Une étude décrit en détail les routes migratoires de ces baleines vers différentes destinations nordiques où elles s’alimentent. Elle révèle aussi que, dans le Sud, elles franchissent largement les limites des sanctuaires qui les protègent.

Les scientifiques qui ont mené cette étude ont publié leurs résultats, Local and migratory movements of humpback whales (Megaptera novaeangliae) satellite-tracked in the North Atlantic Ocean, dans la Revue canadienne de zoologie au mois d’octobre 2013.

Des balises émettrices satellitaires ont été posées sur le dos de 28 rorquals à bosse (Megaptera novaeangliae) dans la mer des Caraïbes. Elles ont permis de connaître les routes empruntées par ces baleines pendant leur migration vers leurs aires d’alimentation des hautes latitudes: ces routes se dirigent vers le golfe du Maine (États-Unis), le Canada, l’Islande et la Norvège. Il est à noter que les rorquals ayant atteint les eaux de la Norvège ont couvert une distance trois fois plus grande que ceux qui ont rejoint leurs présumées aires d’alimentation du golfe du Maine.

Dix-sept balises ont été posées à une cinquantaine de milles marins au nord-est de la République dominicaine et onze près de la côte sud-est de la Guadeloupe, dans les sanctuaires du banc d’Argent (Silver and Navidad Banks Sanctuaries) et Agoa. Ce déploiement a été réalisé pendant les mois de janvier, avril et mai des années 2008 à 2012. Les auteurs de l’étude considèrent que les rorquals à bosse commencent à entamer leur migration quand ils quittent la falaise du plateau sous-marin qui entoure ces régions, se dirigent vers le nord et des eaux profondes sans effectuer des mouvements de retour vers les eaux de faible profondeur du plateau.

Deux migrations complètes tracées

Déplacements de 22 rorquals à bosse (baleine A à baleine V). Les lignes en pointillé indiquent la distance parcourue par la baleine entre le moment où elle a été « marquée » et la première transmission de sa balise satellitaire.

L’étude confirme que les eaux chaudes longeant la chaîne des îles des Antilles représentent un habitat hivernal important pour les rorquals à bosse de l’Atlantique Nord. Ces rorquals, qui se répartissent en été dans les eaux froides et riches en nourriture du nord de l’Atlantique, convergent vers cette région pour se reproduire. Le tracé des routes des rorquals H et T, de Silver Bank au plateau néo-écossais, constitue la première migration complète documentée de rorquals à bosse de l’Atlantique Nord.

Les balises ont été programmées pour transmettre leurs données six heures par jour et six heures par nuit. Tous les animaux ont été photo-identifiés au moment du marquage et après, dans la mesure où c’était possible. Sur ces 28 balises, 6 n’ont jamais fonctionné et 22 ont transmis les positions des baleines pendant une moyenne de 26 jours, le suivi minimal étant de 4 jours et le maximal de 90 jours. Elles ont enregistré des distances de 119 km à 6 960 km. Une vitesse moyenne de 1,7 km/h a été enregistrée dans les aires de reproduction alors que celle de la migration s’élève à environ 4,3 km/h. La vitesse de nage des femelles accompagnées d’un baleineau a été légèrement inférieure à celle des femelles solitaires.

Autres déplacements

Des rorquals sont restés plusieurs jours à l’endroit où ils avaient été marqués avant d’entreprendre leur migration vers le nord. Certains ont visité des habitats le long du littoral nord-ouest de la République dominicaine, du nord d’Haïti et des îles Turques et Caïques, ainsi qu’au large d’Anguilla. Dans ces eaux de reproduction, les rorquals à bosse de l’étude ont passé en moyenne 18 % de leur temps en dehors des sanctuaires Silver, Navidad et Mouchoir Banks, avant leur migration. Pour couvrir tous les mouvements non migratoires des rorquals dans la région du banc d’Argent, la zone de sanctuaire devrait augmenter sa surface de trois fois. Les auteurs de l’étude recommandent que les nations engagées dans la création de ces sanctuaires prennent des mesures de protection supplémentaires pour couvrir toute la répartition de ces populations, dont certaines sont en péril.

Un individu s’est rendu près des Bermudes durant sa migration. L’étude ne révèle par véritablement de tracés de routes sinueux ou erratiques durant la migration des rorquals, qui suggèreraient que les animaux sont en « mode chasse » ou ARS (pour area-restricted search en anglais). Seulement six points géolocalisés dans l’est de l’Atlantique, générés par trois rorquals, entrent dans la catégorie des ARS. Selon les scientifiques ayant mené cette étude, il n’y aurait pas de zones de concentration de nourriture sur le côté occidental de la dorsale médio-atlantique, la dorsale que des rorquals ont longée et même croisée pendant leur route.

Source:

Sur le site de la Revue canadienne de zoologie:
Local and migratory movements of humpback whales (Megaptera novaeangliae) satellite-tracked in the North Atlantic Ocean

* Capture d’image de la publication:

Kennedy, A. S., et al. « Local and migratory movements of humpback whales (Megaptera novaeangliae) satellite-tracked in the North Atlantic Ocean. »Canadian Journal of Zoology 92.12 (2013): 9-18.

Pour toute question, contactez Amy S. Kennedy : [email protected]

Pour en savoir plus:

Sur le site de Baleines en direct:
Le rorqual à bosse
La migration
La migration des rorquals communs et bleus de l’Atlantique Nord: une part du mystère se dévoile (1/2)
La migration des rorquals communs et bleus de l’Atlantique Nord: une part du mystère se dévoile (2/2)

Actualité - 23/1/2014

Christine Gilliet

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