se sont approchés assez près pour que son objectif prenne une photo suffisamment claire pour l’identifier. Heureusement, Be-LOU-ga est reconnaissable à l’encoche de sa crête dorsale. Avec son groupe, il se dirige vers le Saguenay. Le cœur de l’assistant de recherche s’emballe : les deux traversiers passent à l’endroit où les bélugas nagent, mais les animaux plongent au dernier moment. Quelques secondes plus tard, ils ressortent tous indemnes plus haut dans le fjord. Un bateau pneumatique s’approche à présent. Les bélugas vivent dans un environnement très fréquenté!

À bord du BpJAM, le pneumatique de recherche du GREMM, nous partons de Tadoussac à la recherche des bélugas pour les photographier. Nous descendons le Saint-Laurent vers Les Escoumins. Durant notre route, nous scrutons les alentours à la recherche des dos blancs. C’est finalement à 11h05 que nous repérons enfin un premier troupeau comptant de soixante à quatre-vingts individus. Le troupeau se divise en groupes d’une dizaine d’individus. Il n’y a pratiquement que des bélugas tout blancs, donc des adultes. Nos photos nous permettent d’identifier parmi tout ce beau monde Be-LOU-ga, Nikamun, DL0014 et DL0240, tous des mâles. Be-LOU-ga et Nikamun sont souvent observés au fil des ans ensemble. Les bélugas mâles tendent à former des associations durables. Peut-être que ces relations aident les mâles lors de la reproduction. La suite de nos recherches nous permettra peut-être de trouver la réponse.

L’hiver dernier, nos assistants de recherche ont entrepris l’analyse méticuleuse de quelque 13 000 photos collectées tout au long de l’été 2018. Grâce à cet exercice, nous avons pu conclure que nous avons aperçu Be-LOU-ga au moins une fois. Voici la description de cette rencontre.

Une légère houle berce le BpJAM au large de Trois-Pistoles. Nous photographions les bélugas et les filmons avec un drone afin d’étudier leur comportement. Un troupeau d’une quinzaine d’individus nage à proximité. Il est divisé en paires adultes-juvéniles, chaque duo se trouvant à quelques mètres l’un de l’autre. Les individus s’approchent, se mettent en couple et repartent chacun de leur côté, rendant difficile le recensement des animaux. Un autre troupeau d’une quinzaine de bélugas arrive, nous comptons 10 adultes et 4 gris qui nagent en formation serrée. Parmi les adultes, nous reconnaissons les mâles Nikamun, DL0370, Mirapakon, Be-LOU-ga et Jetstream. La dynamique change, les bélugas deviennent plus actifs et se mélangent. Nous apprenons patiemment à mieux comprendre DL0248, ses habitudes et ses fréquentations.

Nous profitons des belles conditions météo pour aller visiter le secteur aval où l’on rencontre régulièrement des troupeaux de mâles. Nous croisons la route de DL0248 au large de l’ile aux Basques. Il se trouve dans un troupeau d’une soixantaine de bélugas, en majorité des adultes mâles et quelques individus gris. Le troupeau est divisé en une dizaine de groupes d’environ six à quinze bélugas. Nous y reconnaissons également les mâles JP, DL0269 et DL0370.

Les animaux sont dispersés et très actifs. Certains bélugas sortent la tête en surface, comme pour nous espionner, d’autres crachent de l’eau. Ils nagent de façon dynamique et directionnelle et tout à coup s’arrêtent, plongent et remontent plusieurs fois au même endroit. Ils s’alimentent probablement. La rencontre avec Be-LOU-ga est également très riche sur le plan sonore. Nous entendons toutes sortes de vocalises, des grincements de porte, des sifflements et bien d’autres. Le béluga porte bien son surnom de canari des mers!

Nous nous trouvons sur la rive nord dans l’estuaire moyen entre Baie-Saint-Paul et Tadoussac. Nous observons un groupe d’une trentaine d’individus, comprenant des adultes et des jeunes, dont un nouveau-né. Cependant, nous sommes un peu gênés par la brume et il est difficile de bien dénombrer le troupeau. On remarque Be-LOU-ga en compagnie d’un autre mâle, Nikamun. Ils nagent près de deux femelles connues, Céline et Annakpok. L’ensemble du troupeau est très actif : les bélugas nagent de façon synchronisée et tout à coup ils arrêtent, plongent et remontent plusieurs fois au même endroit. On ne peut le confirmer, mais c’est probablement des séances d’alimentation. Les conditions de travail sont difficiles : la force du vent et l’augmentation des vagues compliquent la tâche. Nous arrivons néanmoins à prélever deux biopsies sur deux individus.

 

DL0248 se trouve dans un troupeau composé d’une trentaine de bélugas, essentiellement des jeunes gris, à l’embouchure du Saguenay. Nous les suivons de derrière, «à la queue» du troupeau. Il est difficile d’avancer, nous sommes en plein cœur d’une puissante barre de courant où il y a des vagues désordonnées et au-dessus de nous, volent plusieurs mouettes de Bonaparte.

L’embouchure du Saguenay est une zone de rencontre! Les réseaux de mâles bélugas y croisent les réseaux de femelles avec les jeunes. De grands troupeaux s’y forment, de façon éphémère, en raison du nombre élevé de nourriture. C’est aussi le lieu de rencontre entre les eaux salées de l’estuaire maritime et les eaux saumâtres du Saguenay. La topographie, les courants, les marées et les caractéristiques des masses d’eau qui se rencontrent créent des conditions océanographiques très particulières qui piègent les proies attirant les mammifères marins et les oiseaux.

Le parrain

Red Rock Films a adopté Be-LOU-ga (2019).