À partir du mois de novembre, les appels se font plus rares du côté d’Urgences Mammifères Marins. Tant mieux pour les baleines, et pour l’équipe ! Cette accalmie d’appel permet à chacun de reprendre un peu son souffle après une année encore une fois très mouvementée. C’est le bon moment pour faire le point sur l’année écoulée, et commencer à planifier la saison prochaine.

703 appels pour 258 cas

Comme chaque année, Urgences mammifères marins (UMM) a reçu beaucoup d’appels. On a dénombré 703 signalements, dont la majorité ont été reçus au cours de l’été. Heureusement, le nombre d’appels ne correspond au nombre d’animaux morts ou en difficulté :  l’équipe a réellement comptabilisé 258 cas. 79% de ces cas concernaient des carcasses, et seulement 21 % des animaux vivants. Chaque cas est unique et nous tient à cœur, mais voici quelques cas qui ont particulièrement retenu notre attention cette année.

Il est important de noter que la majorité des interventions ont été effectuées avec l’aide de nos précieux bénévoles. Grâce à leur répartition sur le territoire et leur disponibilité, les bénévoles du Réseau Québécois d’Urgence pour les Mammifères Marins (RQUMM) peuvent se rendre rapidement sur place pour obtenir de l’information sur la situation. Les premières observations des bénévoles aident grandement les équipes mobiles à mettre en place un plan de réponse en collaboration avec nos partenaires. Nous les remercions grandement pour leur engagement.

Des phoques communs sur les rives

La saison des naissances chez les phoques communs, qui se déroule entre mai et juin, est toujours un moment très occupé pour UMM. À cette période, nous recevons beaucoup de signalements de riverains préoccupés qu’un nouveau-né se retrouve seul sur la rive. Il s’agit pourtant d’une situation normale. En effet, pour aller s’alimenter, une mère phoque peut quitter son petit plusieurs heures.

En 2021, nos bénévoles et nos équipes mobiles ont dû intervenir sur plus de 20 cas de phoques communs. Leur mission a été de rassurer et sensibiliser le public à la présence des phoques, servir de vigie pour que les phoques ne soient pas harcelés et installer des affiches pédagogiques. Ces panneaux mentionnent par exemple qu’il est important de garder ses distances (au moins 50 mètres) lorsqu’on observe un phoque.

Un effort particulier pour les carcasses de bélugas

Depuis le début de l’année 2021, 18 carcasses de bélugas ont été retrouvées, dont une en dehors de l’aire de distribution habituelle, soit à l’Île-du -Prince-Édouard.

Étant donné le statut préoccupant de la population, le RQUMM se mobilise particulièrement sur ces carcasses. Notre rôle : sécuriser au plus vite la carcasse afin qu’elle puisse être récupérée pour une nécropsie ou tout au moins échantillonnée sur place et ainsi alimenter le programme de pathologie des bélugas du Saint-Laurent. Mis en œuvre depuis 30 ans, ce programme vise à mieux comprendre les causes de mortalité des bélugas.

Cette année, dans la majorité des cas, nous avons fait appel à des bénévoles pour documenter la situation, prendre des photos et attacher la carcasse, donnant le temps à nos équipes d’élaborer un plan d’intervention. Ces interventions, effectuées par nos bénévoles en collaboration avec nos équipes et celles de nos partenaires, nous ont permis d’acheminer 6 carcasses de bélugas à la Faculté de médecine vétérinaire de l’université de Montréal afin de réaliser une nécropsie complète. Onze autres carcasses ont dû être échantillonnées sur place, car leur niveau de décomposition était trop avancé.

Les analyses sont en cours, et les résultats seront disponibles au cours du printemps.

Bélugas en balade

Des bélugas errants nous ont aussi beaucoup occupés cet été… ils étaient partout ! Au cours du printemps 2021, une dizaine de cas de bélugas ont été signalés hors de leur habitat estival habituel. La Marine Animal Response Society (MARS), l’homologue du RQUMM pour la région des maritimes, a également reçu plusieurs appels pour des bélugas vagabonds à l’Île-du -Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.

Côté Québec, nos bénévoles, nos équipes et nos partenaires ont passé plusieurs heures en actions de sensibilisation pour deux bélugas qui vagabondaient à Matane et à Bonaventure. Dans ce type de cas, nous misons en effet beaucoup sur la sensibilisation, en informant la population locale de la présence des bélugas et de l’importance de rester à bonne distance. Ces bélugas solitaires viennent parfois chercher l’interaction et il n’est pas toujours facile pour les plaisanciers de garder leurs distances. Il est cependant important de résister à la tentation et d’éviter au maximum d’interagir ou s’approcher.

Une carcasse de rorqual commun difficile d'accès

L’équipe du RQUMM est intervenue sur plusieurs cas de carcasses de cétacés cet été. Certains ont posé leur lot de défis et ont nécessité une grande collaboration entre nos équipes et nos partenaires. C’est le cas de cette carcasse de rorqual commun découverte le 19 juin, au début de la saison estivale par un employé du Parc national Forillon en Gaspésie. L’immense carcasse s’est échouée au pied des falaises, dans un endroit particulièrement difficile d’accès. Après discussion avec le gestionnaire du parc et malgré la complexité technique de l’opération, notre équipe mobile a pu se rendre sur place et échantillonner la carcasse. Les efforts déployés sont à la mesure de l’enjeu : le rorqual commun est une espèce au statut préoccupant, il est donc particulièrement ciblé par les efforts de documentation et d’échantillonnage.

Deux baleines à bec en difficulté

Le 30 septembre, UMM a reçu un appel insolite : un signalement pour deux baleines à bec communes échouées vivantes à Listuguj, en Gaspésie. Il s’agit d’une espèce en voie de disparition, il a donc été décidé d’envoyer une équipe mobile sur place. Malheureusement, la situation évolue au fil de la marée : l’une des baleines n’est pas retrouvée, et l’individu qui est découvert sur place n’a pas survécu.

Une nécropsie complète est effectuée sur la carcasse en collaboration avec la MARS, le Réseau canadien pour la santé de la faune et Pêches et Océans Canada. Celle-ci n’a dévoilé aucune information sur la santé de l’animal, il faudra donc attendre les résultats des analyses plus pointues réalisées sur les échantillons pour en savoir davantage. À la suite de la nécropsie, la carcasse de la baleine a été récupérée par le GREMM dans le but de conserver et d’exposer son squelette au Centre d’Interprétation des Mammifères Marins à des fins d’éducation et de sensibilisation.

Qu’est devenue la deuxième baleine à bec échouée vivante ? La carcasse d’une baleine à bec a été retrouvée presque deux mois plus tard sur les rives du Nouveau-Brunswick, non loin du premier site d’échouage. Nos collègues de la MARS qui sont intervenus sur ce signalement suggèrent qu’il s’agit de la baleine impliquée dans l’échouage du 30 septembre.

Ouvrez l’œil, même en hiver !

Malgré la saison froide qui pointe le bout de son nez, il est encore possible de trouver des carcasses de phoques ou de cétacés lors d’une marche près du fleuve. L’hiver est aussi une période pendant laquelle les phoques fréquentent la terre ferme, ou la banquise, pour se reposer, se reproduire et éventuellement, donner naissance. Si vous voyez un phoque hors de l’eau, observez-le à distance et n’ayez crainte : il s’agit d’une situation normale et d’un phénomène naturel. L’animal partage sa vie entre la mer et la terre, et il prendra le large au moment opportun pour lui. Néanmoins une intervention peut être nécessaire si le phoque est blessé, malade, ou encore victime de harcèlement de la part de promeneurs parfois bien intentionnés.

Dans tous les cas, le 1-877-722-5346 reste le numéro à composer en tout temps si vous rencontrez un mammifère marin (phoque ou baleine) en difficulté ou mort.

Urgences Mammifères Marins - 3/12/2021

Mélissa Tremblay

Mélissa Tremblay travaille au GREMM depuis 2012. Elle a commencé comme naturaliste au Centre d’interprétation des mammifères marins, et son intérêt pour la science l’a menée à devenir assistante de recherche pour le GREMM et répondante au Centre d’appels d’Urgences Mammifères Marins. Depuis mai 2018, elle est responsable du Centre d’appels.

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